Le rideau est donc tombé sur l’examen du baccalauréat et le moins qu’on puisse c’est que cette année il a été placé sous haute surveillance et jamais dispositif de sécurité aussi imposant n’a été déployé. Au point de faire remarquer à des observateurs l’énormité des mesures prises en matière de sécurité afin de parer à toute tentative de fraude. Certes, les fuites organisées l’année dernière sont encore vivaces dans les esprits et le scandale éventé des sujets qui ont fuité, a constitué une première dans le monde de l’Education. En réalité, cette triche collective marque surtout le degré de déshérence d’une société qui a désappris les valeurs morales les plus élémentaires. Il n’y a qu’à voir comment l’Université jadis temple du savoir et de la confrontation des idées, a elle aussi, été contaminée par la débrouillardise ambiante sur fond de passe-droit et de corruption même puisque les stages à l’étranger sont distribués en fonction du degré de docilité et non du mérite. La recherche est au point mort et l’expression «garderie pour adultes» sied de plus en plus à l’université. C’est donc là l’ultime palier, le réceptacle des lauréats du bac qui y viennent démunis du minimum requis pour poursuivre des cursus supérieurs. Parce que le problème de l’école ne doit surtout pas être ramené à une question de fraude pour faire dire aux responsables du secteur que très peu de cas de triche ont été enregistrés et que c’est là une grande victoire. Grosse méprise : le problème est beaucoup plus profond que la fraude. Il est dans des programmes conçus par de soi-disant pédagogues très éloignés des exigences modernes du savoir, eux qui privilégient l’apprentissage par cœur plutôt que celui qui implique la réflexion. C’est un lieu commun que l’école algérienne est sinistrée selon la formule de ce défunt président. Autant dire qu’elle a besoin d’une profonde réforme.