Dialogue 5 + 5 en Méditerranée: Messahel plaide pour un partenariat économique et appelle au respect de la dignité humaine

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Photo Fatah Guidoum@L'Echo d'Algèrie

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, est revenu, hier, sur les efforts «considérables» déployés par l’Algérie pour «consolider de manière pérenne les conditions d’un développement économique et social», et a appelé à «une approche globale intégrant les dimensions de sécurité liés à la traite humaine», une des sources du phénomène migratoire.

« Notre région fait face au phénomène migratoire, une question fondamentalement humaine», a indiqué le ministre lors de son allocution d’ouverture à l’occasion de la 14e Conférence des ministres Affaires étrangères du Dialogue 5+5, appelant «à lutter contre les causes économiques et sociales et le respect de la dignité humaine en conformité avec les droits humains et les conventions internationales et régionales y afférentes». Selon le ministre, le continent africain connait une migration intra-africaine «beaucoup plus importante» comparativement à la région méditerranéenne. «Les causes profondes trouvent leur explication dans les situations de crise et de conflits», ajoute le ministre. Face à cette situation, «l’Algérie qui servait de zone de transit est devenue une destination de migrants en provenance des pays subsahariens voisins», note le ministre. Il me semble, déclare le ministre, «qu’il est dans l’intérêt de tous de convenir d’une approche commune basée sur le développement d’un partenariat économique et sur la solidarité et le respect de la dignité humaine, pour faire face de manière efficace et durable à ce défi migratoire commun». Le ministre a qualifié le Dialogue 5+5, d’un cadre permettant de forger le consensus autour d’une démarche à adopter face au phénomène migratoire. «La Méditerranée qui a été au cours de sa longue histoire, une zone de fracture devrait pouvoir devenir un espace de coopération et de prospérité partagée et retrouver ainsi sa vocation de creuset civilisationnel, culturel et humain, riche et méditerranéen au destin commun qui favoriserait les échanges et la mobilité entre les deux rives», a-t-il souligné.

Crises et conflits : Messahel appelle à une solution politique

Evoquant la situation en Libye, membre fondateur du Dialogue 5+5, Messahel appelle à une solution politique inclusive, rapide et loin de toute ingérence. Cette situation, dit-il «appelle à un soutien actif et constructif autour d’un seul agenda celui d’une solution politique inclusive et rapide, sous l’égide des Nations unies, loin de toute ingérence et consacrant l’unité, l’intégrité territoriale et la réconciliation nationale». A ce propos, Messahel renouvelle l’appui de l’Algérie à GhassanSalamé, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, dans ses efforts de sortie de crise. Dans ce sens, il a donné l’exemple du Mali où la médiation internationale menée par l’Algérie a porté ses fruits. Cette médiation consacrée dans l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger «devrait être davantage soutenue», a-t-il ajouté. S’agissant de la question palestinienne, le ministre a souligné que la persistance et l’impasse du processus de paix, accentué par la décision américaine relative à la ville d’Al Qods, «constitue un obstacle sérieux à toute perspective durable de stabilité, de sécurité et de paix dans la région». Dans ce sens, il a mis en avant le rôle du Dialogue 5+5 «de réitérer son appui au respect des résolutions des Nations unies et à l’appel pour l’arrêt immédiat des annexions des territoires occupés et des violations des Droits de l’Homme en Palestine occupée ainsi que du blocus imposé à Ghaza».

Le ministre a plaidé pour l’approche par la solution politique en Syrie, et a salué les «acquis du gouvernement irakien dans sa lutte contre le terrorisme marquée par la victoire sur Daech». «Dans ce contre-espace, le terrorisme s’appuie sur le crime organisé transnational lié à la traite humaine, au trafic de drogue et à la collecte de rançons», souligne Messahel. Face à cette «menace commune», le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l’Algérie et certains de ses pays voisins membres du Forum, disposent de mécanismes informels bilatéraux de dialogue et de coopération qui donnent des résultats encourageants.

S’agissant de la thématique de la réunion, Messahel a souligné qu’il s’agit d’une thématique d’actualité au sujet de laquelle nous allons dialoguer et échanger en vue d’une approche consensuelle et pragmatique de coopération dans l’intérêt de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité dans notre voisinage. «Les problématiques relatives au développement économique et social inclusif, à la jeunesse et à l’emploi, à la migration et au développement durable ainsi que celles liées à la sécurité, au terrorisme et à la radicalisation, tout comme les crises et conflits qui secouent notre région sont autant d’enjeux et de défis que nous avons la volonté et la détermination de relever, en travaillant ensemble sur la base de nos expériences nationales et des efforts de la Communauté internationale», a-t-il déclaré.

La 14e conférence ministérielle s’est tenue à Alger, sous la coprésidence algérofrançaise, sur le thème : «Méditerranée occidentale : promouvoir un développement économique et social inclusif, partagé et durable face aux défis communs dans la région». Cette rencontre a regroupé des ministres des Affaires étrangères, des commissaires européens, et des secrétaires généraux des instances maghrébines et méditerranéennes. Dans le cadre du dialogue politique, les ministres ont plaidé en faveur du renforcement du dialogue et de la concertation dans le cadre du Dialogue 5+5 en vue d’une convergence de vues et d’actions sur les questions régionales d’intérêt commun, lit-on dans la déclaration finale de cette rencontre. Sur le plan sécuritaire, il a été convenu de promouvoir une approche et une coopération renforcée de lutte contre le terrorisme, son financement et ses connexions avec le crime organisé transnational. Quant au développement économique et social, les participants se disent accorder une importance particulière à la dimension du développement humain, économique et social et appellent au développement d’un partenariat euroméditerranéen.

D’autre part, les ministres accordent une importance à la jeunesse qui demeure au cœur de la coopération pour le développement, reconnaissent «le lien étroit» entre la migration et le développement et confirment leur volonté de continuer à travailler pour une migration «sûre, régulière et bien gérée». A l’issue de cette réunion, la France a fait part de sa volonté d’organiser une première réunion ministérielle du Dialogue 5+5 consacrée à la finance, la cohésion et l’aménagement des territoires. L’Algérie a pris l’initiative d’accueillir la 1e rencontre des Conseils économiques et sociaux des Etats membres du dialogue 5+5 en tant que plateforme d’échange et de coopération sur le développement économique et social inclusif et partagé dans la région dans le cadre de la mise en œuvre de l’agenda 2030.