Crise politique: Le dialogue, un choix stratégique de l’Etat

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Forum national à Alger pour promouvoir le dialogue. Ph :Fateh Guidoum / PPAgency

 

Face aux options qui s’offrent en cette situation de crise que traverse le pays, notamment la proposition de la constituante et d’une période de transition, les pouvoirs publics ont opté pour une démarche plus sûre, plus rationnelle, à savoir l’organisation d’une élection présidentielle libre et incontestable devant constituer l’amorce d’un processus de rénovation institutionnelle et politique. 

L’option de la présidentielle permettra d’élire un Président jouissant de toute la légitimité et de la confiance des citoyens et qui pourra engager le pays dans des réformes institutionnelles, économiques et sociales. Quant aux modalités d’organisation de cette élection présidentielle, elles doivent reposer sur l’élaboration du consensus le plus large possible et c’est dans ce cadre que s’inscrivent les précédents appels du chef de l’Etat au dialogue et à la concertation. Le dialogue national inclusif, auquel a appelé le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, devra nécessairement se concentrer sur l’objectif stratégique que constitue l’organisation de l’élection présidentielle et doit se dérouler dans le cadre de la Constitution qui impose la préservation de l’Etat, le respect des institutions et la prévalence de l’intérêt supérieur de la Nation. La présidence de la République a assuré, à ce propos, que les participants à ce dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatifs, réglementaires et organisationnels de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision.

L’Autorité électorale indépendante  aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes ses étapes

 Dans cette optique, deux points seront au centre des discussions, à savoir  l’Autorité électorale indépendante qui aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes ses étapes. Il s’agira de débattre et d’arrêter la configuration de cette Autorité et de fixer ses missions et attributions, son monde d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris, éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger, sachant que le chef de l’Etat avait indiqué que cet organe « pourrait prendre en charge, les prérogatives de l’Administration publique, en matière électorale et donc aura compétence sur toute le territoire national et disposera forcément de démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à l’étranger et disposera d’un budget propre de fonctionnement ainsi que d’autres crédits qui pourraient lui être alloués par l’Etat ». Le deuxième point sur lequel portera le dialogue, c’est le cadre juridique, car la mise en place de cet organe nécessitera l’adoption d’une loi spécifique, ainsi que l’adaptation, en conséquence, du dispositif législatif et réglementaire, notamment la loi électorale, qu’il conviendra de réviser pour y introduire toutes les garanties de régularité, d’impartialité et de transparence du scrutin.

Confier la conduite du dialogue au panel qui dispose de l’autorité morale et de la crédibilité nécessaires, à savoir des personnalités indépendantes, sans affiliation partisane, sans ambition électorale

 

 Concernant la conduite de ce dialogue, le chef de l’Etat a choisi de déléguer cette mission à un Panel de personnalités et ce pour plusieurs raisons, précisant qu’en premier lieu, il est apparu approprié de confier la conduite du dialogue au panel qui dispose de l’autorité morale et de la crédibilité nécessaires, à savoir des personnalités indépendantes, sans affiliation partisane, sans ambition électorale et qui émergent du fait de leur autorité morale et de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle. Ce choix constitue un gage de bonne foi et un geste d’apaisement de nature à tempérer les tensions politiques et constitue une garantie pour une participation large au dialogue politique et pour remédier à la crise de confiance, selon la Présidence pour qui l’attention doit être focalisée sur « l’essentiel et l’important », afin de s’entendre sur des mesures réalistes et pragmatiques qui font avancer le pays, pour sortir de l’incantation du départ de ce que certains appellent les symboles du pouvoirs, revendication au demeurant ambigüe dans sa signification et sa portée et qui présente des risques évidents de déstabiliser inutilement le fonctionnement normal de l’Etat et de ses institutions. 

Le dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible et le panel de personnalités pourra inviter toute partie qu’il estime nécessaire pour la conduite de sa mission

Le panel de personnalités pourrait également proposer toutes les mesures qui concourent à apaiser les tensions et à rétablir la confiance autour du processus électoral et l’espoir est grand que ce dialogue puisse aboutir à un accord politique qui constituera la feuille de route de la prochaine élection présidentielle et aura toute la liberté pour arrêter l’ordre du jour et enrichir son contenu, a-t-on assuré. Le dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible et le panel de personnalités pourra inviter toute partie qu’il estime nécessaire pour la conduite de sa mission, notamment les partis politiques, les organisations socioprofessionnelles, les personnalités nationales, les représentants de la société civile, y compris ceux du mouvement populaire. De ce fait, la Présidence rassure que l’Etat, y compris l’institution militaire, ne sera pas impliqué dans ce processus et que le panel aura le choix d’organiser le dialogue comme il l’entend, selon les formes qui lui paraissent les plus adaptées: dialogue préparatoire avec les forces politiques et citoyennes pour recueillir leurs suggestions, contacts bilatéraux et/ou rencontre multilatérale de concertation, comme aboutissement des consultations préliminaires et qui déboucherait sur l’adoption d’une feuille de route consensuelle. Le chef de l’Etat avait indiqué que les recommandations et les textes issus du processus de dialogue seront pris en compte. De même qu’il fera en sorte que toutes les conditions matérielles et logistiques soient réunies pour favoriser un climat de calme et de sérénité. L’autre fondement sur lequel repose la démarche des pouvoirs publics est le rétablissement de la confiance des citoyens en leur Etat et ses institutions. 

Le chef de l’Etat avait indiqué que les recommandations et les textes issus du processus de dialogue seront pris en compte

Dans ce cadre, la conduite du processus de dialogue et de concertation sera confiée à un panel de personnalités nationales dont le parcours honorable et la crédibilité peuvent être un gage de succès du dialogue politique. Tout le monde étant conscient qu’il y a une crise de confiance, l’intérêt national oblige le chef de l’Etat à poursuivre sa mission et sa mission l’amène à rechercher des solutions acceptables et c’est la raison pour laquelle il est apparu approprié de confier la conduite du dialogue à un panel de personnalités qui disposent de l’autorité morale et de la crédibilité nécessaires. Ces personnalités seront indépendantes, sans affiliation partisane, sans ambition électorale et qui émergent du fait de leur autorité morale et de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle. Le chef de l’Etat souhaite que l’attention soit focalisée sur l’essentiel et l’important, afin de s’entendre sur des mesures réalistes et pragmatiques qui font avancer le pays. Il a, dans chacun de ses discours, salué la maturité politique et le civisme du peuple et maintes fois souligné que l’aspiration légitime au changement a été pleinement entendue et qu’elle se trouve désormais au cœur des préoccupations de l’Etat. Concernant la date du prochain scrutin présidentiel, les pouvoirs publics considèrent qu’il est souhaitable qu’elle soit la plus rapprochée possible, en raison des conséquences néfastes d’une prolongation de la situation actuelle sur le fonctionnement des institutions, sur l’économie et sur l’état des relations internationales. La prochaine élection présidentielle revêt un caractère déterminant pour l’avenir de notre pays et constitue l’amorce d’un processus de rénovation institutionnelle et politique, attendu par tous, et qui sera engagé par le président de la République élu.

T. Benslimane