Ammar Belhimer publie un ouvrage sur le terrorisme dans le monde et l’expérience algérienne

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Le professeur de droit Ammar Belhimer a publié, hier, un nouvel ouvrage intitulé : «Les voies de la paix : Rahma, concorde et réconciliation dans le monde» qui recense les diffé- rentes facettes du terrorisme qui secoue le monde et analyse finement le traitement réservé à ce fléau en Algérie.

Dans ce livre, édité par l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), le Pr Belhimer analyse également d’autres situations survenues ailleurs dans le monde et dégage, en conclusion, des pistes prospectives. L’inventaire du traitement réservé au fléau du terrorisme tient, selon l’auteur, à deux grands chapitres relatifs à un «traitement soft» les lendemains de dictatures et la déradicalisation que vient compléter un inventaire des thérapies de choc (Asie centrale et Singapour, connus pour leur arsenal législatif impitoyable»). Dans le même chapitre, il rappelle «à ceux qui l’ont oublié ou feignent de le faire» que le terrorisme qui enflamme le monde est, pour une large part «un retour de flamme» pour «un Occident qui a longtemps joué avec le feu», en instrumentalisant, notamment les religions dans sa lutte contre l’Union soviétique (Afghanistan). «Qu’elles succèdent à des périodes de dictatures ou qu’elles résultent de conflits internes, d’ordre ethnique ou théocratique», les politiques de réconciliation, explique l’auteur à la presse, «visent partout à asseoir un dialogue entre protagonistes pour panser les blessures, réparer les dégâts matériels, physiques et psychologiques, avant de retrouver le chemin du développement, de la démocratie et des libertés».

A l’expérience, note le Pr Belhimer, ces politiques «révèlent une diversité de voies susceptibles de concilier les parties ou forces en présence et de les conduire à bon port, celui d’une paix retrouvée». C’est un tout autre chapitre qui introduit la voie algérienne de dialogue, de concorde et de réconciliation, analyse l’auteur, enseignant à la faculté de droit de l’université d’Alger 1, un de ses auteurs les plus prolixes, en moyenne un essai par an, en dehors de ses publications académiques. Le modèle algérien déroge sensiblement au «kit usité» de «vérité et réconciliation», élaboré par «les organisations internationales des Droits de l’Homme, principalement socio-démocrates, en empruntant une voie référendaire pour une solution négociée et consensuelle sur la base d’un texte juridique singulier et inédit : la Charte pour la paix et la réconciliation». Prenant à partie les stéréotypes «tenaces» et les «déductions hâtives» hérités de l’école psychiatrique d’Alger, l’auteur voit au contraire une société reposant sur une «matrice de paix», recourant constamment à la voie pacifique de l’échange, du dialogue et du compromis pour trouver une issue à ses divergences, en dépit des pressions externes qu’une large ouverture (géopolitique sur le monde) ne peut empêcher. La lutte antiterroriste en Algérie a emprunté «une voie légale, inaugurée par le traitement initial de la loi sur le terrorisme et la subversion», avec pour base «la clémence contre la repentance», institutionnellement accompagnée d’un dispositif légal en matière de Droits de l’Homme. On retrouvera «la même notion de clémence sous l’empire de la loi sur la concorde civile», note-t-on encore dans cet ouvrage.

La voie algérienne de traitement de la question terroriste «trouve son aboutissement dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». L’auteur lui accorde à cette charte un large volet en revenant sur fondements et ses concepts pour y voir un texte juridique «singulier et inédit» par son mode opératoire, «avec au final un bilan positif». Dans la 3e et dernière partie, le Pr Belhimer tort le coup au procès fait à l’Islam dans l’alimentation de la violence qui enflamme le monde en y voyant, plutôt, «la face cachée d’une mondialisation qui refuse d’admettre que les modernités puissent être multiples». L’ouvrage de 303 pages, qui inaugure par ailleurs l’année éditorial de l’ANEP, est complété par une liste complète des textes juridiques ayant encadré et organisé cette quête de dialogue et de réconciliation dans notre pays. Le Pr Belhimer conclut, dans sa note de synthèse, par une citation de Bachir Hadj Ali des vers d’une grande actualité : «Dans ce pays intrépide d’hommes bons, vivent des hommes féroces de férocité ancienne».