Afin d’éviter les pratiques du passé, urgence dans la gestion des projets, d’une planification stratégique par la maîtrise de l’information en temps réel

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Le président de la République est en colère titre l’organe officiel APS, le 22 février 2023, dénonçant l’hydre bureaucratique qui touche certains ministères, wilayas et institutions de l’Etat avec beaucoup d’activisme et de promesses de responsables, en contradiction avec la réalité du terrain, bloquant le processus de développement.

1 – Voyez le secteur le commerce, confondant régulation avec le monopole néfaste selon le Président, où le cabinet international dans son Edition 2021/2022 Bloom Consulting, spécialisé en Nation Branding, l’Algérie occupe la 17e place en Afrique et la 109e place mondiale des pays les plus attractifs pour le commerce, ayant perdu 7 places par rapport au précédent classement, avec des pénuries car se targuer d’avoir une balance commerciale excédentaire en étouffant les entreprises pour leur fonctionnement et le citoyen confronté à des pénuries interminables avec des hausses de prix de 100 à 200% pour les produits non subventionnés comme les pièces détachées : c’est comme un ménage qui réduit sa consommation mais,  avec de nombreuses maladies. Allons voir le système financier dans son ensemble (banques, douanes, domaine, fiscalité), et demander la délivrance d’un livret foncier et c’est le calvaire pour le citoyen; aller faire un projet et c’est les interminables négociations pour obtenir le terrain viabilisé et le financement. Certains responsables oublient leurs déclarations passées, la population ayant une mémoire avec comme conséquence l’accélération du divorce Etat/citoyens accentué par l’effritement du système de la communication, alors qu’avec Internet le monde est devenu une maison de verre, où nous assistons à des déclarations contradictoires des mêmes responsables à intervalles réguliers.

2- Plusieurs Conseils de ministres avec des directives précises ont été consacrés à une meilleure maîtrise des dépenses et de suivi des projets. Et ce, afin d’éviter, selon les données du Premier ministère reprises par l’APS fin 2021, tous ces assainissements répétés des entreprises publiques (250 milliards de dollars durant les trente dernières années) et les différentes réévaluations (entre 60/70 milliards de dollars durant les 10 dernières années) qui constituent un gouffre financier, qu’en est-il de l’application de ces directives du Président sur le terrain ? Certains ont affirmé, en 2022, que l’exploitation du fer de Gara Djebilet a commencé alors que les mêmes responsables annoncent en février 2023, que les infrastructures vont seulement être lancées en 2022/2023 et comme rappelé par un communiqué de l’APS, le fer de Gara Djebilet nécessite de réduire pour sa commercialisation la haute teneur en phosphore. Autre communiqué officiel en 2022, le tronçon du gazoduc Nigeria- Europe Algérie est en voie de réalisation et brusquement on nous annonce en ce mois de février 2023, qu’il est toujours à l’étude (source APS) et que pour le projet de zinc/plomb, il ne sera pas opérationnel avant 2026. Où en sont les grands projets structurants qui devaient voir le jour en 2022, du port de Cherchell, de l’exploitation du phosphate de Tebessa : a-t-on signé des contrats fermes avec des partenaires étrangers, une lettre d’intention n’engageant nullement l’investisseur, ou ces projets sont-ils toujours à l’étude ?

3 – Certains dans l’euphorie, épaulés par certains soi-disant experts organiques pour reprendre la formule du philosophe italien Gramsci, ont avancé 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures fin 2023, sans ventiler la structure en valeur et en volume par produits et sans dresser la balance devises, devant soustraire le montant des subventions et des matières premières importées en devises. Or, en 2022, selon les statistiques officielles de la douane, 60/70% proviennent des dérivés d’hydrocarbures qui ont connu une flambée de prix au niveau international, donnant en additionnant les hydrocarbures brutes, semi-brut et les dérivés 98% des entrées en devises du pays. Certains ayant déformé les propos du président de la République qui s’en est tenu à des orientations, ont avancé le doublement des exportations de gaz (100 milliards de mètres cubes gazeux) oubliant qu’en 2022, la consommation intérieure approche les exportations actuelles, vers l’Europe pour 2023, alors que sous réserves de certaines conditions réalisables cela pourrait être entre 2025/2027. Face au processus inflationniste non maîtrisé, ce qui a poussé le président de la République à réagir fermement au dernier conseil des ministres, avec les mêmes pratiques du passé, comment aussi ne pas rappeler vers la fin des années 1980 et après la grande pénurie que connaissait le pays après la crise de 1986, à l’ENTV où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres. Comment ne pas se rappeler également qu’un ministre, vers les années 2002, a déclaré officiellement qu’en Algérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteux et cette image de la télévision algérienne en 2015 où, à une question sur le taux de chômage, un ministre affirmera que les enquêtes donnent moins de 5% au même niveau des pays développés et qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le ministre. Ce à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travailleur.

En conclusion, le manque de planification stratégique, fonction d’un système d’information fiable en temps réel, peut occasionner à l’Etat des pertes qui peuvent se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, tout en favorisant la mauvaise gestion et la corruption. Il s’agit de ne pas confondre le tout-Etat (solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, mais qui suppose un degré de compétences élevé s pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles augurent de profonds bouleversements entre 2023/2025/2030.