FMI: La lutte contre la corruption des pouvoirs publics salutaire pour les  économies

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 La corruption au sein des gouvernements et des  institutions de l’Etat débouche sur une masse de conséquence néfastes pour  les populations des pays qui en sont proies, a mis en relief une étude du  Fonds monétaire internationale (FMI) qui démontre que la combattre peut  être salutaire pour la santé économique de ces pays. 

Dans cette étude, le directeur du département des finances publiques du  FMI et ex ministre des Finances du Portugal, Vitor Gaspar, le directeur  adjoint du département des finances publiques du FMI, Paolo Mauro et le  chef de division adjoint au département des finances publiques du FMI,  Paulo Medas se sont penché sur les conséquences de la corruption sur les  économies et les populations notant qu’aucun pays n’en est à l’abri. L’abus d’une charge publique à des fins personnelles érode la confiance du  public envers l’Etat et les institutions, réduit l’efficacité et l’équité  des politiques publiques, détourne de l’argent du contribuable et mine la  capacité de l’Etat à promouvoir une croissance économique, précise cette  étude publiée sur le site web de l’institution de Bretton Woods. « Dans la nouvelle édition du Moniteur des finances publiques, nous  montrons comment des institutions et des politiques budgétaires comme  l’administration fiscale et les pratiques de passation des marchés publics  peuvent lutter contre la corruption », estiment les auteurs de l’étude

 La corruption favorise la fraude fiscale

 « Nous analysons plus de 180 pays et constatons que les pays les plus  corrompus perçoivent moins d’impôts, car les contribuables paient des  commissions illicites pour s’y soustraire, profitant notamment  d’échappatoires fiscales conçues en échange de pots-de vin. En outre,  lorsque les contribuables pensent que leurs dirigeants sont corrompus, ils  sont plus susceptibles de pratiquer la fraude fiscale », ont souligné les  auteurs. Ils montrent que, globalement, le ratio recettes fiscales/PIB des pays les  moins corrompus est supérieur de 4 points de pourcentage à celui des pays  les plus corrompus ayant le même niveau de développement économique. Quelques pays ont mené des réformes qui ont généré des recettes encore  plus élevées, telle la Géorgie qui a considérablement réduit la corruption  faisant que ses recettes fiscales ont plus que doublé, augmentant de plus  de 13 points de pourcentage du PIB entre 2003 et 2008.  Les réformes entreprises par le Rwanda pour lutter contre la corruption  depuis le milieu des années 1990 ont porté leurs fruits et les recettes  fiscales se sont accrues de plus de 6 points de pourcentage du PIB. Par ailleurs, la corruption empêche la population de tirer pleinement  parti de la richesse provenant des ressources naturelles du pays. Etant  donné que l’exploitation pétrolière ou minière génère des profits  faramineux, elle incite fortement à la corruption.   » Il ressort de notre étude que les pays riches en ressources naturelles,  en moyenne, ont des institutions plus faibles et des niveaux de corruption  plus élevés », notent-ils. « Le Moniteur des finances publiques » montre que les pays où l’impression  de corruption est plus faible présentent des niveaux de gaspillage  nettement inférieurs dans les projets d’investissement public. Selon nos  estimations, les pays émergents les plus corrompus gaspillent au moins deux  fois plus d’argent que les moins corrompus.

La solution passe par une volonté politique

 « La lutte contre la corruption requiert la volonté politique de créer des  institutions budgétaires solides qui promeuvent l’intégrité et la  responsabilité dans l’ensemble du secteur public », est-il noté dans cette  même étude qui selon le FMI dégage des enseignements pour aider les pays à  bâtir des institutions capables de réduire leur vulnérabilité à la  corruption. Ainsi, l’étude prône d’investir dans des niveaux élevés de transparence et  de surveillance externe et indépendante permettant aux cabinets d’audit et  au public en général d’exercer un contrôle efficace.  « Par exemple, la Colombie, le Costa Rica et le Paraguay disposent d’une  plate-forme en ligne sur laquelle les citoyens peuvent suivre l’évolution  physique et financière des projets d’investissement. La Norvège s’est dotée  d’une norme de transparence rigoureuse pour gérer ses ressources  naturelles. Notre analyse montre également qu’une presse libre amplifie les  avantages de la transparence des finances publiques », signifie-t-on.  Au Brésil, les résultats des audits ont influé sur les chances de  réélection de personnalités soupçonnées de détournement des fonds publics,  mais leurs répercussions étaient plus prononcées dans des zones couvertes  par une radio locale. Les chances de réussite sont plus grandes lorsque les pays entreprennent  des réformes qui s’attaquent à la corruption sous tous ses angles. « Pour aider les pays, le FMI a conçu des diagnostics complets sur la  qualité des institutions budgétaires, notamment la gestion de  l’investissement public, l’administration des recettes et la transparence  budgétaire », fait valoir l’étude. Des recrutements et des salaires transparents et fondés sur le mérite  réduisent les occasions de corruption, ajouté la même source qui souligne  que les responsables des agences, des ministères et des entreprises  publiques doivent promouvoir un comportement éthique en montrant clairement  l’exemple à suivre. Au Chili et en Corée par exemple, les systèmes électroniques de passation  des marchés publics sont de puissants outils de lutte contre la corruption  parce qu’ils favorisent la transparence et améliorent la concurrence. De même, il se dresse comme indispensable d’accroître la coopération dans  la lutte contre la corruption, de sorte que les pays peuvent également  conjuguer leurs efforts pour rendre plus difficile la corruption  transfrontalière.  A titre d’exemple, plus de 40 pays criminalisent désormais le versement de  commissions illicites par leurs entreprises en échange de marchés à  l’étranger, en vertu de la convention sur la lutte contre la corruption de  l’OCDE.  Les pays peuvent aussi s’attaquer avec acharnement au blanchiment de  capitaux et réduire les possibilités de dissimulation des revenus de la  corruption dans des centres financiers opaques situés à l’étranger. « La lutte contre la corruption exige de la persévérance sur plusieurs  fronts mais procure des avantages inestimables. Elle commence par une  volonté politique, un renforcement permanent des institutions pour  promouvoir l’intégrité et la responsabilité, ainsi qu’une coopération  mondiale », ont également souligné les auteurs de l’étude.

M.M/ Ag