Designer et créateur de bijoux reconnu pour son travail original, Redha Skander développe son art à partir de ses créations raffinées pour produire des sculpteures grand format en bronze avec le même souci du détail.
L’artiste dévoile à Alger une partie de sa collection «L’histoire du Alif». Rencontré au Palais de la culture à l’occasion de la manifestation «Le printemps des arts», en cours depuis samedi, Redha Skander propose un travail de recherche sur l’histoire de la lettre «Alif», premier caractère de l’alphabet arabe, à travers l’évolution de l’écriture. Dans ces sculptures en bronze poli, l’artiste aborde les lettres de l’alphabet arabe comme des symboles et des éléments esthétiques à part entière, sans s’encombrer de leur fonction alphabétique.
Redha Skander dit travailler sur la verticalité et la «mystique des lettres dans leur fonction de suggestion esthétique» et sur la face cachée de chaque lettre, qu’il juge «plus universelle» que sa fonction alphabétique. Outre les grands formats de lettres en bronze, le sculpteur propose également aux visiteurs un abécédaire massif, aux allures d’épitaphe, retraçant l’histoire de «Alif» sur quarante siècles résumé par ce travail qui reprend, gravés dans le bronze, les graphies de cette lettre en hiéroglyphe, en sumérien, en vénitien, en latin et en grec. Les 3 sculptures exposées existent à l’identique sous forme de bijoux avec les même détails de gravure.
Créateur de bijoux, Redha Skander considère son intérêt pour la sculpture comme une déclinaison de son métier et non comme un choix délibéré : pour lui la «conversion» à la sculpture est juste une «passage de l’infiniment petit à des formats plus grands». Créateur autodidacte, il saute le pas de la sculpture à force de façonner les bijoux et de parfaire sa technique sur de petits formats. Sa fascination pour le travail du bronze et les similitudes dans le processus de création du bijou le poussent à tenter l’aventure de la fonderie. Pour lui, le bronze est un matériau très «paradoxal» avec lequel chaque pièce est une aventure unique.
Réaliser une fonte à 1400 rend la fabrication très «palpitante». Et même si ce travail reste très prenant et exigeant, il représente néanmoins une «expérience intime» que chaque artiste vit avec «beaucoup d’intensité», confie-t-il. Exposant avec d’autres sculpteurs dont Mohamed Massen, un des doyens de la sculpture algérienne, Malek Salah et autre Rachid Mouaffaq qui expose des œuvres en acier en plus d’autres travaux inspirés de l’art de la récup’, Redha Skander estime que cette discipline est «assez bien représentée», en Algérie, bien que plus difficile à asseoir, selon lui.
D’abord créateur de bijoux, Redha Skander a pris part à plusieurs événements dédiés au design et à la mode en Algérie et à l’étranger. L’artiste, revenu en Algérie en 2011 après avoir vécu 30 ans à l’étranger, a déjà organisé l’exposition de bijoux «Or du commun» en 2015 et a pris part au Festival international de l’art contemporain d’Alger et aux Journées du design italien organisées récemment à Alger.