Les journaux y ont consacré de maigres entrefilets ou tout au plus un article sommaire. Pourtant, il s’agit bel et bien d’un événement majeur : la sensible baisse des prix des fruits et légumes pendant ce mois de Ramadhan, est pour ainsi dire tellement rare qu’elle équivaut à une éclipse lunaire.
C’est dire qu’il faut en parler et plutôt deux fois qu’une. Surtout que lorsque les prix augmentent, c’est carrément la curée et presque tous les confrères en font leurs grosses manchettes dénonçant quotidiennement «la flambée des prix». Dans certains journaux nous avons même droit à la liste des prix au détail de chaque légume et fruit. Mais quand la patate qui a fait les gorges chaudes en frôlant la barre des 100 DA le kilo, c’était vite devenu un sujet national et le thème favori des rédactions. Aujourd’hui, en plein Ramadhan, période propice à la flambée, elle est cédée à 25 DA et il ne nous semble pas avoir lu quelque part cette excellente nouvelle pour les ménagères. Les autres légumes très demandés durant le jeûne, telles les tomates, l’oignon et les courgettes ont eux aussi connu une baisse sensible. Tout comme les bouquets de persil et de coriandre qui ont gagné en épaisseur. Les fruits dont c’est la saison sont disponibles à profusion et on peut acheter d’excellentes pêches à 150 DA, de la pastèque à 60 DA ainsi que les abricots et les nèfles, au prix abordable hormis les cerises qui restent inaccessibles à 600 dinars. Mais alors pourquoi cette baisse importante? Est-ce la fin des spéculateurs? La fameuse «rahma» qui a enfin atteint le cœur des grossistes et détaillants? De toutes les façons, la rahma a ses souks, une bonne centaine, disséminés à travers le territoire national, et où les prix sont encore plus bas. Et comme pour conforter cette sérénité, même le climat s’est mis de la partie et une vague de fraîcheur s’est abattue sur tout le pays, rendant le jeûne plus supportable. Le seul point noir dans ce tableau idyllique, c’est le prix de la viande à 1400 Da le kilo d’agneau. Tant pis pour la chorba.