Russie-Ukraine: Kiev et Moscou s’accordent sur des «couloirs humanitaires» pour les civils

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TOPSHOT - Members of delegations from Ukraine and Russia, including Russian presidential aide Vladimir Medinsky (2L), Ukrainian presidential aide Mykhailo Podolyak (2R), Volodymyr Zelensky's "Servant of the People" lawmaker Davyd Arakhamia (3R), hold talks in Belarus' Gomel region on February 28, 2022, following the Russian invasion of Ukraine. (Photo by Sergei KHOLODILIN / BELTA / AFP) / Belarus OUT

L’Ukraine et la Russie ont convenu, jeudi, à l’issue d’une deuxième session de pourparlers, d’organiser des «couloirs humanitaires» pour l’évacuation des civils des zones de combats, ont annoncé les deux parties.

«La deuxième session de négociations est terminée. Malheureusement, il n’y a pas encore les résultats escomptés pour l’Ukraine. Il n’y a qu’une solution pour organiser des couloirs humanitaires», a écrit sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne et membre de la délégation de son pays. «La seule chose que je peux dire est que nous avons discuté en détail des aspects humanitaires parce que beaucoup de villes sont actuellement encerclées» par les forces russes, a-t-il ajouté. Il s’est inquiété d’une «situation dramatique avec la nourriture, les médicaments, les possibilités d’évacuation». Selon une déclaration ensuite lue par M. Podoliak, Moscou et Kiev vont mettre en place des «couloirs humanitaires pour l’évacuation de la population civile, ainsi que pour l’acheminement de médicaments et de vivres vers les zones où les combats sont les plus violents». Cela inclut «la possibilité d’un cessez-le-feu temporaire pendant la période d’évacuation, dans les secteurs où elle a lieu». Le chef de la délégation russe, Vladimir Medinski, a quant à lui indiqué que les pourparlers avaient porté sur les questions humanitaire, militaire et de «règlement politique futur du conflit». Selon lui, il y a une «compréhension mutuelle» sur «certains points». «La question principale qui a été résolue, aujourd’hui, est celle du sauvetage des civils qui se sont retrouvés dans la zone des affrontements», a-t-il ajouté, confirmant le projet de «couloirs humanitaires». «Je crois que c’est un progrès important», a-t-il dit. «Dans un avenir très proche, les parties prendront toutes les mesures nécessaires pour que les gens puissent sortir en toute sécurité de ces zones, il n’y a rien de plus important», a abondé un autre membre de la délégation russe, le député Léonid Sloutski. Les négociations se tenaient dans la région bélarusse de Brest, à Belovejskaïa Poucha, une localité proche de la frontière avec la Pologne. Une première rencontre s’était terminée, lundi, sans avancées concrètes.

Nouveaux pourparlers russo-ukraniens sur fond d’appels à la cessation des combats Les pourparlers entre Moscou et Kiev ont repris, jeudi, à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, au huitième jour de l’opération militaire russe en Ukraine, sur fond d’appels à la cessation des combats. Un premier round de pourparlers a eu lieu, lundi, à la frontière ukraino-bélarusse, dans la région de Gomel. Les négociateurs des deux parties s’étaient retirés pour «consultations» dans leur capitales respectives. Les pourparlers de jeudi se déroulent alors que l’armée russe a affirmé la veille avoir pris le contrôle de la ville portuaire ukrainienne de Kherson, située dans le sud du pays. L’armée russe a également pris le contrôle d’un autre port clé de l’Ukraine, celui de Berdiansk. Les forces russes ont en outre débarqué à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, dans la nuit de mardi à mercredi. Des combats ont été signalés dans cette ville de 1,4 million d’habitants proche de la frontière avec la Russie et qui a déjà été ciblée, mardi, par plusieurs bombardements. Dans ce contexte, une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan a été convoquée en «présentiel», vendredi, au siège de l’Alliance à Bruxelles pour permettre aux ministres d’échanger sur la situation en Ukraine et le renforcement des défenses de l’Alliance en Europe de l’est. L’Otan a adopté, jeudi dernier, ses plans de défense et a activé pour la première fois sa force de réaction rapide dont des éléments vont rejoindre les milliers de militaires de l’Alliance déployés dans les pays de l’Est.

Guterres appelle à la cessation «immédiate» des combats Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé la Russie et l’Ukraine (à l’issue du vote par l’Assemblée générale de l’ONU, mercredi de la résolution sur l’Ukraine) à mettre «immédiatement» fin aux combats et à privilégier la voie du dialogue et de la diplomatie. M. Guterres s’est, en outre, dit «profondément préoccupé» par les conséquences potentielles de ce conflit sur la paix et la sécurité régionales et internationales, alors que le monde tente toujours de se remettre de la pandémie de Covid-19. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé que les dirigeants occidentaux pensaient à une guerre nucléaire dans leur conflit avec la Russie. «Tout le monde sait qu’une troisième guerre mondiale ne peut être que nucléaire, mais j’attire votre attention sur le fait que c’est dans l’esprit des politiques occidentaux, pas dans celui des Russes», a-t-il dit. La Haute-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a, elle, mis en garde la communauté internationale contre la menace nucléaire qui pèse sur «l’ensemble de l’humanité».

Moscou prête à organiser des couloirs humanitaires Selon le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, un million de réfugiés ont fui l’Ukraine à destination des pays voisins depuis le début du conflit. Dans ce contexte, la partie russe a indiqué qu’elle était «disposée à organiser des couloirs humanitaires pour que les civils ukrainiens puissent quitter la zone de son opération spéciale», selon le chef du Centre national de gestion de la défense, Mikhaïl Mizintsev. «La partie russe a créé toutes les conditions nécessaires pour l’évacuation en toute sécurité. Nous sommes prêts à mettre en place des couloirs humanitaires à tout moment et sur toutes les directions», a assuré l’officier. Il a d’ailleurs invité le ministère des Affaires étrangères à intensifier son travail «sur toutes les plateformes internationales» pour «exercer une influence» sur les autorités de Kiev à cet égard. Selon lui, les forces russes ont déjà évacué plus de 142 500 personnes de la zone de combats, dont près de 40 000 enfants et environ 600 ressortissants étrangers résidant à Kiev, Marioupol et Kharkov. Le 24 février à l’aube, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a éclaté dans un contexte de tensions croissantes avec les Occidentaux. La Russie, qui estime faire face à une menace «sérieuse» et «très grande» en Ukraine, réclame la fin de la politique d’expansion de l’Otan et le retrait des forces américaines stationnées en Europe de l’Est, des demandes rejetées par les Occidentaux.

La guerre en Ukraine «durera probablement longtemps», selon le président allemand Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a estimé, jeudi, qu’il fallait se préparer à une «longue guerre» en Ukraine où l’opération militaire russe est entrée dans sa deuxième semaine. S’exprimant en Lituanie, où il a rendu visite aux forces allemandes déployées dans ce pays balte membre de l’Otan, M. Steinmeier a souligné qu’il «ne voyait pas de signes» indiquant que cette «guerre se terminera bientôt». «Elle durera probablement longtemps et nous serons patients», a déclaré le président allemand à la presse à la base militaire de Rukla (centre) aux côtés de son homologue lituanien. L’Allemagne dirige le groupe de combat multinational de l’Otan stationné en Lituanie et a récemment augmenté ses effectifs.