Des participants à une rencontre sur le manuscrit et les archives ont souligné dimanche à Alger, l’importance de numériser ces fonds documentaires afin de les préserver face aux risques de dégradation.
Intervenant lors d’une rencontre intitulée « Le manuscrit, entre importance scientifique et numérisation », organisée par le Palais de la culture Moufdi-Zakaria, les différents intervenants ont mis en avant la nécessité d’aller vers la numérisation pour assurer une large diffusion de ces manuscrits. Dans sa communication, le directeur du Centre de recherche en sciences et civilisation islamiques de Laghouat, Ahmed Benseghir, a relevé que l’Algérie dispose d’un « réservoir riche » en manuscrits d’importance culturelle et historique. En plus des « khizanates » (réserves de manuscrits) localisées notamment dans le sud, à Adrar, « les bibliothèques, zaouïa et les mosquées sont dépositaires d’importants manuscrits, selon ce chercheur qui appelle à la numérisation des manuscrits pour mieux les sauvegarder ». Il rappelle, à ce titre, que le centre a découvert, dernièrement, une lettre manuscrite adressée par un déporté algérien en Nouvelle-Calédonie, un des héros de la résistance populaire menée par Cheikh El-Haddad et Cheikh El-Mokrani, au calife de l’époque, le sultan ottoman Abdulhamid II, sur les souffrances endurées par les prisonniers algériens lors de leur déportation forcée par les autorités coloniales françaises. Pour ce chercheur, « la préservation des manuscrits consiste d’abord à les numériser, puis à les mettre à la disposition des chercheurs et étudiants ». Pour sa part, l’universitaire M’barek Hachani, a évoqué dans son exposé les volets technique, règlementaire et juridique de la numérisation, rappelant à ce propos l’importance de préserver les manuscrits et les documents « authentiques » pour les mettre au service de la recherche scientifique. Pour cet enseignant en bibliothéconomie à l’université d’Alger, la Constitution de 2020, consacre « le droit à la protection des données à caractère personnel », appelant à ce titre à l’adaptation des textes réglementaires et juridiques aux évolutions technologiques et numériques. Evoquant les manuscrits et les archives, l’universitaire Toufik Dahmani a souligné que l’indexation et la numérisation des manuscrits est une tâche « difficile » qui nécessite, selon lui, l’implication des experts et chercheurs dans différents domaines. « La numérisation et le partage de manuscrits feront revivre ces documents qui représentent une matière importante pour les chercheurs », a expliqué cet enseignant à l’université d’Alger. Son collègue, Mohamed Khichène a, de son côté, considéré que les archives permettent d’accéder à des vérités historiques, essentielles notamment dans l’édification des « relations diplomatiques entre les Etats ». Prenant la parole lors des débats, ouverts au public, le directeur de la Protection légale des biens culturels et de la valorisation du patrimoine au ministère de la Culture et des Arts, Amar Nouara, a fait part de « la volonté » du ministère de numériser toutes les khizanates, localisées notamment dans le sud du pays. Le manuscrit, a-t-il mentionné, est une « matière menacée » par le commerce illégal, relevant à ce propos que des documents « rares » et « authentiques » ont été commercialisés par leurs détenteurs, dont les héritiers, ignorant souvent leur valeur patrimoniale et historique.
Houda H / Ag