Le perfectionnisme, qualité ou handicap ?

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Tendance exagérée à rechercher la perfection, ce que les spécialistes nomment perfectionnisme toucherait près d’une personne sur deux, selon une étude. Défaut ou qualité ? Quels sont les «symptômes» ? Des chercheurs font le point sur l’art de vivre avec le perfectionnisme en 5 questions. Une récente enquête, réalisée par l’entreprise de sondage spécialisé Ipsos pour la société Pukka Herbs. Ce sondage, mené à l’international, a réuni pas moins de 6000 personnes au total. Mais, se reconnaître perfectionniste est une chose, en subir les méfaits en est une autre, cette recherche de la perfection comme étant une «expérience personnelle stressante».

Le perfectionnisme et ses nuances

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le perfectionnisme ne réside pas seulement dans le fait de se fixer des standards très élevés dans tous les aspects de sa vie et de son quotidien. Vous pouvez tout à fait vous montrer perfectionniste à l’extrême dans le cadre de votre travail, sans toutefois faire grimper les standards et les exigences pour ce qui concerne l’entretien du logement, par exemple. Par ailleurs, la perception qui se dégage du perfectionnisme diffère, selon les esprits et les personnalités. Alors que certains voient en ce trait de caractère un moyen d’atteindre l’excellence et de s’accorder des défis et challenges stimulants, d’autres subissent complètement ce perfectionnisme qu’ils associent à un mauvais stress et à des aspirations stériles. La perfection n’existant pas… Comment peut-on se fixer l’objectif de l’atteindre ? La perception du perfectionnisme dépend véritablement de chacun.

Le perfectionnisme, qu’est-ce que c’est ?

En psychologie, le perfectionnisme désigne un type de comportement visant à atteindre la perfection. Les spécialistes dissocient même le perfectionnisme «normal» du perfectionnisme «pathologique» qui, lui, va encore plus loin et considère l’imperfection, quelle qu’elle soit, comme étant quelque chose d’inacceptable. Pour Don Hamachek, un éminent psychologue américain à l’origine de l’une des premières études détaillées sur le sujet, les perfectionnistes considérés comme «normaux» ne font que retirer «une réelle sensation de plaisir du travail exigé par un effort soutenu», à la différence des perfectionnistes pathologiques qui s’avèrent tout à fait «incapables d’éprouver de la satisfaction parce qu’à leurs yeux, ce qu’ils font ne semble jamais assez bien pour justifier une telle satisfaction».

Comment reconnaître le perfectionnisme ?

Mais comment savoir si vous êtes perfectionniste ? Qu’est-ce que ce trait représente réellement et comment se manifeste-t-il dans le quotidien ? Outre l’état d’esprit du concerné, qui s’avère convaincu que la perfection est une chose qui peut et qui doit s’atteindre, différents types de comportements pourraient laisser à penser que vous êtes perfectionniste. Des comportements qui peuvent s’illustrer comme ceux évoqués ci-dessous, par exemple : Vous avez des difficultés à faire des choix et à prendre rapidement des décisions ? Vous avez besoin d’être rassuré(e) sur ce que vous faites ? Vous accumulez certains documents et détails matériels de manière compulsive ? Vous avez tendance à abandonner plutôt facilement ? Vous abusez des listes pour tenter de vous organiser ? Vous procrastinez souvent ? Vous vous évitez toute situation qui serait propice à l’échec ? Si vous vous reconnaissez au travers de ces quelques points, alors vous pourriez faire partie de ces personnes à la tendance véritablement perfectionniste.

Pourquoi devient-on perfectionniste ?

Il est légitime de se questionner quant à la raison d’un tel comportement. Qu’est-ce qui a bien pu vous amener à devenir perfectionniste ? Pour Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, la naissance de ce trait de caractère s’attribue à la… vie elle-même et les expériences qu’elle offre. Pour la spécialiste, on devient perfectionniste «par éducation, par besoin de reconnaissance, par discipline, par défi, par obsession. Le perfectionnisme se comprend au regard de l’histoire de chacun». En effet, d’autres spécialistes en la matière se sont penchés sur le sujet, au fil des années. Et le fruit des travaux réalisés a permis de mettre en évidence trois facteurs d’influence pouvant mener jusqu’au perfectionnisme. Il s’agit des facteurs génétique, culturel et familial.

Est-ce un défaut ou une qualité ?

Alors que certains perçoivent le perfectionnisme comme quelque chose «en trop», comme un poids fait de stress et d’angoisse à porter en permanence, d’autres s’accordent à penser que le perfectionnisme leur est utile au quotidien et qu’il s’agit d’une véritable qualité dont les effets positifs se font ressentir au quotidien. Qui a raison et qui a tort ? Pour Johanna Rozenblum, il n’existe pas de véritable réponse à cette question, qui s’avère trop fermée et mériterait d’être ouverte sur un plus vaste plan en prenant différents facteurs en considération. «Cela dépend du contexte. Si le perfectionnisme «temporaire» permet souvent de passer des caps, de se mettre au défi et de s’accomplir, alors c’est une bonne chose. Au contraire, si le perfectionnisme se généralise et glisse vers l’obsession au point de ne jamais se sentir à la hauteur, attendre toujours plus ou ressentir de l’insatisfaction permanente, alors la question se pose vraiment», explique-t-elle.

Comment faire pour ne pas se laisser envahir ?

Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de «prendre soin» de son perfectionnisme pour ne pas se laisser envahir par ce trait de caractère et les angoisses qu’il peut parfois générer. En effet, si trop de place est laissée, c’est un risque de surmenage ou de burn-out qui guette la personne concernée. Il est essentiel de rester «attentif à ce que le perfectionnisme ne vire pas à l’obsession, à la rigidité, la question est là , explique Johanna Rozenblum. Pour la psychologue clinicienne, «si le perfectionnisme finit par repousser toutes les limites au point de ne plus être attentif à son bien-être physique et psychique, alors le risque de souffrance devient une menace réelle». Cette véritable «angoisse de l’erreur» que certains perfectionnistes peuvent ressentir et qui peut leur faire défaut, n’est pourtant pas le lot quotidien de tous les concernés. En effet, si tout le monde ne se trouve pas sur un pied d’égalité face à l’angoisse de l’erreur, ce serait en partie une question d’éducation et code sociétal, selon la spécialiste. «C’est grâce aux erreurs que l’on apprend, les bébés de 10 mois le comprennent très bien puisque c’est précisément par la stratégie appelée «essai-erreur» qu’ils apprennent à marcher. C’est l’éducation, la société et aussi sa propre personnalité qui nous conditionnent à penser que l’erreur est source d’anxiété, en réalité elle est source d’apprentissage pour tout le monde», poursuit-elle. Comment donc ne pas se laisser déborder et envahir par son perfectionnisme, en somme ? «Il faut être bien au clair avec ce que l’on cherche réellement dans son perfectionnisme : de l’épanouissement ou de la reconnaissance ?», conclut Johanna Rozenblum.