Cancer: L’introduction des médicaments innovants en Algérie accuse du  retard

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La chef d’unité Homme au Centre Pierre et Marie  Curie Alger, Pr. Esma Kerboua a déploré le retard enregistré dans  l’introduction de l’immunothérapie sur le marché local, et ce en dépit de  son enregistrement, en juin 2018, par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.  

« Destinée à une catégorie précise de cancéreux, l’immunothérapie devait être introduite courant 2019, mais les malades n’ont pas encore bénéficié  de ce traitement », a affirmé la spécialiste en marge de la deuxième édition du séminaire nord-africain sur trois types de cancers (poumons-sein-prostate) « 2nd Oncology Summit North Africa 2019 ».  Et d’ajouter que « ce traitement est l’une des innovations scientifiques dont l’efficacité a été prouvée en terme de prise en charge de certains types de cancers et qui a donné de bons résultats dans les pays  développés ». Rappelant l’enregistrement de près de 2900 nouveaux cas de cancer de poumons au niveau national chaque année, M. Kerboua a souligné que ce type de cancer qui, au cours des dernières années, touchait principalement les  hommes, présente un taux élevé chez les femmes qu’elles soient fumeuses ou non, à cause du tabac et d’autres facteurs liés à l’environnement. Concernant le tabagisme, facteur principal du cancer des bronches, Pr. Kerboua a déploré dans son intervention la faible application sur le  terrain des textes de loi promulgués pour prévenir ce phénomène, citant à cet égard la loi sanitaire de 2018 et les différents décrets ministériels. S’appuyant sur des études réalisées par le ministère de la Santé, l’intervenante a rappelé que ce type de cancer est répandu, en particulier,  chez la tranche d’âge (+60), relevant, d’après d’autres études, que la première cigarette est consommée dès l’âge de 06 ans et que 13% des élèves du cycle moyen sont des fumeurs, avant d’insister sur « la prévention et la lutte contre le tabac ». Par ailleurs, le Pr Kamel Benakila, spécialiste en chirurgie  onco-urologique à l’Etablissement hospitalo-universitaire (EHU) Mohamed Lamine Debaghine (Ex-Maillot) de Bab El Oued (Alger) a affirmé que « l’amélioration des moyens de dépistage a contribué au dépistage précoce du cancer de la prostate », rappelant, dans ce cadre, le rôle du plan national de lutte contre le cancer et les efforts des associations scientifiques  dans la mise en place d’un protocole de traitement pour le dépistage de ce genre de cancer à partir de 50 ans et plus. Appelant les membres des familles ayant enregistré des cas de ce cancer à se faire dépister dès l’âge de 45 ans en vue d’éviter sa propagation, il a affirmé que le traitement de ce type de cancer au premier stade avait donné des résultats très encourageants grâce à la chirurgie et la radiologie,  deux techniques bien maitrisées par les spécialistes algériens. Rappelant le taux d’atteinte de ce type de cancer qui varie entre 13 et 14/100.000 habitants au niveau national, le même intervenant a souligné que le cancer de la prostate occupait la 4e place dans la liste des cancers répandus en Algérie après les cancers du colorectal, des poumons et de l’estomac. Le Pr Marc Denis, spécialiste en biochimie et biologie moléculaire et le  Pr Jean-François Morère, spécialiste d’oncologie médicale, (France) ont qualifié les nouveautés scientifiques ayant couronnées récemment le congrès international du cancer de « très encourageantes », notamment l’immunothérapie, considérée comme une nouvelle technique de renforcement de l’immunité du corps et parmi les techniques médicales de pointe qui cible la cellule cancéreuse qui touche les bronches. Ce genre de traitement innovant n’a pas contribué seulement à prolonger de  six (06) fois l’espérance de vie du patient, mais sert de référence pour les scientifiques pour développer, sur le long terme, des traitements anti-cancer.

Yasmine Derbal