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Pour ce qui est de la Syrie,  Tebboune a réaffirmé que l’Algérie, fidèle à ses principes, «ne peut accepter aucune atteinte à un pays arabe», rappelant que «la Syrie est l’un des pays fondateurs de la Ligue Arabe et un pays séculaire, dont l’effondrement ne nous est jamais venu à l’esprit».

Ce qui a affaibli la Syrie au niveau international», a-t-il expliqué, «c’est d’être le seul pays à n’avoir jamais envisagé la normalisation (avec Israël) et d’être un Etat de front, une position qui a sous-tendu, des années durant, sa politique, son économie et ses institutions, d’où un rétrécissement de l’espace démocratique et des libertés».Le référendum sur la nouvelle Constitution aura lieu avant la fin de l’année Concernant le calendrier des réformes politiques en Algérie, le Président Tebboune a affirmé que «le chantier de la révision constitutionnelle sera achevé au plus tard d’ici le début de l’été, et, avant la fin de l’année, nous aurons terminé avec la Constitution et le Code électoral pour parvenir, ainsi, aux élections législatives et locales».Pour ce qui est des appels à la dissolution du Parlement et à l’organisation de législatives anticipées avant l’amendement de la Constitution, Tebboune a expliqué que «la logique dans la construction d’une maison, voudrait que l’on commence par les fondations». La Constitution, a-t-il dit, est «le fondement de tout Etat et il n’est pas normal de commencer par des élections avant de définir le rôle des élus et la question du contrôle». «Les mêmes raisons produisant les mêmes effets, la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives conduira au même résultat, car l’argent sale continue à circuler et le trafic d’influence existe encore». «Une fois réglementés tous ces aspects juridiques et criminalisées certaines pratiques, nous pourrons aller vers un Parlement dont la majorité des membres seront des jeunes intellectuels ayant suffisamment d’autorité morale pour agir», a-t-il poursuivi. En réponse à une question sur le Hirak populaire que vit le pays depuis une année, le Président de la République a affirmé «avoir qualifié le Hirak de Béni- en connaissance de cause», précisant que «l’Etat algérien a frôlé l’effondrement et la disparition de ses institutions et cela s’inscrivait dans le cadre de l’agenda de ceux qui voulaient faire de l’Algérie une autre Syrie, une autre Libye ou un autre Irak». Par ailleurs, Tebboune a indiqué que «le Hirak a sauvé l’Etat algérien également des dérives autocratiques et des velléités de perduration de la tragédie politique que vivait l’Algérie». Après avoir rappelé le rôle du peuple algérien dans toutes les étapes phares de l’Histoire du pays, notamment durant la Guerre de libération nationale, Tebboune a souligné que «par ce Hirak, le peuple algérien a montré qu’il était un peuple pacifique, cultivé et politisé et qu’il n’était nullement violent ou terroriste comme le prétendaient même certains frères». Les Algériens, a-t-il poursuivi, «ont donné ainsi des leçons au monde, notamment quant au caractère républicain de l’Armée nationale populaire (ANP), laquelle a démontré par son patriotisme qu’elle était la digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN)», rappelant à ce propos qu’«aucune goutte de sang n’a été versée». «En barrant la route au cinquième mandat et au prolongement du quatrième, le Hirak a fait tomber les têtes qui ont mené le pays à cette situation et conduit à la poursuite de tous ceux qui exploitaient l’économie nationale à des fins personnelles et qui sont aujourd’hui en prison», a-t-il ajouté dans ce sens. Concernant le reste des revendications du Hirak, le Président Tebboune a précisé qu’il s’agit «maintenant de revoir le mode de gouvernance du pays, de garantir la plus large marge possible de libertés et d’instaurer l’équilibre entre les institutions pour éviter la domination de l’une ou l’autre, et partant, se prémunir contre tout dérapage vers l’autocratie et l’autoritarisme». S’agissant des citoyens qui continuent d’investir la rue chaque vendredi, le président Tebboune a déclaré : «personnellement, je n’y vois aucun inconvénient, c’est leur droit et c’est ça la démocratie». «La seule crainte, c’est les dérapages résultant de l’infiltration des rangs du peuple, même s’il en est conscient», a-t-il ajouté. Edifier une économie propre, créatrice de richesses et d’emplois Au volet économique, le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie aspirait, sous son mandat, «à l’édification d’une économie propre et intègre, dont la principale finalité est la création de richesse et d’emplois et le traitement de la tragédie sociale infligée au citoyen». «Il est impératif de sortir de la dépendance à la rente pétrolière et d’aller à la quête d’autres ressources afin d’asseoir une économie qui n’est pas axée sur l’importation mais fondée sur des bases logiques et nationalistes, une économie profitant au pays et au citoyen et non à un clan d’oligarques», a-t-il insisté. Concernant le gaz de schiste, le Président de la République a rappelé que cette question «a été instrumentalisée pour susciter la colère».

«Je n’ai jamais dit que nous allions exploiter le gaz de schiste», a-t-il précisé, soulignant «avoir simplement relevé, chiffres à l’appui, que le développement et la croissance de l’Algérie nous ont amenés à consommer la moitié de notre production gazière». Et d’affirmer «la décision est subordonnée aux conclusions des experts, c’est eux les spécialistes». ans ce contexte, Tebboune a déclaré que l’Algérie avait des trésors de ressources, dont la plupart non connus, mettant en avant «l’agriculture aussi bien dans le nord que dans le sud du pays». L’agriculture saharienne, a-t-il relevé «n’est pas assez exploitée en dépit de l’existence d’eaux souterraines estimées à 15 000 milliards de m3, parfois à moins de 50 m de profondeur, sans parler des grandes étendues de terres». «Avec peu des moyens techniques, l’agriculture algérienne a pu produire, fin 2018, l’équivalent de 18 milliards USD», a-t-il poursuivi, évoquant «le potentiel humain important avec la sortie, chaque année, de 200 000 0étudiants des universités algériennes». Concernant le sujet de la devise, Tebboune a réaffirmé d’abord qu’une fois la situation économique améliorée», il «augmentera la valeur de l’allocation touristique pour préserver la dignité des Algériens». Le marché parallèle de la devise servait «la contrebande», «d‘où l’impératif de construire une économie propre et transparente avec une industrie réelle et non factice, une économie qui apporte des solutions au pays», a-t-il ajouté. Tebboune a mis en avant, dans le même ordre d’idée, l’importance de promouvoir le tourisme, de libérer l’initiative et de faciliter l’accès des jeunes aux crédits. Interrogé sur ses impressions au sujet du film documentaire sur «les zones d’ombre», projeté devant les walis lors de leur dernière rencontre avec le Gouvernement, le président de la République a indiqué que «ces images sont réelles et je les connaissais de par mon expérience en tant que responsable local, des années durant». «Le plus triste est que personne ne s’est intéressé à la souffrance de ces citoyens et que tous étaient focalisés sur l’embellissement des villes», a-t-il déploré. À ce propos, le Président Tebboune a fait état de l’importance qu’il attachait au monde rural pour plusieurs raisons, notamment historiques, rappelant «les affres endurées par les populations rurales durant le colonialisme et même durant la période du terrorisme avec 70% des victimes». «Le choix revient au peuple» Pour quel régime politique optera Tebboune ? «C’est le peuple qui choisira son régime», assène-il. Selon lui, le régime parlementaire nécessite l’existence de partis politiques puissants et une démocratie bien ancrée. «Nous sommes à une démocratie naissante et les formations politiques n’arrivent pas à encadrer la société», a-t-il expliqué. «Le régime parlementaire n’a pas connu de réussite dans les Etats arabes contrairement aux pays anglo-saxons», fera-t-il remarquer. Le régime présidentiel a aussi ses inconvénients. «Le passé a prouvé qu’il ouvre la voie à l’autoritarisme et à la gouvernance unilatérale et bannit la consultation et la concertation», affirme-t-il. Il propose un régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire accordant davantage de prérogatives aux élus. Tebboune est pour l’élaboration d’une Constitution consensuelle qui ne touche pas aux constantes nationales, dont l’unité et l’identité des Algériens. Il notera que la séparation des pouvoirs n’a pas été respectée dans l’ancienne Constitution du moment que le Conseil constitutionnel est désigné par le Président. Il a fait savoir qu’il envisage l’instauration d’une Cour constitutionnelle libre et indépendante pour combler cette défaillance. Présidera-t-il le Conseil supérieur de la magistrature ? La prochaine Constitution tranchera la question, fera-t-il savoir. Parlant de la loi fondamentale du pays, il a indiqué qu’elle doit aborder la question du contrôle populaire en fixant les limites de chaque pouvoir, détaillant le processus de sa révision. La première mouture de la Constitution sera transmise à plus de 700 organisations. Au bout d’un mois, elles vont présenter leurs propositions qui seront intégrées dans le projet par le comité des constitutionnalistes. Le projet sera ensuite soumis au Parlement et à un référendum populaire. «Nous aspirons à l’arrivée d’une nouvelle génération intègre sur la scène politique. Le code électoral doit ouvrir la voie aux jeunes. Nous devons les aider non par le bourrage des urnes mais en finançant leurs campagnes électorales pour qu’ils ne soient pas victimes de l’argent sale», a-t-il poursuivi.

Synthese H. M. /Ag.