Phénomène des sans-abri : L’absence de données fiables empêche une prise en charge efficace

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Ils sont des dizaines de milliers de sans-abri à avoir été pris en charge par les services de la wilaya d’Alger en 2018. Cela ne reflète, malheureusement, qu’une partie infime de ces pauvres personnes évoluant dans les rues. 14 499 ont été pris en charge à Alger, mais combien d’entre eux n’ont pas pu bénéficier de ces dispositifs de prise en charge ? Quel est leur nombre à l’échelle nationale ? Des dizaines de milliers ? Des centaines de milliers ? Personne ne peut s’aventurer à répondre, tant les statistiques ne sont pas fiables. Les services de la wilaya d’Alger ont pris en charge 14.499 personnes sans abri en 2018.

Ils ont été placés dans le centre d’accueil de Dely Brahim, les foyers pour enfance assistée d’El Biar et d’El Mohammadia, les centres pour personnes âgées de Bab Ezzouar et de Sidi Moussa et l’Établissement Diar Errahma de Dely Brahim, ou bien dans les centres d’hébergement relevant de la wilaya d’Alger (Dar El Hassana pour femmes en détresse, le centre de prise en charge des sans-abri à Dekakna (Douéra) ainsi que deux centres de prise en charge des hommes et des femmes dans la commune de Réghaïa). Pour sa part, le directeur du bureau de l’Action sociale de la wilaya d’Alger (chargé de gestion des centres d’accueil), M. Mohamed Aichi a fait savoir que le nouveau centre de Dely Brahim a accueilli du 2 février au 30 octobre de l’année en cours, quelque 20.600 hommes, 1339 femmes et 124 enfants. Beaucoup d’entre eux, ont dû être transférés cers les hôpitaux pour être soignés. Le phénomène des sans-abri n’est pas une spécificité de la wilaya d’Alger, loin de là. Les grandes villes du pays connaissent une augmentation fulgurante du nombre des ces personnes vivant dans la rue. Un article publié hier dimanche par le Quotidien d’Oran confirme la tendance. La publication s’est penchée sur le cas de quelques familles. Là aussi il s’agit d’une majorité de personnes venues des régions de l’intérieur du pays pour des raisons diverses et variées. Le même constat a été fait par le colonel Mohammed Tighrestine à Alger, où 95% des sans-abri recensés et identifiés au niveau de la wilaya sont également issus des wilayas de l’intérieur où la précarité est, vraisemblablement, plus marquée. À chaque fois que cette la question est soulevée par des académiciens ou par les médias, on parle d’un phénomène inquiétant sans omettre de souligner l’augmentation effrayante du nombre de ces « SDF » sans, pour autant, pouvoir avancer de statistiques globales. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucun chiffre fiable n’est disponible ! Dans une étude universitaire menée par le sociologue Mehdi SOUIAH chercheur au centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) d’Oran, la problématique de la fiabilité des chiffres est mise en évidence. Chaque institution et chaque organisme a ses propres chiffres. Des statistiques dont les disparités sont, par fois, trop importantes pour que les données puissent être prises au sérieux. Pour donner un exemple, on s’est d’ailleurs référé aux propos de Djamel Ould Abbès qui disait en 2005 que le nombre de sans-abri avoisinait les  120 000 personnes soit une moyenne de 18 sans abri dans chaque commune. À l’époque il chapeautait le ministère de la Solidarité nationale.En 2007, soit deux ans plus tard, une enquête menée par le même ministère avait avancé le chiffre de 29 000 sans abri sur tout le territoire national, ce qui est une aberration. Il est impossible de résorber toute cette population, tout simplement par ce que les infrastructures dont dispose l’État ne le permettent pas. En absence de chiffres fiable, on continuera chaque année à faire la démonstration des efforts consentis par l’État pour prendre en charges cette « catégorie de personnes » sans avoir des données de référence sur lesquelles on pourra s’appuyer pour quantifier véritablement ce qui a été fait et ce qui reste à faire.

Houda H