Le terrorisme continue de causer des pertes de vies dans de nombreux pays, notamment dans la bande sahélo-saharienne, mais également dans d’autres régions épargnées jusque-là. Sa propagande portent toujours, et sont de plus en plus adossés, à l’intéressement financier des nouvelles recrues.
C’est à ce titre que le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a brossé un tableau noir sur la situation sécuritaire qui prévaut dans la région et la menace terroriste qui pèse encore sur la paix et la stabilité dans le monde tout entier. Pour le chef de la diplomatie algérienne, le retour des combattants terroristes étrangers représente « une grave menace pour les pays d’origine, mais aussi pour beaucoup d’autres pays, en particulier ceux souffrant de la faiblesse et de la rareté des moyens pour les combattre », précisant aussi que la densification de la relation entre les groupes terroristes et le crime organisé transnational « met à la disposition des uns et des autres des moyens financiers considérables ». D’autre part, la lutte contre le financement du terrorisme est une autre question urgente qui interpelle l’ensemble de la communauté internationale et à cet égard, l’Algérie a abrité, en avril dernier, une conférence africaine sur la lutte contre le financement du terrorisme. A ce titre, il y a lieu de rappeler que l’Algérie a toujours insisté sur la nécessité de parvenir à une définition commune du terrorisme, plaidant pour un renforcement des instruments nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational. Elle a également souligné l’importance d’organiser l’échange d’informations et de données, de renforcer la coopération la coopération judiciaire régionale et internationale, de renforcer aussi les institutions internationales de lutte contre le crime organisé transnational telles que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale ou la Convention arabe de lutte contre le commerce illicite des drogues, et réfléchir aussi à la création de cordons sanitaires autour des zones de production de drogues et de psychotropes. Intervenant lors de plusieurs rencontres internationales, le chef de la diplomatie algérienne avait présenté l’approche de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et son expérience dans le domaine de la déradicalisation, soulignant que dans le contexte régional actuel, le terrorisme continue de représenter l’une des menaces les plus graves à la sécurité d’un nombre croissant de pays. Il avait ajouté que « malgré la défaite en cours de Daech qui constitue un progrès important, elle reste, cependant, une victoire partielle dans la lutte globale contre ce fléau, qui se renforce malheureusement dans de nombreuses autres parties du monde ». L’approche de l’Algérie souligne, en premier lieu, qu’une défaite militaire de Daech « ne signifie pas sa défaite totale et sa disparition, car ses cellules à travers le monde vont survivre à la perte des territoires et représenteront autant de sources de menaces qui appellent à une coopération bilatérale, régionale et internationale plus structurée, mieux affirmée et prenant en considération les préoccupations sécuritaires de tous les pays et de toutes les régions du monde ». A cet égard, Messahel avait rappelé que l’Algérie « ne ménagera aucun effort dans cette voie pour sa propre sécurité et pour que d’autres peuples ne connaissent pas les horreurs que le terrorisme avait imposées à son propre peuple dans les années quatre-vingt-dix ». En deuxième lieu, l’approche algérienne souligne que cette organisation terroriste a beaucoup recruté à travers le monde des dizaines de milliers de jeunes originaires d’une centaine de pays. Sur cette question, Messahel avait indiqué qu’un « nombre important d’entre eux reprend aujourd’hui le chemin du retour vers le pays d’origine ou vers d’autres zones de conflits », en rappelant que l’Algérie, pour avoir connu et souffert du phénomène du retour de ce qu’on appelait alors les « Afghans », mesure la gravité de la menace dont ces criminels sont porteurs de par leur formation idéologique et expérience militaire. Il a, en outre, indiqué que l’Algérie, bien qu’elle n’ait enregistré qu’un nombre très réduit de combattants terroristes étrangers, elle a pris des mesures pour sécuriser son territoire et ses frontières. Elle demeure, cependant, vigilante et fortement préoccupée par ce fléau qui représente une menace sérieuse dans son voisinage immédiat, par ailleurs hautement exposé à cette même menace. Dans un troisième temps, l’accent est mis sur les limites de l’architecture internationale mise en place pour tarir les sources de financement des différents groupes terroristes, face à l’ingéniosité des groupes terroristes à trouver de nouvelles sources de financement, face à l’expérience de « Daech » dans le contrôle des territoires et des ressources et face aussi à la forte connexion du terrorisme avec le crime organisé transnational Dans ce sens, Messahel avait souligné que « tant que le terrorisme aura accès aux ressources financières, il persévérera dans son œuvre destructrice, d’où l’urgence pour la communauté internationale de reprendre ce dossier avec une approche plus ciblée sur les défaillances relevées ». A ce propos, l’Algérie inscrit l’usage d’internet qui reste largement accessible aux groupes terroristes, dont les activités glissent de plus en plus vers les plateformes cryptées et le Darknet, échappant ainsi davantage à la surveillance des Etats. La timidité de l’engagement de l’industrie des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans cette guerre collective contre l’hydre terroriste appelle à des régulations plus appropriées de la part des Etats et de la communauté internationale en général. A ce propos, M. Messahel avait affirmé que l’Algérie « reste convaincue de la nécessité de la mise en place sous l’égide des Nations Unies d’une Charte consensuelle qui met internet hors de la portée de l’activisme terroriste et lui garde sa particularité de précieux instrument universel de libre communication, de rapprochement, de dialogue et de partage entre les individus et les peuples ». Il avait, enfin, souligné que la lutte contre le terrorisme dans cette phase « doit garder toute sa vigueur et s’attaquer en permanence à ses causes, parmi lesquelles les interventions militaires étrangères en violation de la légalité internationale et qui sont génératrices de chaos, l’islamophobie qui s’est développée dans un nombre croissant de pays et la radicalisation ». S’agissant de cette dernière, le chef de la diplomatie algérienne avait relevé que la lutte contre la radicalisation et contre l’extrémisme violent revient, non seulement à lutter institutionnellement contre l’islamophobie dans les sociétés où elle s’affirme, mais exige aussi la mise en œuvre de politiques et de stratégies globales qui ciblent les facteurs d’exclusion, de marginalisation et de stigmatisation, et d’encourager la mise en œuvre de politiques qui préservent la cohésion sociale et qui soient guidées par le renforcement de l’Etat de droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits de l’homme.
T.Benslimane