Génération rentière

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Photo conception L'Echo d'Algérie@

La déclaration du ministre de l’Agriculture concernant le manque cruel de main-d’œuvre dans ce secteur vital vient à point nommé pour confirmer les immenses potentialités du pays et hélas, aussi leur inexploitation. Ces 600 000 postes de travail qui manquent à l’agriculture constituent un gros handicap pour son développement et l’on comprend dès lors que nous soyons astreints à importer beaucoup de produits nécessaires à notre consommation comme la poudre de lait qui devient de plus en plus chère, l’aliment de bétail et même des fruits et légumes ! Mais alors pourquoi les jeunes rechignent-ils tant à travailler dans l’agriculture qui certes est réputée pour sa pénibilité, mais peut s’avérer très rémunératrice. La cueillette des pommes de terre, des tomates, des oranges ou d’autres produits est payée 1.500 DA la journée, ce qui fait quand même un salaire acceptable pour un jeune chômeur. Mais voilà les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas été élevés dans le goût de l’effort et la sueur, préférant gagner de l’argent sans se fatiguer. Leur langage traduit à juste titre cette mentalité du moindre effort : ils disent volontiers «n’bougi» (je bouge), «ennavigui» (je navigue), «nbesness», mais très rarement «je travaille». Alors ils squattent les espaces publics pour racketter les automobilistes qui stationnent et les estivants en haute saison. D’autres se font passeurs de cabas de Turquie et émargent à l’informel et il y en a qui versent carrément dans le trafic de stupéfiants et de psychotropes dans les quartiers. Parce qu’ils ont ouvert les yeux dans une configuration économique basée exclusivement sur la rente pétrolière qui a produit plus d’assistés que de travailleurs, les jeunes d’aujourd’hui conçoivent l’affairisme de bas étage comme de la débrouillardise et versent en masse dans les circuits parallèles. Cette génération de la rente, du baril à 150 dollars, a désappris à travailler pour gagner sa croûte et maintenant que la crise est bien installée, il faudra alors retrousser ses manches. Tant mieux pour l’agriculture.