Pour le redressement national 2025/2030, les trois axes directeurs de l’action du Président de la république: Bonne gouvernance, dialogue social-politique et développement économique

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1.-Le président de la  république lors  son investiture à la magistrature suprême  a tracé trois axes directeurs  pour son deuxième  mandat dont le fondement est  la paix sociale et la   sécurité  que connaît l’Algérie étant due grâce aux efforts de l’ANP et de toutes les forces de sécurité tenant compte  des  tensions géostratégiques  et  ce en conformité  avec  la politique étrangère de l’Algérie qui repose sur des principes fermes et immuables , à savoir le rejet du recours à la guerre, la non-ingérence dans les affaires internes des États ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par des voies pacifiques.  

Premièrement ,  la bonne gouvernance fondement de l’  Etat de Droit à ne pas  confondre avec Démocratie tenant compte des spécificités sociales propres à chaque pays, évitant de plaquer des schémas importés sur un corps  social qui les rejetterait ,  la tolérance par la confrontation d’idées  productives, loin de toute  autosatisfaction ou  dénigrement, supposant  l’ouverture  des médias pour de véritables débats engageant l’avenir du pays, où le monde  avec les nouvelles technologies de l’information est devenu une maison  en verre avec un  l’impact croissant  des réseaux sociaux.

Deuxièmement,  favoriser un  dialogue ouvert en  engageant  des discussions soutenues et intensifier les consultations avec l’ensemble des forces vives du pays, politiques économiques et la jeunesse,  du fait du  caractère sensible de la conjoncture actuelle faite de défis multiples, qu’il faudra relever tant au niveau interne, qu’au double plan régional et international, ce qui suppose  la confiance en les symboles de l’État et de ses institutions   ;

troisièmement,  liée à de profondes réformes et du primat au savoir,  est la  relance économique afin de faire de l’Algérie horizon 2028/2030 un pays émergent sur le plan économique  avec pour objectif une économie diversifiée hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales s’adaptant à la quatrième révolution économique mondiale fondée sur la transition numérique et énergétique , ce qui suppose une vision stratégique au sein des filières mondiales internationalisées, la définition précise des missions des institutions et la mise en œuvre de projets (délais, coûts, moyens humains, modes de financement en devises et en dinars, protection de l’environnement).  Le dialogue véritable suppose que  l’opposition dans toute sa composante  doit être écoutée, demeurant une force de proposition incontournable, chacun de nous aimant à sa manière l’Algérie, personne pouvant se targuer d‘être plus patriote qu’un autre car le plus ignorant est celui qui prétend tout savoir. .Aussi pour dépasser toute entropie s’impose la bonne gouvernance.

2.-Selon les Nations Unies, la bonne gouvernance comprend les éléments suivants (voir l’intervention ronéotypée du professeur Abderrahmane Mebtoul donnée devant les ministres africains à l’invitation de l’’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA 27/30 janvier 2014:) -la participation : donner à tous, hommes et femmes, la possibilité de participer au processus décisionnel ; la transparence : découlant de la libre circulation de l’information ; la sensibilité : des institutions et des processus vis-à-vis des intervenants ; le consensus : des intérêts différents sont conciliés afin d’arriver à un vaste consensus sur ce qui constitue l’intérêt général ; l’équité : tous, hommes et femmes, ont des possibilités d’améliorer et de conserver leur bien-être ; l’efficacité et l’efficience : les processus et les institutions produisent des résultats qui satisfont aux besoins tout en faisant le meilleur usage possible des ressources ; la responsabilité : des décideurs du gouvernement, du secteur privé et des organisations de la société civile ; une vision stratégique : des leaders et du public sur la bonne gouvernance et le développement humain et sur ce qui est nécessaire pour réaliser un tel développement ; et très récemment la prise en compte la préoccupation, environnementale . Pour l’ONU, les acteurs de la bonne gouvernance sont les différents groupes « Porteurs d’intérêts », « Preneurs de décision » et « Fournisseurs d’opinion », ce que l’on appelle généralement les « Stake Holders » de la société, impliquant donc les modalités de prise de décision et les interrelations entre les différents intervenants dans le processus de prise de décision qui sont les « Fournisseurs de services », les « Détenteurs de la technologie » :le gouvernement ; les collectivités Territoriales ; le pouvoir Législatif ;les associations d’écologistes et de la société civile ; les investisseurs ; les universités et autres centres de décision , le secteur des Affaires ; le secteur Bancaire ; les institutions internationales internationale dont on peut on distinguer : les organisations à vocation universelle : notamment a travers l’organisation des Nations- Unies, les institutions économiques et financières internationales ex : CEE, BM, FMI, BRI et OMC…, ainsi que les organisations multilatérales ex : OCDE, l’Union Européenne,…).. Pour mesurer la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel on distingue : la voix citoyenne et la responsabilité qui mesurent la manière dont les citoyens d’un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse ; la stabilité politique et l’absence de violence qui mesure la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme ; l’efficacité des pouvoirs publics qui mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques ; la qualité de la réglementation qui mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé ; l’Etat de droit qui mesure le degré de confiance qu’ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence ; la maîtrise de la corruption qui mesure l’utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que « la prise en otage » de l’Etat par les élites et les intérêts privés.

3.- Pour l’Algérie, la gestion volontariste depuis l’indépendance à ce jour , les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé  l’urgence   d’une véritable stratégie nationale d’adaptation à ce phénomène total et inexorable qu’est le changement profond du monde tant dans le domaine militaire, sécuritaire, économique , social et culturel.. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive -parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes ont abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies et non pas seulement pour la période actuelle. L’économie est fondamentalement politique, comme nous l’ont enseigné ses fondateurs, notamment Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter et plus près de nous les prix Nobel en sciences économiques attribués aux institutionnalistes entre 2000 et 2023. Les réformes, fondement de la transition socio-économique, renvoient à la refondation de l’État qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face aux mutations, tant internes que mondiales. La refondation de l’État, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. La fin de l’État de la mamelle, puis de la légitimité révolutionnaire, signifie surtout que le pouvoir bienfaisant – ou de bienfaisances inaugurées comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politiques, et qui efface tout esprit de citoyenneté active – doit céder la place à un pouvoir juste. C’est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté nationale. Le passage de l’État de «soutien» à l’État de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la nation et l’État. L’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La compétence n’est nullement synonyme de postes dans la hiérarchie informelle, ni un positionnement dans la perception d’une rente; elle se suffit à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu’elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux. La compétence n’est pas uniquement fondée sur un diplôme, elle est aussi une conscience et une substance qui nourrissent les institutions et construisent les bases du savoir afin d’avoir un impact réel sur la dynamique sociale globale et cela afin de réaliser les aspirations d’une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité.. La gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive,  impliquant  des réaménagements dans l’organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l’État largement influencé par les effets de la mondialisation dans le développement économique et social,(  pour  la situation socio-économique  2023/2024 et les axes de la relance économique 2025/2030  u voir nos  contributions internationales Paris Genève-Dakar Mond/Afrique et Financial Afrik -août/septembre 2024 ).

3.-L a nouvelle politique  doit s’orienter comme je le préconise depuis  les années 1980 ( notre ouvrage  sur  l’économie algérienne paru à Office des Publications Universitaires OPU  Alger 2 volumes 560  pages 1980/1981,)vers  une réelle décentralisation autour de six  à sept  pôles régionaux socio-économiques homogènes, à ne pas confondre avec le concept dangereux du régionalisme qui annihile tout esprit de citoyenneté, afin de rapprocher l’État du citoyen. Les exigences d’un État fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives enclencheraient alors une dynamique de complétions positives et rendrait la maîtrise des groupes plus facile pour la centralité politique nationale. L’autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement, mais un renforcement de la bonne gouvernance en fortifiant le rôle de la société civile, que seules des actions d’intérêt commun doivent légitimer et non le soutien de l’État.  Dans ce cadre,  les collectivités locales   sont régies par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit obsolètes. L’objectif central de la démarche est de transformer les collectivités locales   «providence» en collectivités locales «entreprise». Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale. L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’État, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. L’image de collectivités locales managers repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes. Il n’y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l’erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue au profit d’actions fiabilisées par des perspectives de long terme d’une part, et d’autre part les arbitrages cohérents qu’implique la rigueur de l’acte de gestion.

4.- A  la lumière des résultats de l’élection présidentielle du 07 septembre 2024, qui ont montré que les nombreux partis et bon nombre de segments de la société civile ayant eu peu d’impacts  pour la mobilisation de la population , car déconnectés de la  société, s’impose leur  restructuration  en adéquation avec les aspirations de la population algérienne, ainsi que l’accélération des réformes économiques qui  seront déterminantes pour l’avenir de l’Algérie entre 2025 et 2030. Comment ne pas  rappeler , mais avons-nous été écouté, que j’ai  tracé les axes directeurs de ces réformes politiques, sociales et économiques, fruit d’un travail collectif à la rédaction desquels ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en droit, en économie et en sciences politiques  (Réformes et démocratie, Office des publications universitaires OPU 1981, 420 pages reproduit dans Editions Amazon Paris 2018 et Casbah Editions 2 volumes, Mondialisation – Réformes et démocratie 500 pages 2005), et dans le programme de l’Association Nationale de Développement de l’Économie de Marché (ADEM), dont j’ai eu l’honneur d’être le président de 1992 à 2016.Ces propositions opérationnelles  ont  été reprises dans plusieurs contributions et conférences nationales et internationales depuis plus de 30 ans. Mais avons-nous été écoutés ? (Pr A. devant le Parlement européen, à l’Université de Clemson en Caroline du Sud (USA), au siège de l’UNESCO, devant les ambassadeurs accrédités à Alger, au siège du ministère des Affaires étrangères d’Algérie, à l’Académie Interarmes de Cherchell, à l’École Supérieure de Guerre, à l’Institut militaire IMPED-MDN, devant les cadres de la DGSN et de l’État-Major de la Gendarmerie nationale, aux universités de Annaba, Constantine, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Oran, et à l’École Nationale d’Administration d’Alger – ENA.) Ces  travaux   d’une brûlante actualité  s’inscrivent  en partie dans la tradition déjà bien établie du concept de  transitologie traitant des expériences des pays du Tiers-Monde et de l’ex-bloc socialiste, analysant les différentes politiques élaborées et exécutées en guise de réponses aux grands défis internes et mondiaux.

En conclusion,  de nombreux défis attendent  l’Algérie  qui  a toutes les potentialités pour devenir un pays émergent   et être un acteur majeur de la stabilité de  la région méditerranéenne et africaine, mais   sous réserve de profondes réformes, du retour à la confiance, condition de la nécessaire   mobilisation générale, fonction de la moralité de ceux qui dirigent la Cité. 

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