Une rencontre dans le cadre de la tenue de la 5e réunion annuelle de haut niveau du dialogue énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), qui s’est tenue les 4 et 5 octobre 2023 à Bruxelles, coprésidée par le ministre algérien de l’Energie et la commissaire européenne à l’Energie qui fait suite à la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger. Les échanges globaux commerciaux entre l’Europe et l’Algérie en 2022 dépassent les 50% (en 2019 plus de 57%), où l’Europe est le principal client énergétique de l’Algérie.
1 – L’Europe comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions (www.google 2022) les trois plus grandes réserves mondiales de gaz naturel sont la Russie 45 000 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 32 000 et le Qatar 20 000 milliards de mètres cubes gazeux. L’exploitation du pétrole/gaz de schiste aux USA a bouleversé la carte énergétique mondiale où l’Algérie possède le troisième réservoir mondial environ 19 000 milliards de mètres cubes gazeux (étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach 8 volumes 780 pages Premier ministère sous le titre « gaz de schiste opportunités et risques ,pour une transition énergétique » Avant la crise en Ukraine, l’Europe dépendait pour environ 55% de son approvisionnement en gaz de la Russie, qui était également son principal fournisseur en gaz naturel à travers les canalisations de South Stream (capacité de 63 milliards de mètres cubes gazeux) et le North Stream 1(capacité de de 55 milliards de mètres cubes gazeux ),le North Stream 2 (même capacité) qui a été gelé, sous la pression des USA. Durant le premier trimestre 2023, la Norvège devient le premier fournisseur de l’Europe avec 46,1%, la Russie passe à 17,4% (la nouvelle stratégie étant l’Asie Inde et Chine notamment), l’Algérie à 13,4% (contre 11/12% précédemment ), le Royaume-Uni 12,9% et l’Azerbaïdjan 7,2%. Concernant le GNL, (gaz naturel liquéfié), les USA occupent la première place avec 40,2%, la Russie représente 13,2%, le Qatar 13,1%, l’Algérie 6,7% et la Norvège 6%, les autres pays représentant 20,2% des importations de GNL. La qualification devient un facteur déterminant. L’éclatement des vieilles bureaucraties industrielles en réseaux mondiaux leur a fait perdre leur pouvoir de négociation expliquant également la crise de l’Etat providence Ce qui explique que certains pays du Tiers-monde qui tirent la locomotive de l’économie mondiale se spécialisent de plus en plus dans ces segments nouveaux, préfigurant horizon 2030 de profonds bouleversements géostratégiques. Il s’ensuivra inévitablement une recomposition du pouvoir économique mondial avec la percée de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Russie et de certains pays émergents expliquant le passage d’ailleurs du G8 au 20 dans les grandes réunions économiques internationales. Débat à Radio France Internationale (RFI), le 12 novembre 2012, Paris, que j’ai tenu avec le Pr Antoine Halff de Harvard, économiste en chef du gouvernement Barak Obama et qui était directeur de la prospective à l’AIE sur les nouvelles mutations mondiales). Les emplois dans la production courante tendent à disparaître comme les agents de maîtrise et d’encadrement impliquant une mobilité des travailleurs, la généralisation de l’emploi temporaire, et donc une flexibilité permanente du marché du travail avec des recyclages de formation permanents étant appelés à l’avenir à changer plusieurs fois d’emplois dans notre vie. Ainsi, apparaissent en force d’autres emplois dont la percée des producteurs de symboles dont la valeur conceptuelle est plus élevée par rapport à la valeur ajoutée tirée des économies d’échelle classiques, remettant en cause les anciennes théories et politiques économiques héritées de l’époque de l’ère mécanique comme l’ancienne politique des industries industrialisantes calquée sur le modèle de l’ancien empire soviétique alors que le XXIe siècle est caractérisée par la dynamisme des grandes firmes mais surtout les PMI/PME consacrant un budget à la recherche développement, reliés en réseaux à ces grandes firmes. Les expériences allemandes et japonaises, chacune tenant compte de son anthropologie culturelle, est intéressante à étudier, se fondant sur un partenariat, grandes firmes/PME/PME. Avec la prédominance des services qui ont un caractère de plus en plus marchand contribuant à l’accroissement de la valeur ajoutée, la firme se transforme en réseau mondial, étant impossible de distinguer les individus concernés par leurs activités, qui deviennent un groupe diffus, répartis dans ce village mondial, dominé par des réseaux croisés consommateurs/producteurs, transformant le système d’organisation à tous les niveaux, politique, économique et social.
2 – Pour la commissaire européenne à l’énergie, lors de la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger, l’Union européenne (UE) est prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie, assurant que l’Algérie ayant été toujours, un fournisseur important et fiable de gaz naturel pour l’UE. L’Union européenne a proposé à l’Algérie trois axes directeurs pour un partenariat gagnant-gagnant.
Le premier axe, le gaz par l’augmentation des volumes de gaz à l’exportation vers l’Europe en coopération avec des entreprises européennes, en exploitant de nouveaux champs gaziers. Une des voies pour augmenter les exportations de gaz consiste à réduire davantage les émissions de méthane et le torchage, ce qui rendrait plus de gaz disponible pour le commerce. Concernant les exportations du gaz par canalisation, pour l’Algérie, sans oublier, les projets qui doivent approvisionner l’Europe, le projet du gazoduc trans-saharien NIGAL d’une longueur de 4128 kilomètres, d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes, (passant par la résolution du confit au Niger) et le projet de Galsi via la Sardaigne Italie, gelé depuis 2012 qui était alors d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse ( voir conférence du Pr A. Mebtoul à la Chambre de commerce de la Corse reproduit à la télévision France 3, déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet), selon les données de l’Opaep, le gazoduc Medgaz liant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de m3 en 2022 en passant de 8 milliards de m3 à 10 milliards m3 et pour les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, qui passent à 23,5 milliards de m3 contre 21,5 milliards m3 en 2021.
Le deuxième axe est celui des énergies renouvelables. Pour l’UE, l’Algérie avec dispose d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3000 heures de soleil par an ) éoliennes qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2%) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Rappelons qu’entre 2002/2023, dans plusieurs déclarations, le ministère de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables actualisé qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030 où 12 000MW pour le marché national, ainsi qu’une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW. L’Europe et l’Algérie travaillant déjà ensemble sur le développement des énergies renouvelables avec le projet commun « Taka Nadhifa » ainsi que des projets d’interconnexions électriques. Cependant, il reste à mobiliser un financement européen important du Fonds européen pour le développement durable en coopération avec les banques de développement comme la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
Le troisième axe de coopération est celui de l’hydrogène vert, un éventuel partenariat UE-Algérie sur l’hydrogène devant permettre de développer la production, la consommation et le commerce d’hydrogène renouvelable et de dérivés. L’Algérie se propose selon le ministère de l’Energie, d’investir entre 20 à 25 milliards de dollars horizon 2040 autour de l’hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases, le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert d’ici à 2040.
En conclusion, avec les impacts du réchauffement climatiques au niveau des espaces euro-méditerranéens et africains qui entraîneront un bouleversement mondial, notamment dans le domaine de la nouvelle configuration énergétique, la coopération entre l’Algérie et l’Europe devra être axée sur la nécessaire transition énergétique.
Par Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités