Comme cela a été annoncé dans plusieurs de mes contributions depuis janvier 2022 au niveau national et international (voir nos interviews au quotidien le Monde.fr Paris et au site américain Maghreb Voices 2022) concernant les exportations de 100 milliards de mètres cubes gazeux j’avais précisé que cela n’était possible que vers 2025/2027 sous réserve de huit conditions, le PDG de Sonatrach reprenant les mêmes données reprises par les médias officiels (source APS 14/03/2023 ) je le cite «L’Algérie prévoit de mettre sur le marché pas moins de 100 millliards de mètres cubes de gaz naturel par ans à l’exportation au cours des cinq prochaines années».
C’est-à-dire au minimum en 2027/2028 et non pas comme annoncé par certains soi-disant experts organiques sur les plateaux de télévision qui voulaient faire plaisir au président de la République en 2023, en lui donnant de fausses informations. La production totale à ne pas confondre avec les exportations , consommation intérieure, plus exportation, plus 15/20% de réinjection dans les puits pour éviter leur épuisement, a avoisiné en 2022, 125/130 milliards de mètres cubes gazeux, devant au minimum, fonction de l’accroissement de la forte demande intérieure et d’importants investissements , produire 180/200 milliards de mètres cubes gazeux pour pouvoir exporter 100 milliards de mètres cubes gazeux. A court terme, les exportations peuvent croître seulement entre 4/5 milliards de mètres cubes gazeux. Horizon 2025/2027, l’Algérie peut doubler ses exportations de gaz vers l’Europe de 11 à 25% sous réserve de huit conditions. La première condition, concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions et donc de la forte consommation intérieure presque équivalente aux exportations, étant prévu 50 milliards de mètres cubes gazeux en 2025, selon le PDG de Sonelgaz. Il devient intolérable que l’on continue à la fois de livrer le prix du gaz à certaines unités à 10/20% du prix international et à construire des millions de logements avec les anciennes techniques alors que les nouveaux procédés permettent d’économiser entre 30/40% de la consommation d’énergie. La deuxième condition, est relative à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, les hydrocarbures procurant en 2022 98% des recettes en devise avec les dérivées comptabilisées dans rubrique hors hydrocarbures pour une part dépassant les 60% et qui a permis, outre les investissements via la dépense publique, d’avoir un niveau des réserves de change fin 2022 d’environ 60 milliards de dollars. La position de l’Algérie envers l’Europe et d’autres pays est claire : la loi nouvelle des hydrocarbures étant attractive, Sonatrach étant limitée dans l’autofinancement, venez investir dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant et on pourra augmenter les exportations La troisième condition, est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoires. En parallèle, des investissements conséquents seront réalisés pour développer les capacités solaires du pays, 500 MW en 2022, étant prévu 15 000 MW en 2035, selon le ministère de l’Energie (source APS). combinant le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, «l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, le ministère de l’Energie, ayant programmé sous réserve de trouver des financements 40% de la consommation intérieure à partir des énergies renouvelables horizon 2030/2035 et une fraction exportable à partir des interconnexions. Pour le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, lors de sa visite à Alger , je le cite : «Nous souhaitons développer cette relation ensemble avec l’Algérie, pas seulement pour le présent, pas seulement pour le gaz aujourd’hui, mais en regardant vers le futur, en privilégiant les investissements européens dans le secteur des énergies renouvelables… Ce futur là pour l’Algérie est très prometteur, puisque l’Algérie a un énorme potentiel dans le domaine des énergies renouvelables». La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013 et 2022, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité croissante. La cinquième condition, est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l’Algérie possédant le troisième gisement mondial d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom (voir dossier 9 volumes 890 pages sous la direction du Pr A. Mebtoul, opportunité et risques et urgence de la transition énergétique Premier ministère 2015). La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux dont le coût était estimé en 2012 à 3 milliards de dollars, ayant doublé depuis (un tracé très complexe), dossier que j’ai défendu lors de mon déplacement en Italie en 2012 et qui a été abandonné par l’Italie sous la pression des élus de la Sardaigne qui et qui devrait être réactivé. La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie, d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux, selon les études européennes de 2020 un coût d’environ 20 milliards de dollars contre une estimation de 11 milliards de dollars en 2011, plus rentable que celui du Maroc évalué par le centre de recherches IRIS de 30 milliards de dollars pour une durée de réalisation de 10 ans, mais nécessitant l’accord de l’Europe, principal client. La huitième condition, est le développement de l’hydrogène vert où l’Algérie est bien placée pour produire de l’hydrogène vert à des prix très compétitifs, où fin 2022, le groupe Sonatrach a signé un accord avec le groupe allemand VNG afin de construire des usines de production d’hydrogène vert à travers le pays, et exporter en direction de l’Europe, étant prévu d’investir entre 20 à 25 milliards de dollars horizon 2030/2035 En conclusion, les cours des hydrocarbures ont permis une relative aisance financière, en 2022, selon le dernier rapport de la Banque d’Algérie ayant atteint, pour le pétrole, un prix moyen de 109 dollars pendant la même période (contre 72,7 dollars durant les 9 premiers mois de 2021), tandis que ceux du gaz ont plus que doublé, passant de 5,2 à 11,5 dollars le million de BTU. Ce qui a positivement impacté les réserves de change de l’Algérie, évaluées à fin septembre 2022 à 52,763 milliards de dollars (fin 2022 environ 60) contre 44,724 milliards à fin septembre 2021 avec une baisse de l’encours de la dette extérieure passant de 3,062 milliards équivalent dollars fin décembre 2021, à 2,914 milliards à fin septembre 2022. Mais les cours sont volatils depuis janvier 2023, le cours du Brent étant coté le 14 mars 2023 à 77,61 dollars, le WIT à 71,87 dollars et le gaz naturel, selon la revue usine nouvelle devrait se négocier entre 50/60 dollars le mégawattheure pour l’année 2023 contre 300 dollars au moment du conflit en Ukraine, étant coté entre février et début mars 2023 sous la barre des 50 dollars.
A. M.