Suspension des importations: Encouragement ou essoufflement de l’économie nationale ?

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Le déficit du pays a baissé à «10,7 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2017 contre un déficit de 15,58 milliards de dollars sur la même période de 2016», l’on estime que cette baisse est due aux mesures de redressement et d’assainissement du commerce extérieur. Cependant les nouvelles mesures annoncées pour maîtriser les importations, témoignent d’un échec.

En 2016, l’on annoncé l’entrée en vigueur du dispositif des licences d’importation pour assainir le commerce extérieur. Après avoir désignés les véhicules, le ciment et le rond à béton comme produits éligibles au dispositif, 21 autres produits industriels et agricoles ont été ajoutés, à l’exemple des bananes, ail, maïs et concentré de tomate. Ces produits-là devaient donc être importés, mais en étant contingentés. C’est-à-dire que leur importation est «limitée quantitativement» et non définitivement. Une année plus tard l’on a estimé que ce dispositif ne donnait plus l’«effet de réduction des importations». Devant terminer l’année autour des «45 milliards de dollars», les importations n’auront reculé que d’un peu plus d’un milliard de dollars seulement par rapport à 2016. Le dispositif que l’on présentait en 2016 comme le «moyen phare» pour encourager la production nationale et considéré en 2017, comme étant une mesure bureaucratique et administrative. C’est ainsi qu’un changement de cap a été décidé par le gouvernement. L’on a opté pour la suppression de ce dispositif à la faveur de la suspension provisoire de l’importation de plusieurs centaines de produits. Concernant la suspension des importations, elle touchera, à partir de 2018, un nombre de «851 produits relevant de 45 catégories de marchandises». Il s’agit essentiellement des fruits secs, des fromages (produits finis), des fruits frais (à l’exception des bananes), des légumes frais (sauf l’ail), des viandes (à l’exception des viandes bovines), du thon, des dérivés du maïs, des préparations de viande, des chewing-gum, des bonbons et chocolats. La liste se poursuit avec les «pâtes alimentaires, des viennoiseries, des dérivés de céréales, des conserves de légumes, des tomates préparées ou conservées, des confitures, des gelées, des fruits conservés, des préparations alimentaires, des eaux miné- rales». Aussi seront concernés le «ciment, des détergents, des produits plastiques finis et semi-finis, des produits hygiéniques, du marbre et du granite, du papier hygiénique, des tapis, de la céramique finie, des glaces et verres, des moissonneuses-batteuses, des articles de robinetterie, des fils de câbles, des meubles, des lustres, des articles électromé- nagers et des téléphones mobiles». Mais cette mesure se dresse-t-elle réellement en faveur de l’économie nationale ? Les producteurs nationaux ne peuvent que se réjouir face à cette nouvelle annonce tandis que les citoyens se voient êtres privés. La liste est, en effet, assez longue et mentionne des produits que le marché local risque de ne pas pouvoir approvisionner, et respecter les termes de qualité. Le pays ne pourra couvrir tous les besoins du marché. Avec sa volonté de réduire au maximum les importations, le pays ouvre le passage à la contrebande et à l’importation dite «cabas». Alors que la pratique est déjà assez florissante pour les commerçants du cosmétique, ce sera également le cas pour les autres.