Projection en avant-première de Zeus-La vie du président et écrivain portugais Manuel Texeira Gomès revisitée

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«Zeus», une fiction cinématographique algéro-portugaise sur la vie du Président Manuel Texeira Gomès a été projetée, mercredi soir, en avant-première à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih, en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi et de l’ambassadeur du Portugal en Algérie, Carlos Olivera. Ce long métrage algéroportugais, d’une heure et cinquante-huit minutes, retraçe la vie du président et écrivain portugais Manuel Texeira Gomès qui a fui la dictature fasciste de l’Estado Novo du Portugal pour venir s’installer à Béjaïa, vers 1931. «Je pars comme j’aime, sans itinéraire prévu, sans emporter avec moi un seul papier… J’ouvre dans ma vie une page blanche», dit-il à son secrétaire. Il a embarqué à bord du Cargo hollandais Zeus pour rejoindre les côtes méditerranéennes de l’Algérie, alors sous occupation française avec l’idée de parcourir le monde «sans ambition ni vanité». Réalisé par Paulo Félipé Montéro, le film, est déjà sorti au Portugal, le choix de cette fiction reste inhérent à la biographie du président et à son parcours au Portugal. Le metteur en scène avait opté pour le « play-back » dans le personnage incarné par le grand acteur lusophone, Sind Filipe. Fasciné par la beauté de la mer et le mystère des montagnes de la ville, Manuel Teixeira Gomes, s’établit à Béjaïa, après plusieurs passages dans le Sud algérien et dans la capitale. Quelques scènes ont été tournées à la Casbah de Béjaïa et dans quelques quartiers de la ville, où le président avait pris l’habitude de s’y promener quotidiennement, attendant son retour à Lisbonne. Installé en 1931, à la chambre 13, de l’hô- tel «L’étoile», aux abords de la place Gueydon, Teixeira Gomes, était selon des souvenirs de citadins, un homme jovial, courtois, toujours élégamment vêtu, mais qui fréquentait peu. Chaque matin, quand le temps le permettait, il avait pris l’habitude de s’attabler sur la terrasse de la place Gueydon, un magnifique balcon donnant sur le port et la rade de Béjaïa, duquel il suivait le mouvement des bateaux. Hormis le pharmacien et son épouse (Algériens), et son inénarrable ami, Amokrane, avec lequel il a entretenu de fortes relations, il a vécu, volontairement isolé jusqu’à sa mort en 1941, laissant tout derrière lui, il a pré- féré consacrer ses jours aux promenades, à la contemplation, à la lecture, à l’écriture et à l’échange épistolaire. «C’est mon heure portugaise. Je l’ai appelé ainsi, parce que c’est l’heure à laquelle je reçois le courrier de mon lointain pays. J’apprends les nouvelles de mes amis, mes filles et de mes petits-enfants que je n’ai pas connus, c’est l’heure la plus heureuse de ma vie», écrivait-il alors à l’un de ses meilleurs amis resté au pays, ne cachant pas son envie d’y retourner un jour. Pendant dix ans passés à Béjaïa, à l’hôtel, il n’a jamais pris d’ailleurs un bail locatif de plus de huit jours, espérant pouvoir quitter son exil d’une semaine à l’autre. Il s’est, finalement résolu à renoncer à son rêve, consacrant sa vie à l’écriture et produisant une pléiade d’œuvres magnifiques, dans divers domaines, mêlant le conte, le roman et le théâtre. L’homme livresque dans ses connaissances, avait la sensibilité à fleur de peau. Il écrivait sans arrêt. Du reste, c’est sa passion pour les lettres et les arts qui l’a poussé en partie à quitter les travées du «Bélem», le palais présidentiel en décembre 1925, s’étant retrouvé coupé, de tout ce qui faisait son bonheur alors, notamment les livres et les tableaux, mais aussi poussé à l’évidence par l’extrême agitation politique, entretenue alors par les tenants de la monarchie déchue et les partisans de la dictature Salazariste. Contrarié dans son projet de fonder une République authentique, il décida de tirer sa révérence, après seulement 26 mois de gouvernance. Il décida de quitter son pays alors à bord du Zeus, un bateau en partance pour la Méditerranée, voyageant seul, jusqu’à son arrivée à Béjaïa, en 1931, où il a décidé de se fixer pour la beauté de ses paysages et de leur similitude avec de sa région natale de Portimao.