La présentation hier d’un rapport sur le Sahara occidental par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Mahamat Faki, constitue un « moment fort » du 30e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, estiment plusieurs observateurs dans la capitale mauritanienne.
Selon ces mêmes observateurs, la présentation de ce rapport par le président de la Commission de l’UA, lors d’une séance à huis clos, de « moment fort » du sommet, sachant que ce rapport intervient après la tournée de M. Faki et de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, dans la région. Ainsi, de nombreux observateurs ont considéré qu’il s’agit d’une « défaite cinglante » pour le Maroc, dont les délégués et les participants se sont fait discrets au sommet de Nouakchott tant la question du Sahara occidental a été inscrite à l’ordre du jour de ce sommet, pour La première fois, comme un « point à part et séparé » des autres questions à l’ordre du jour du sommet. Cela permettra aux chefs d’Etat et de gouvernement, qui recevront pour la première fois également un « rapport exclusif et séparé » sur le Sahara occidental, d’aborder et de débattre à leur niveau de cette question. Ce rapport a été établi conformément à une résolution du sommet de l’UA de janvier dernier à Addis-Abeba, au cours duquel il a été demandé aussi à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et au Maroc de négocier en vue de résoudre le conflit. En effet, lors du dernier sommet de l’UA, le Maroc a été isolé par l’Organisation panafricaine qui avait exprimé son soutien à la relance des négociations directes entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Réunis dans le cadre du 30ème sommet de l’UA, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient exprimé, dans une résolution adoptée par consensus, leur soutien à la relance du processus de négociation entre le Maroc et la RASD en vue de parvenir à une solution « durable » au conflit du Sahara occidental, qui soit « conforme à la lettre et à l’esprit des décisions pertinentes » de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), de l’Union africaine (UA) et des Nations unies. Le sommet avait aussi réitéré son appel aux deux Etats membres à s’engager « sans conditions préalables », dans des pourparlers « directs et sérieux », facilités par l’UA et l’ONU pour la tenue d’un référendum « libre et juste » pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Tout en réaffirmant sa disponibilité à réactiver le Comité des chefs d’Etat et de gouvernement sur le Sahara occidental, institué par l’OUA en 1978, le sommet avait lancé un appel en direction des deux parties pour coopérer pleinement avec le Haut Représentant de l’UA pour le Sahara Occidental, l’ancien Président mozambicain, Joaquim A. Chissano, et l’Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Horst Köhler. Dans le même temps, la Conférence avait invité le Maroc, en tant qu’Etat membre de l’UA, à permettre le retour de la mission d’observation de l’UA de retourner à Laayoune, au Sahara Occidental, et de permettre également un « suivi indépendant » des droits de l’Homme dans le territoire. Dans le même sillage, en janvier 2012, l’UA avait demandé à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) d’entreprendre une mission dans le territoire occupé de la RASD en vue d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme et en faire un rapport à la prochaine session ordinaire du Conseil exécutif en janvier 2013. En exécution de cette décision, la CADHP avait adressé, en avril 2012, une note verbale au gouvernement marocain, lui demandant de lui assurer la sécurité de passage jusqu’au territoire occupé. Cette note verbale a été suivie d’une deuxième note en août 2012, mais aucune réponse n’a été reçue, à ce jour, de la part des autorités marocaines. La Commission n’a donc pas pu se rendre dans le territoire occupé. Le Maroc se retrouve ainsi acculé par l’Union africaine et les Organisations internationales qui considèrent le Sahara occidental comme la dernière colonie du continent africain. Selon ces observateurs, les récentes déclarations du ministre marocain des affaires étrangères relèvent concernant l’Algérie de du « délire hallucinatoire », ajoutant que le discours du chef de la diplomatie marocaine est passé en l’espace d’une semaine de « la provocation » à une forme de « délire hallucinatoire » lorsqu’il a décidé de « pousser les relations entre le Maroc et l’Algérie au bord de la rupture ». Pour eux, il s’agit là de propos « incongrus » de la part du responsable marocain qui « a osé proférer de graves accusations à l’encontre de l’Algérie, en affirmant qu' »outre sa bénédiction de la relation entre le front Polisario et le Hezbollah, elle a apporté couverture, soutien et appui opérationnel à cette alliance ». Il est reproché au ministre marocain des « accusations forfaitaires » en prétendant que « l’Algérie a essayé d’impliquer le Hezbollah, pour ancrer l’impression qu’elle n’est pas l’unique soutien à la cause sahraouie » et en occultant le fait que l’Algérie n’a jamais été l’unique soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Face à la virulente campagne dont elle avait fait l’objet, l’Algérie reste sereine, forte de l’unité de son Peuple, de la solidité de ses institutions, de sa stabilité et de la rectitude et la constance des principes et des valeurs qui gouvernent sa politique étrangère, Elle continuera, en tant qu’Etat voisin, à apporter son plein soutien aux efforts du Secrétaire Général des Nations Unies et de son Envoyé Personnel en vue de parvenir à un règlement définitif de la question du Sahara occidental conformément à la légalité internationale et à la doctrine et la pratique des Nations unies en matière de décolonisation.
T.Benslimane