Les autorités algériennes ont repris lundi 12 novembre les opérations de rapatriement de migrants nigériens, et ce après plusieurs mois d’arrêt. Dans l’objectif de mieux faire face au phénomène de l’immigration irrégulière et lutter contre les réseaux de la traite des personnes, les autorités algériennes ont décidé, en étroite coordination avec leurs homologues nigériennes, de la reprise des opérations de rapatriement de ressortissants nigériens en situation irrégulière en Algérie, a affirmé lors d’une conférence de presse animée au centre de loisirs de Zeralda, le directeur responsable du dossier de la migration au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, Hacen Kacimi une déclaration.
Selon le même responsable, ces opérations visent à « juguler » les flux migratoires vers l’Algérie en coordination avec le Niger. Ces rapatriements, qui se passent « dans des conditions optimales de confort et de sécurité » selon Hacen Kacimi consistent en le transport des migrants par route jusqu’au nord du Niger.
Des réseaux criminels organisés qui exploitent les enfants dans la mendicité
Trois cent soixante-dix (370) migrants clandestins ont été rapatriés ce lundi vers les frontières du Niger, parmi eux 38 enfants qui étaient exploités par des bandes criminelles pour servir dans la mendicité au niveau d’Alger, a-t-on appris des autorités chargés du dossier. Hacen Kacimi a déclaré que « les enquêtes sont en cours pour mettre fin aux agissements des bandes criminelles qui maltraitent et exploitent ces enfants pour les utiliser dans la mendicité principalement dans les grandes villes à travers la mise en place d’un réseau qui contraint ces enfants à travailler parfois jusqu’à 14h/jour », ajoutant que « quatre individus ont été arrêtés et seront traduits devant la justice ». « Mais également, dans ce cadre, des personnes qui s’occupent du transport des enfants dans des taxis non autorisés font l’objet de recherches », a-t-on appris auprès des services de la wilaya d’Alger qui ont arrêté, durant les deux derniers jours en collaboration avec les services de la gendarmerie et de la sûreté nationales, 38 enfants qui s’adonnaient à la mendicité dans des réseaux organisés, en leur possession des portables, et gérés par des bandes criminelles qui les répartissent sur les stations de métro et les centres commerciaux en veillant à ne pas tomber entre les mains des service de police. M. Kacimi, a par ailleurs, appelé les citoyens « à ne pas encourager les bandes criminelles en donnant de l’argent à ces jeunes mendiants ».
L’Algérie traite les migrants clandestins dans le cadre du respect des traités internationaux
S’adressant à l’opinion publique internationale, le même responsable a affirmé que «l’Algérie lutte contre les organisations criminelles spécialisées dans la traite des enfants en présentant, dans ce sens, des preuves à plusieurs occasions en dépit des campagnes lancées par certaines parties visant à ébranler sa crédibilité », ajoutant que « l’Algérie traite les migrants clandestins dans le cadre du respect des traités internationaux en assurant notamment une couverture sanitaire ». Indiquant que les services de sécurités algériens « empêchent annuellement au niveau des frontières du Sud près de 40.000 migrants clandestins de se rendre en Europe, notant que « ceux qui tendent à transgresser les frontières du Sud relevaient de 23 nationalités africaines dont l’Afrique de l’Ouest, la région du Sahel et l’Afrique centrale ». Aussi, il a rappelé que l’Algérie avait rapatrié « 10.000 migrants nigérien clandestins dont 7.000 enfants et 3.000 femmes ». « Un grand nombre de migrants ayant déjà fait objet de rapatriement sont revenus en Algérie à plusieurs reprises et ont été traduis en justice », a fait savoir M. Kacimi précisant que la Justice algérienne « avait condamné 20.000 migrants nigériens tandis que 36.000 migrants maliens ont été condamnés par la Justice malienne ». Le même responsable a souligné que « les autorités algériennes se préparent pour contrer les menaces croissantes de la migration clandestine, citant l’affectation de 600 milliards centimes, en 2018, à la lutte contre ce phénomène dans les années à venir. Pour rappel, les opérations de rapatriement avaient entre 2014 et 2016 coûté 0,8 milliard de dinars.
L’Algérie a déboursé 20 millions d’euros pour les seules opérations de rapatriement
La présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Saïda Benhabilés, avait affirmé la semaine dernière à Alger que « le rapatriement des migrants irréguliers africains, à la demande des gouvernements de leurs pays, s’est toujours faite dans le strict respect du droit humanitaire, contrairement à ce que rapportent certaines ONG et organisations internationales ». Mme Benhabilés avait précisé que les opérations de rapatriement des migrants africains irréguliers se faisaient dans le strict respect du droit humanitaire, ajoutant que ces personnes « retournaient chez elles avec des dons humanitaires, contrairement à ce que disent certaines ONG et organisations internationales critiques envers l’Algérie », évoquant, entre autres, les propos du Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur les droits des migrants. Elle avait par ailleurs appelé ces organisations a mener des analyses profondes, afin de trouver les véritables raisons de la situation dramatique que vivent ces personnes. Selon la présidente du Croissant-Rouge algérien « 78.000 migrants africains irréguliers ont été rapatriées depuis qu’elle est à la tête du CRA, et l’Etat a déboursé 20 millions d’euros pour les seules opérations de rapatriement, sans compter les autres aides (nourritures, vêtements, soins …) ». L’Algérie, rappelle-t-on, a mobilisé des moyens « colossaux » pour une meilleure prise en charge des migrants sub-sahariens sur les différents plans, médical, social et humanitaire. « Durant les trois dernières années, plus de 120.000 prestations médicales ont été effectuées au profit des migrants », avait indiqué, dans ce contexte, une source chargée du dossier. Saïda Benhabilès qui avait souligné l’existence d’un accord bilatéral algéro-nigérien sur le rapatriement de ressortissants en situation irrégulière, a souligné que « l’Algérie a toujours assumé ses engagements humanitaires, comme c’est le cas vis-à-vis des réfugiés sahraouis, qui souffrent dans le silence ». La responsable, qui n’a pas précisé la période sur laquelle s’est étendu le rapatriement de ces 10.000 migrants, avait insisté sur le strict respect, durant ces opérations, des règles définies par le droit international des droits de l’Homme, notamment le respect des droits et de la dignité des migrants et en particulier les femmes enceintes qui ne doivent pas être concernées par ces opérations tout au long de la grossesse. Le CNDH avait mis l’accent, la semaine dernière, sur la nécessité d’assurer le strict respect de la dignité de la personne humaine lors des opérations de retour volontaire des migrants en situation irrégulière, conformément aux obligations internationales et régionales de l’Algérie. « Par rapport à sa situation géographique et eu égard aux traditions de bon voisinage et d’engagement envers l’Afrique, et plus précisément vers les pays subsahariens, l’Algérie a joué un rôle effectif dans la fourniture de l’assistance nécessaire aux migrants africains, en fonction de ses capacités d’aide et de sa politique de solidarité et a toujours exprimé sa volonté de traiter profondément ce phénomène et d’y trouver les solutions appropriées », avait souligné la même instance.
Yasmine Derbal