Maroc: Les doléances des habitants d’Al Hoceïma ravivent l’ancien contentieux

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La population d’Al Hoceïma au Maroc vit, depuis quelques semaines, un malaise profond caractérisé par une répression aveugle contre les manifestants qui revendiquent la libération des personnes mises en cause dans les violences qui ont entaché les manifestations dans cette ville.

Actuellement, les autorités marocaines tentent de mettre un terme au vent de fronde qui secoue la ville méditerranéenne de la région du Rif dans le nord du Maroc par l’envoi des membres du gouvernement marocain en vue de recenser les doléances des habitants d’Al Hoceïma. Alors que depuis le 28 mai matin la police a arrêté Nasser Zefzafi et l’a transféré au siège de la brigade nationale de la police judiciaire à Casablanca. Ce chômeur de 39 ans est devenu au fil des jours la figure du «Hirak» (la mouvance) le mouvement de contestation, et de revendications sociales, économiques, politiques et identitaires pour cette région déshéritée. Aujourd’hui, le mouvement de protestation au Maroc prend de l’ampleur puisqu’il se déplace de la localité d’Al Hoceïma vers les grands centres du Royaume après avoir bénéficié du soutien des couches populaires qui ont ressenti une flagrante injustice à l’égard de cette population. A Rabat, des milliers de manifestants ont défilé pacifiquement ce dimanche11 juin dans le centre-ville de Rabat en solidarité avec les manifestations d’Al Hoceïma. Une véritable démonstration de force d’Al Adl Wal Ihsane qui a lancé l’appel et mobilisé bien des foules. A l’appel d’Al Adl Wal Ihsane, association islamiste interdite, mais tolérée et des petits partis de gauche, les manifestants, étaient entre 15 000 manifestants selon la police et 30 000 d’après les organisateurs, ont foulé le sol à Rabat en solidarité avec le «Hirak» d’Al Hoceïma. La marche a été entamée place Bab El Had peu après 12h ce dimanche, sous un soleil de plomb et un dispositif de sécurité important, mais discret. Aux cris de «Liberté, dignité, justice sociale», «libérez les détenus», «respect de la dignité», «nous ne sommes pas des aoubach (apaches)», les manifestants ont brandi des pancartes portant les mêmes slogans et ont traversé par la suite le boulevard Hassan II et l’avenue Mohammed V avant de s’arrêter, un instant, devant le Parlement, et de se disperser un peu plus loin vers Bab Rouah. Plusieurs associations marocaines, ont réclamé la libération des détenus et la satisfaction des doléances des habitants d’Al Hoceïma indépendamment de leurs tendances et convictions comme l’alliance entre l’extrême gauche et les islamistes radicaux, qui déclarent qu’il n’y a «pas de différence lorsqu’on défend des revendications justes». Face à la répression policière marocaine des observateurs étrangers considèrent que la brutalité des arrestations relève de la politique d’intimidation pour casser le mouvement, toutefois les autorités devront faire preuve de tact et de modération pour ne pas mettre en ébullition la région et ne pas prendre le risque que la contestation ne se propage dans d’autres régions du royaume. La contestation à Al Hoceïma vit-elle ses dernières heures ? C’est sans conteste l’ambition des autorités marocaines que de mettre un terme au vent de fronde qui secoue la ville méditerranéenne de la région du Rif dans le nord du Maroc. Mais en dépit de lourdes accusations qui pèsent contre les dirigeants de ce mouvement contestataire, notamment d’atteinte à la sûreté de l’État, de soutien logistique et financier venu de l’étranger, d’hostilité à l’égard des symboles du Royaume. Nasser Zefzafi n’avait ainsi pas hésité à faire resurgir le drapeau de l’éphémère République du Rif des années 1920 aux côtés du drapeau amazigh dans cette région. Ahsene Saaid