Cours de mise à niveau pour les élèves « déficients » les  mardi et les  samedi – Les syndicats autonomes rejettent  la décision

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Photo L'Echo d’Algérie@

L’instruction donnée par la ministre de l’Education nationale aux directions de l’éducation sur l’obligation d’organiser, les samedis et mardis après-midi, la remédiation pédagogique au profit des élèves de la première et deuxième année primaire et ceux de la première année moyenne en difficulté d’assimilation des cours n’est pas du goût des syndicats autonomes. Ces derniers ont rejeté la décision la qualifiant «d’unilatérale» et «pédagogiquement inapplicable».

Pour le chargé de communication du Cnapeste, la décision du ministère ne résoudra pas les problèmes de l’école. «Elle créera l’anarchie dans les établissements scolaires», a estimé Messaoud Boudiba. Il a soutenu qu’il est impossible pour les enseignants dont l’emploi du temps est déjà surchargé de l’appliquer. «Nous la rejetons car elle vient au détriment du repos des enseignants et des élèves. C’est une décision incohérente et mal fondée», a-t-il précisé. Pour lui, les faiblesses en matière d’assimilation des connaissances et des savoirs scolaires sont des aspects qu’il faut étudier en profondeur et y remédier, en associant enseignants, pédagogues, parents d’élèves.  Pour sa part, le secrétaire général du Conseil des enseignants des lycées d’Algérie (Cela) a qualifié la décision du ministère de «non-sens» sur le plan pédagogique et «inapplicable» sur le terrain. «Nous avons un problème de surcharge. Travailler les samedis et les mardis après-midi n’est pas pour aider les enseignants et les élèves. Il faut penser à la base et réduire le volume horaire déjà très élevé et insupportable pour les enseignants et les élèves», a indiqué Achour Idir. Selon lui, les élèves ne peuvent plus suivre le régime scolaire. «Nous sommes en train de sanctionner nos enfants en leur ôtant le droit aux activités ludiques susceptibles de développer leur créativité et leur imagination», a-t-il soutenu.  Autre problème selon le Cela : le ministère n’a pas précisé comment cette remédiation sera mise en place et surtout par qui. «Ce type d’activité nécessite un accompagnement pédagogique. Faut-il recruter de nouveaux enseignants ou seulement se contenter de renforcer les effectifs en place ? Ces derniers seront-ils rémunérés ? C’est autant de questions qui restent sans réponses», a regretté Achour Idir Le secrétaire général du Satef a affirmé que le ministère n’a rien inventé. «La tutelle n’a fait que relancer une décision qui existe déjà à l’époque de Benbouzid», a souligné Boualem Amoura. Et d’ajouter : «Vouloir sacrifier les samedis et les mardis après-midi est une décision irréfléchie et mal exposée. Elle aura certainement peu de chance d’être acceptée par les enseignants et les élèves.» Selon lui, derrière cette démarche, le ministère nourrit une arrière-pensée. «Il veut supprimer les cours de soutien mais il n’y arrivera pas», a-t-il martelé. En outre, Amoura affirme que l’application de cette décision relève du domaine de l’impossible à cause d’un volume horaire surchargé et d’un manque de motivation chez les enseignants qui peinent à terminer le programme à temps. Par ailleurs, le SG du Satef ne comprend pas l’exclusion de la première année secondaire de la remédiation pédagogique. «C’est là que le bât blesse d’autant que le taux de redoublement par année est de 30%», a-t-il alerté.  L’activité de la remédiation pédagogique figurait parmi les priorités du ministère pour poser les jalons d’une école de qualité. Pour le département de Benghebrit, c’est une manière de réduire le taux de redoublement et de déperdition très élevé à chaque début de cycle, et l’établissement d’une hiérarchisation des insuffisances pédagogiques dans les profils de sortie des élèves.

H.H