La coopération algéro-allemande à l’ombre des mutations géopolitiques que traverse le monde, a été au centre d’une rencontre interactive organisée lundi à l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG, Alger) ayant regroupé des cadres et des experts des deux pays.
Cette rencontre a été organisée à l’occasion d’une visite en Algérie d’une délégation de l’Académie fédérale de politique de sécurité (BAKS), conduite par Karl Heinz Kamp. Dans une intervention à l’ouverture des travaux de cette rencontre, le directeur général de l’INESG, Lies Boukraâ, a indiqué que « l’Allemagne, puissance économique mondiale, qui ambitionne de peser davantage sur la scène internationale dans le cadre d’un multilatéralisme porteur de stabilité et de paix mondiales, est une opportunité pour l’Algérie dans la mise en œuvre de son plan de développement et de réformes structurelles ». M. Boukraâ a relevé, par la même occasion, que « le monde connaît de profonds bouleversements, liés à l’exacerbation de la compétition internationale pour l’accès aux ressources naturelles et à l’accès ou à la préservation des marchés ». Il a précisé que « l’ordre ultralibéral dominant et ses politiques sous-jacentes, l’instrumentalisation des institutions internationales par les puissants à leur profit parfois loin des principes de la Charte des Nations Unies, la démultiplication des ingérences étrangères, et les remises en cause, par des diverses formes, des orientations et choix nationaux souverains des Etats, participent au désordre que vit le monde ». « Ceci se traduit par la persistance des conflits régionaux, la dégradation des conditions de vie, le chômage, la pauvreté et les inégalités sociales, la dégradation de l’environnement, la montée des extrémismes et de la violence, l’insécurité, et le terrorisme international », a-t-il fait observer. Il a souligné, dans ce contexte, que « l’Afrique, qui est un continent à fort potentiel de croissance, notamment la bande sahélo-saharienne, qui regorge de ressources, mais aussi émetteur de flux migratoires de plus en plus importants, sous l’effet d’instabilité socioéconomique et politique, et des impacts négatifs des changements climatiques s’affirment paradoxalement comme un nouveau champ de confrontation et d’influence internationales ». De même, la région de l’Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) à laquelle appartient l’Algérie, qui se caractérise par des atouts géostratégiques et par la variété de ses richesses, « est particulièrement confrontée à l’instabilité structurelle, la persistance des conflits internes et régionaux, et surtout marquée par l’inadéquation de ses potentialités avec ses performances aux plans économique, social et politique », a ajouté le directeur général de l’INESG. A cet égard, dans un contexte de mutations géopolitiques et de restructuration du marché énergétique, et de tendance à la baisse des prix des hydrocarbures depuis 2014, il a précisé que « l’Algérie fait face à des enjeux majeurs de préservation de sa stabilité et de maintien des grands équilibres macroéconomiques sans remise en cause des principes de la politique social de l’Etat », tout en rappelant qu’au plan sécuritaire « l’Algérie a gagné seule sa guerre contre le terrorisme qui est devenu un fléau mondial ». De son côté, M. Kamp a indiqué que son organisme « n’a pas choisi par hasard de venir en Algérie, du fait de ses caractéristiques sur le plan géopolitique, et en matière de ressources naturelles et autres potentialités ». Il a souligné que « l’Algérie est un grand pays avec lequel l’Allemagne souhaite renforcer ses relations et développer la coopération bilatérale dans les différents domaines, ainsi que la concertation face aux défis communs ».
A.A