Commerce: Les exportations algériennes  ont davantage de chances pour conquérir  (Ernst and Young)

0
1066

 Le marché africain est en plein essor, avec un  « tournant qualitatif » enregistré en 2018 en termes de croissance et  d’attrait aux IDE, a indiqué le cabinet de conseil et d’audit financier  Ernst and Young (EY) Algérie, en estimant que les exportations algériennes  ont davantage de chances pour conquérir ce marché.

Lors de la 14ème rencontre du club export du World Trade Center (WTC)  Algérie, organisée sous le thème « déploiement des entreprises algériennes  en Afrique », le rapport 2018 de EY sur les IDE en Afrique a été, en  exclusivité, rendu public. Ce rapport, présenté par Bruno Messerschmitt, avocat-partenaire chez EY  Algérie en charge de l’Afrique, montre que « l’année 2018 a marqué un  tournant dans le développement africain avec une hausse de 6% des IDE,  l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers, l’émergence de secteurs  rentables à long terme comme la construction, l’industrie et les énergies  renouvelables et une croissance soutenue qui devrait atteindre 4% en 2019 ». Le cabinet estime dans son rapport, qui se réfère aux données de l’année  2017, que les exportations algériennes, de par leur qualité et leur origine  (africaine), recèlent des avantages comparatifs qui facilitent leur  intégration dans le marché africain. En termes d’IDE (Investissements directs étrangers), l’Algérie a gagné  deux places en 2017 avec 24 investissements directs en Afrique contre 17  investissements en 2016, note le même cabinet. Selon le rapport, les premiers investisseurs étrangers en Afrique en 2017  ont été respectivement les Etats-Unis (130 projets en 2017), la Grande  Bretagne (72 projets), la France (61), la Chine (54), l’Allemagne (39), la  Suisse (30), l’Afrique du Sud (29), les Pays-Bas (22), les Emirats Arabes  Unis (19), l’Italie (17) et le Maroc (17).   Avec un PIB de 2.700 milliards dollars (mds USD), qui devrait atteindre  20.000 mds USD en 2050 où la population africaine devrait arriver à 2,5 mds  d’habitants, l’Afrique est aujourd’hui considérée l’un des marchés les plus  prometteurs dans le monde. Cependant, trois pays (Nigeria, Afrique du Sud et Egypte) assurent à eux  seuls 40% du PIB du continent.

La contrainte de la logistique

 Enumérant par ailleurs les entraves à l’investissement en Afrique,  l’expert de EY a notamment cité les problèmes liés à la gouvernance, la  forte dépendance aux matières premières, l’ampleur du marché informel,  estimé à 40-60% du PIB africain et le manque d’infrastructures de base en  général et notamment en matière de logistique et d’électrification. « Sur des besoins annuels de 100 mds USD d’investissements en  infrastructures en Afrique, on arrive à peine à couvrir la moitié », a-t-il  souligné. De ce fait « Le Fret maritime pour une exportation provenant de la Chine  vers le Togo par exemple est nettement moins coûteux que pour une  exportation provenant d’un autre pays africain se trouvant à 1000 km de  Lomé », a-t-il soutenu. A cause du manque de la logistique, mais aussi à d’autres facteurs, les  échanges intra-africains ne dépassent pas 20% du PIB du continent contre un  taux de 60% pour les échanges intra-européens, relève l’expert. Présents à la rencontre, plusieurs opérateurs algériens exportant vers  l’Afrique ont présenté leurs expériences « réussies » en la matière sans  manquer de pointer du doigt certaines entraves.      « Pour réussir dans l’exportation, il faut bien connaitre les marchés et  les acteurs locaux et participer régulièrement aux  foires commerciales à  l’étranger », a recommandé  Racim Balia, représentant de Faderco, une  entreprise spécialisée dans les produits d’hygiène corporelle. Le coût de la logistique, le faible accompagnement bancaire et la rigidité  de la réglementation des changes demeurent, selon lui, les principales  entraves rencontrées par l’entreprise lors des opérations d’exportation. La représentante du groupe Amimer Energie, Mme Madi, a de son côté soutenu  que le « manque d’accompagnement financier reste une contrainte réelle pour  l’exportateur ». Pour payer les frais nécessaires à l’exportation « il est très difficile de  faire transférer de l’argent à partir d’Algérie », témoigne, à son tour,  Amine Mebarkia, directeur de l’Export chez le groupe privé Géant Electronic  qui exporte ses produits vers plusieurs pays africains. Il a, à l’instar de plusieurs opérateurs et responsables algériens  intervenant à cette occasion, rassuré quant à la capacité des produits  algériens à se placer sur le marché africain où le consommateur « est  souvent exigeant et préfère payer plus pour un produit de qualité ». « Les africains tournent le dos de plus en plus aux produits chinois car le  consommateur africain est très exigent. Il faut savoir qu’on ne peut pas  vendre n’importe quel produit en Afrique centrale », a de son côté fait  remarquer Mme Mokrani, chargée de la coopération économique au ministère  des Affaires Etrangères. Elle a assuré que les représentations diplomatiques algériennes en Afrique  font de leur mieux pour informer les opérateurs nationaux sur les  possibilités d’investissement dans le continent. Elle a en outre avancé que  le ministère œuvrait à mettre en place une plateforme numérique regroupant  toutes les institutions régionales et internationales chargées de faciliter  les échanges intra-africains. Le directeur général (CEO) du WTC Algérie, Ahmed Tibaoui, a souligné que  l’Algérie « est en train de former des champions de l’export » surtout que  2019 a été décrétée, rappelle-t-il, « année des exportations ».

A.A