Un arrêté du ministère des Affaires religieuses vient d’être publié au journal officiel et il vise à réglementer l’appel à la prière. «Rendre audible l’appel à la prière sans exagération» c’est ce que stipule le texte dans un de ses articles. Un tabou vient d’être brisé, sommes nous tentés d’écrire car jusqu’à présent, personne n’a osé soulever ce problème et c’en est un car à des heures indues, le haut-parleur réglé à fond indispose personnes âgées, malades et nouveaux-nés. D’autant plus que les appels ne se font jamais en même temps, chaque mouadhen voulant faire entendre sa voix. Nous sommes loin de ces années où le mouadhen montait en haut du minaret et appelait à la prière d’une voix sereine et apaisée. Aujourd’hui les appels se font souvent sous forme de pensum, plus proches des cris que de cette sérénité recherchée. Ainsi cette décision de l’instance religieuse s’inscrit dans une conjoncture où des tabous sont en train de tomber. A l’instar de la «basmallah», profession de foi que la ministre de l’Education nationale a décidé de retirer de l’introduction des matières à l’exception de l’éducation religieuse. Du coup, la décision a soulevé un véritable tollé auprès des milieux conservateurs qui ont réagi contre la ministre habituée à ces levées de bouclier de la part de chapelles qui veulent garder la mainmise sur une école sinistrée et enjeu de luttes idéologiques. C’est qu’il est devenu impossible de poser ce problème d’idéologisation de l’école et d’émettre la moindre sans s’attirer les foudres des gardiens du temple. Dire que l’appel à la prière de l’aube est trop fort et qu’il incommode des gens fragiles, c’est être taxé de mécréant. Pourtant, il faut bien qu’un jour on comprenne définitivement que la religion a sa place dans les mosquées et n’importe quel pédagogue vous dira qu’elle n’a pas à pénétrer de la sorte les programmes scolaires. Le dire, c’est s’exposer aux pires représailles d’une société prétendument dévote et qui abrite tant de maux…