Il a fallu très peu de temps aux banques publiques pour ressentir l’onde de choc de leurs participations à l’effort national de financer l’économie.
Après avoir participé avec 20 milliards de dinars chacune, elles sont presque toutes descendues dans le marché interbancaire pour prêter de l’argent. Intervenant dans une situation de difficulté, l’emprunt obligataire, auquel ont souscrit les banques aussi bien publiques que privées, a fini par mettre à nu la situation précaire des banques qui chemin faisant ont trouvé des difficultés sérieuses à constituer leurs réserves obligatoires. Ce qui a contraint la Banque d’Algérie à consentir pour la deuxième fois en une année à une réduction du niveau de cette réserve obligatoire en la ramenant de 8 à 4%.
Quand l’idée séduisante de lever des fonds pour financer l’économie nationale en difficulté est apparue, les premières appréhensions ont concerné l’argent sale mais, outre la moralité de circonstance, la satisfaction d’absorber dans le circuit officiel l’argent de l’informel était le deuxième objectif atteint par le même coup à savoir financer l’économie et absorber un tant soit peu l’argent de l’informel. Ce qui a été politiquement correct puisque l’opération s’est soldée par une levée de 568 milliards de dinars avant que les banques montrent des signes d’essoufflement. Maintenant que l’opération du ENCE est arrivée à échéance pour les remboursements, les banques se font concurrence sur le marché interbancaire pour prêter de l’argent. Certaines d’entre elles éprouvées par le manque de dépôts peinent à honorer l’obligation de constituer la réserve obligatoire, mensuelles constituée du total des dépôts en dinars, les devises ne sont pas comptabilisés. Depuis, 2016, la Banque d’Algérie et en pré- vision d’assèchement de la liquidité bancaire, a consenti la réduction du plafond de cette réserve le ramenant de 12 à 8, en mai 2016. Mais, cela s’avère insuffisant.
La Banque d’Algérie décide alors de consentir une nouvelle coupe cette fois de 50% en ramenant le taux de 8 à 4%. En l’espace de trois ans, la Banque Centrale est passée de régulateur de surliquidités à modérateur de cet assèchement. Pendant de longues années comme expliqué dans le communiqué, la Banque d’Algérie a opté pour une politique d’absorption des surliquidités en mettant en œuvre des instruments d’absorption de la liquidité en sa possession tel que les reprises de liquidités à 7 jours, 3 et 6 mois avec rémunération. La baisse des recettes d’exportations et par conséquent des recettes fiscales pétrolières a depuis 2015 réussi à venir à bout de cette surliquidité.
La Banque d’Algérie a de fait, réorienté sa politique pour jouer sur le tableau de la réserve obligatoire en la ramenant de 12 à 8 et enfin 4% permettant aux banques de souffler car ces dernières en plus du fait qu’elles soient tenues de constituer cette réserve sont passibles de pénalités en cas de défaillance. A cela s’ajoute la faveur de mettre en garantie les titres que les banques détiennent auprès de la banque d’Algérie contre la valeur exacte de ces titres, ce qui est une source de liquidité en plus pour elles.
La Banque centrale compte, à travers ces mesures, «libérer des marges supplémentaires de liquidité aux banques et à les doter de capacités et moyens additionnels d’appui au financement de l’économie».