APN / Les députés veulent protéger Tamazight des surenchères

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De nombreux députés ont plaidé, hier  lors d’une session plénière présidée par Said Bouhedja « pour soustraire Tamazight   aux  pressions idéologiques et politiques  afin d’assurer son épanouissement ».

Ils ont salué le contenu du projet de loi relatif à l’institution de l’Académie algérienne de la langue amazighe sur décision du Président de la République. Ce texte soumis à débat « traduit l’article 4 de la loi fondamentale du pays », a expliqué le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans son exposé. Selon Tahar Hadjar, « il s’agit, d’une institution nationale à caractère scientifique visant la collecte de tout le patrimoine linguistique de la langue amazighe afin de l’enrichir et lui donner l’importance qu’il mérite ». Il a rappelé que la Constitution amendée de 2016 a consacré Tamazight comme langue nationale et officielle et prévu la création d`une Académie. Le projet de loi organique composé de 31 articles définit ses missions, sa composition, son organisation et son fonctionnement.  L’ Académie, chargée de recueillir le corpus national de la langue amazighe a pour mission d’établir la normalisation de la langue amazighe à tous les niveaux de description et d’analyse linguistique et d’élaborer un dictionnaire référentiel. « Cette institution, fruit d’un long combat se chargera d’initier des recherches approfondies sur tamazight dans le cadre d’un projet national visant la promotion et la numérisation », a-t-il ajouté. L’Académie élaborera un rapport annuel qu’elle soumettra au Chef de l’Etat. Quant à sa composante, son Président sera désigné par le Président de la République. 50 membres siégeront dans cette nouvelle institution. Ils seront choisis parmi les experts et compétences avérés dans les domaines des sciences du langage. Lors des débats, hormis le RCD qui a demandé le retrait du projet, les députés se sont accordés à dire qu’il est « important de soustraire tamazight à tout extrémisme». Pour Djamel Bahloul ( FFS ) , » il y a nécessité absolue d’élaborer une loi organique confirmant l’officialisation de tamazight en tant que langue officielle car l’Académie n’est qu’un instrument ». « Il y a lieu également de lever le flou en rectifiant l’article 3 et le préambule de la Constitution pour confirmer la dimension amazighe de l’Algérie ». « Tamazight doit s’ériger en constante nationale que nul amendement constitutionnel ne doit concerner», s’est il exclamé. Le député FFS a estimé que l’Académie est un « pas important mais insuffisant ». Fatma Zahra Bourekba (FLN) a que cette Académie constitue un maillon d’un long processus de reconnaissance identitaire mené avec sagesse par le Président de la République. Lakhdar Benkhellaf du FJD s’est attaqué ouvertement au « MAK » . «  Tamazight doit être retiré de la surenchère politicienne afin qu’elle retrouve la place », a-t-il clamé . « Tamazight doit être un facteur d’unification et non de séparation » a-t-il clamé en exigeant son écriture en langue arabe. Djelloul Djoudi du PT a estimé que cette académie constitue un tournant positif dans un long processus historique et démocratique. Pour concrétiser cette démarche, il a recommandé de fermer la porte « aux aventuriers » voulant porter atteinte à l’unité nationale. Djoudi a proposé la création d’un ministère délégué dont le rôle sera de généraliser Tamazight. Il a aussi fait remarquer que la durée du mandat des membres de l’académie n’a pas été précisée dans la dite loi. Farida Si Nacer de l’ANR a suggéré que les membres de cette institution soient des chercheurs maitrisant parfaitement le Tamazight. « Tamazight a été accablé malheureusement   par les conflits idéologiques », s’est elle écriée avant de mettre en avant le caractère purement scientifique que doit revêtir l’Académie. Athmane Maazouz du RCD estime que le projet «  est truffé de contradictions ». Selon lui, «  le gouvernement veut fuir ses responsabilités quant au rôle de l’Etat dans la promotion et le développement de Tamazight  ». « Pour que celle-ci ait des chances de se développer il faut que l’esprit de la constitution consacrant tamazight langue officielle se traduise traduit dans les faits », a-t-il ajouté. « On ne peut faire l’impasse sur   une loi organique indispensable pour   la promotion de toutes ses variétés linguistiques et son utilisation dans les documents officiels et les institutions » , a-t-il soutenu.

Moussa O