Le cinéaste Karim Sayad, a clôturé, jeudi soir, la 17 eme édition des rencontres cinématographiques de Bejaia, en présentant son second long métrage, produit en 2018, « Mon cousin anglais « , qui, franchement, a ravi le public.
Le film, est un portrait intimiste de son cousin, établi à Grimsby, en Grande-Bretagne depuis 2001, clandestinement d’abord (06 ans) puis de façon régulière et qui à 40 ans fait le vœu de retourner au pays, pour y monter une affaire et trouver chaussure à son pied avec une compatriote. C’est l’archétype parfait de l’émigré, qui » fuit » son pays pour améliorer son sort et qui au bout d’un certain temps finit par s’en lasser en rêvant de faire le sens inverse. Malgré, une relative aisance financière, il fait annuellement jusqu’à 3.000 euros d’économie par an, les » sacrifices consentis », en l’occurrence, un acharnement au travail, partagé entre chantiers et boutiques de restauration rapide, lui semble disproportionnés, accablés de plus, par l’absence du vie truculente ou distrayante. Tout son temps hors boulot, se résumant en tournées capiteuses dans les pubs ou dans des réunions fréquentes et abondamment arrosées dans son appartement. Ses amis, quasiment les mêmes sont des british de souche et de condition sociale analogue et qui de plus votent tous, pour le » Labour party». Sayad, le filme ainsi dans toute son intimité, autant à la maison qu’a l’extérieur, notamment au boulot et au marché, où souvent il s’y rend, pour préparer les cadeaux à ramener aux membres de sa famille en Algérie. Fayed, tenait à faire plaisir et à gâter tout le monde. Sa générosité, n’ayant pas de limites. Le personnage est truculent, un vrai bout en train, avec un sens de l’humour, sinon british du moins Harrachi d’où il est originaire. Ses répliques naturelles, ont fait bidonner, du reste, le public, plus d’une fois tant il est décoiffant. Mais voilà, la crise de la quarantaine ne l’aide pas à trancher son destin : Rester ou revenir, d’autant qu’il subit des influences sociales et familiales très forte. Et la fin du film, le doute sur l’attitude à adopter était toujours de mise. Le public en tous cas a adoré. L’úuvre dans son ensemble est un bol d’air, une friandise d’un rare délice. Cette soirée de clôture a été précédée dans l’après midi, par la présentation d’un film Danois, projeté dans le cadre de ces RCB et en partenariat avec les journées du film Européen. Il s’agit du film de Simon Lereng Wilmont, intitulé » the distant barking of dogs » (l’aboiement lointain des chiens), qui évoque le conflit Russo-Ukrainien et qui met en lumière un portrait de guerre, celui d’Oleg, un enfant Ukrainien de 10 ans, pris dans les tourments de la guerre. L’auteur subodore l’impact sur sa vie et les cicatrices qu’il portera dans le futur. Projeté en présence des ambassadeurs de l’Ukraine, Maxime Sobh et de l’union Européenne en Algérie, John O’ Rourke, le film a été magistralement réalisé, ayant réussi à magnifier son histoire, dans un contexte de guerre, sans montrer la moindre image d’atrocité ou de violence humaine forte. Tout a été réalisé en parabole, en s’appuyant les bruitages militaires, notamment les éclats d’obus, le vrombissement des moteurs d’avion, ou les tirs de mortiers. L’enfant suivi, une année durant par la caméra en plein conflit, hormis ses peurs répétitives indicibles, a paru évoluer dans une atmosphère amène, absolument bucolique et surtout remplie d’amour et de tendresse, celle dont l’entourait sa grand-mère, et qui faisait tout pour combler les sentiments de sa mère morte.
Benadel M