Crise politique: Vers une solution consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires

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Alger :15.06.2019 La conférence nationale de la société civile s'ouvre à Alger. PPAgency

 

Aujourd’hui plus que jamais, les choses semblent évoluer dans le bon sens au grand bonheur des Aériens qui battent le pavé chaque vendredi pour réclamer le changement radical tant attendu et pour un Etat de droit digne de ce nom.

Avec la mise en détention provisoire de plusieurs anciens symboles du régime de Bouteflika, les responsables qui détiennent actuellement les rênes du pouvoir auront répondu favorablement à une partie des revendications soulevées par des milliers d’Algériens en attendant la satisfaction des autres revendications. Il s’agit, pour les Algériens, d’une question de principe sur laquelle ils ne veulent pas céder. Cette nouvelle journée de mobilisation intervient au moment où les initiatives de sortie de crise se multiplient. Pour de nombreux observateurs, le Hirak populaire qui réclame un changement radical du système, se doit de passer à une nouvelle phase à travers la désignation de représentants officiels capables d’élaborer une feuille de route pour négocier avec les parties dirigeantes en vue de réaliser la principale revendication de la rue algérienne, à savoir le changement de tout le système. Après avoir obtenu certaines revendications, les manifestants exigent maintenant l’instauration d’un État de droit et d’une véritable démocratie, en passant préalablement par une période de transition conduite par des personnalités n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années. Cette période est nécessaire pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d’exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes. C’est pourquoi, ils demandent à l’institution militaire de nouer un dialogue « franc et honnête » avec des figures représentatives du hirak, des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent, afin de trouver au plus vite une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis plus de trois mois. A ce titre, l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour avait appel à une lecture attentive de la Constitution pour aboutir à une solution politique à la crise que traverse le pays sans trop s’éloigner de ses dispositions. Benbitour a estimé que l’idée du respect stricto sensu de la Constitution ne fera pas sortir le pays de la crise, expliquant que la solution politique s’opère par un changement serein du régime à travers l’application des articles 7 et 8 de la Constitution puis l’activation de l’article 102 durant une période de transition qui devra donner lieu à l’élaboration d’une feuille de route pour une sortie de crise, la désignation d’un gouvernement de transition et la définition des modalités d’organisation d’une élection Présidentielle régulière. Il avait mis en avant l’importance de choisir des représentants compétents du Hirak populaire pour des négociations avec les parties dirigeantes en vue d’un changement total du système. Plus explicite, M. Benbitour propose la désignation d’un représentant par wilaya pour que ces représentants se réunissent, par la suite, pour élire trois d’entre eux pour parler au nom du Hirak. En revanche, la classe politique reste divisée sur la forme du dialogue, même si, sur le fond, tout le monde privilégie la voie de la concertation pour une sortie de crise.  

 

Ainsi, le Secrétaire général du parti du FLN, Mohamed Djemaï avait réitéré son appel pour un dialogue constructif en vue de sortir de la crise politique que traverse le pays avec la participation de toutes les forces politiques et représentants de la société civile, appelant l’ensemble des partis politiques, des organisations, des associations et des jeunes du Hirak à prendre part à ce dialogue et à être aux côtés de la République. Fustigeant les promoteurs d’une transition, qui veulent faire revenir l’Algérie en arrière et effacer d’un revers les pas franchis jusque-là sur le chemin de la construction démocratique, M. Djemaï a appelé au dialogue pour permettre au peuple d’être «le dépositaire de la souveraineté à travers les urnes et des élections transparentes et régulières». Dans le même sillage, le SG du FLN a mis en garde contre des parties «craignant les élections et qui et tentent d’infiltrer le Hirak populaire, qui affiche chaque semaine, de nouvelles revendications». S’adressant aux militants de son parti, M. Djemaï les a exhorter à «se mobiliser autour de l’Institution militaire et à suivre son exemple», saluant «sa clairvoyance, sa patience, son patriotisme et son amour pour l’Algérie. Il a mis en avant, en outre, son accompagnement aux revendications légitimes du peuple algérien». Abondant dans le même sens, le RND a accueilli favorablement l’invitation du chef de l’Etat à un dialogue national sérieux pour réunir les conditions d’une élection présidentielle régulière, affirmant que le peuple algérien a exprimé sa volonté souveraine pour le changement et il est temps d’appliquer l’article 8 de la Constitution à travers l’élection du président de la République, qui concrétisera ce changement ainsi que les réformes escomptées.  Le parti relève que l’Algérie « exhorte tous ses enfants nationalistes à se mettre autour de la table pour aller ensemble, dans les meilleurs délais, vers une élection présidentielle afin de garantir la stabilité politique et socioéconomique du pays ». Pour sa part, le Mouvement populaire algérien (MPA) a affiché sa disposition à contribuer, à travers sa participation, à « faire aboutir ce dialogue, prôné par l’Etat algérien », soutenant que sa position « est une position de principe, partant de notre conviction que la solution à la crise actuelle que traverse notre pays passe inéluctablement par des concertations inclusives et franches entre les différents partenaires ». Pour le MPA, ce dialogue mènera à une élection présidentielle qui est la solution politique et démocratique à même de « permettre l’élection d’un nouveau président de la République, jouissant de la légitimité et de la crédibilité nécessaires pour conduire les différentes réformes exigées par le peuple ». Néanmoins, il estime que le retour au urnes dans les plus brefs délais « doit être précédé de la mise en place d’une instance électorale indépendante qui veillera à garantir des élections transparentes et libres ». De son côté, l’Alliance nationale républicaine (ANR) s’est félicitée du contenu du discours du chef de l’Etat, notamment l’appel à un dialogue national inclusif pour garantir les meilleures conditions d’une élection Présidentielle dans les plus brefs délais, soulignant que cet appel « s’inscrit en droite ligne avec la position constante exprimée par le parti depuis le début de la crise politique dans le pays, et qui considère que le dialogue inclusif, sérieux et non exclusif constitue la seule voie pour dépasser cette conjoncture complexe, dans le cadre de la solution constitutionnelle et électorale ».          A ce propos, l’ANR a appelé à nouveau l’ensemble des partenaires à « faire prévaloir impérativement les intérêts suprême de la nation sur les intérêts partisans ou personnels étroits et à engager, sans perte de temps, un dialogue responsable, réaliste et constructif permettant de répondre aux aspirations et aux revendications légitimes du hirak populaire, et de concrétiser la volonté souveraine du peuple dans le cadre d’une Présidentielle crédible », mettant en avant la nécessité de commencer par dégager un consensus sur l’instance indépendante chargée de l’organisation et de la supervision des élections.

 

Le Mouvement El Islah a également valorisé le contenu du discours de M. Bensalah, soulignant que le mécanisme de dialogue était « le moyen adéquat de rapprochement des vues et le plus à même de susciter un consensus national capable de sortir le pays de sa crise actuelle ».  Le président de cette formation politique, Filali Ghouini, a estimé impératif d’aller « en urgence » vers des assises de dialogue et de concertation regroupant les différents acteurs afin de parvenir à « un large consensus national, dont les résultats allieront le texte constitutionnel et les solutions politiques inspirées de la Constitution, et ainsi élaborer d’une feuille de route consensuelle et sereine aboutissant le plus rapidement possible à l’échéance présidentielle ».   Par ailleurs, le FFS a considéré que le discours du Chef de l’Etat visait « le maintien du statu quo et la résistance au changement, ainsi que l’application d’une feuille de route afin de préserver un système stérile et usé au lieu de suivre la voie de la sagesse en répondant positivement aux revendications populaires. Dans son dernier discours, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, avait appelé la classe politique, la société civile et les personnalités nationales à opter pour la voie du dialogue inclusif en vue de poser les jalons du processus de concertation en vue de « poser les jalons du processus de concertation que l’Etat s’emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle, et partant, tracer une feuille de route devant aider à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité ».Après avoir rappelé ces invitations, lors de ses précédents discours, au dialogue et à la concertation, le chef de l’Etat a réitéré son engagement à « garantir au scrutin présidentiel toutes les conditions d’une élection régulière, libre et transparente, telle que souhaitée par notre peuple », précisant que cette nouvelle étape « est incontestablement une opportunité précieuse pour restaurer la confiance et mobiliser les forces patriotiques nationales en vue de construire le consensus le plus large possible autour de l’ensemble des questions en rapport avec les aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, et sur les mécanismes de son contrôle et sa supervision ».A ce propos, M. Bensalah s’est dit convaincu que « seul le président de la République, élu démocratiquement, jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer ces réformes et contribuer à relever les défis qui se posent à notre Nation », assurant par la même occasion que l’organisation d’une Présidentielle « dans des délais admissibles, sans aucune perte de temps, constitue l’unique voie et la plus efficace, politiquement et la plus rationnelle, démocratiquement ». Dans ce sens, il a réitéré son appel à toutes les parties concernées à « participer au processus consensuel et à faire prévaloir la sagesse et l’intérêt du peuple, tant dans leurs débats que dans leurs revendications, en les invitant également à « saisir cette nouvelle opportunité pour s’impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd’hui plus que jamais ».

T. Benslimane