Le dopage est-il une fatalité chez nous ? Après le triste épisode de Youcef Belalili en 2015 et d’autres joueurs de la Ligue 1 et de la Ligue 2 contrôlés positifs à la suite de tests antidopage, l’on croyait que leurs collègues étaient définitivement immunisés contre ce fléau destructeur.
D’autant que c’est leur carrière qui est en jeu. Voilà que le cas de Cherif El Ouezzani réveille en nous de mauvais souvenirs. L’on est revenu au point de départ. Comme quoi, on a beau prendre les plus sévères sanctions, sur le plan disciplinaire, ce n’est pas suffisant pour en faire des exemples. Parfois l’on a du mal à comprendre ou à expliquer le comportement de certains sportifs qui ont tout pour réussir, mais cèdent à la tentation. « On peut résister à tout, sauf à la tentation », a écrit Oscar Wilde. L’écrivain irlandais résume parfaitement la faiblesse des êtres humains. Est-ce par amour du risque, par défi, ou simplement parce qu’on se sent invulnérable, car on est adulé par les fans ? La nature humaine est insondable. Des années de travail, de sacrifices et de privation partent ainsi en fumée. Car il sera difficile pour un joueur de football de haut niveau de se remettre d’une suspension de 4 ans. Le seul espoir pour Cherif El Ouezzani à présent est que sa peine soit réduite de moitié, comme l’a été celle de Youcef Belaili. Mais la procédure sera longue et coûteuse et elle n’est pas sûre d’aboutir. Le cas du sociétaire du MCA ressemble étrangement à celui de l’actuel joueur de l’ES Tunis. Tous les deux ont été convaincus de dopage à la cocaïne. Tous les deux ont pris de la chicha et disent qu’ils ont été piégés ne sachant pas qu’elle contenait de la cocaïne. Il faut dire que le joueur est tenu de connaitre tous les produits qu’il ingère. Il ne peut se dérober à ses responsabilités vis-à-vis du règlement et de la loi. Cela dit, ces cas de dopage sont-ils liés à la compétition. En d’autres termes, est-ce que l’on prend ces produits interdits pour améliorer nos performances ou c’est une simple consommation de drogues ? Dans les deux hypothèses c’est condamnable, mais ça diffère sur le plan de l’éthique. Dans la majorité, nos joueurs n’ont pas été formés pour affronter la vie. Quittant les bancs de l’école très tôt, leur vie se résume depuis l’enfance, à taper dans un ballon. Ceux qui réussissent parmi eux, gagnent rapidement des sommes d’argent faramineuses. Mal encadrés et peu suivis, ils tombent facilement dans une vie dissolue où se mêlent argent, filles, alcool et drogues. Un cocktail détonnant duquel l’on ne sort pas indemne. Combien de jeunes prometteurs ont vu leur carrière stoppée net, à cause de leur mauvaise hygiène de vie ? Ils sont légion. Ceux qui n’ont pas été attrapés par la patrouille, ont vu leur talent décliner pour s’étioler définitivement. Ils sont les grands perdants tout comme leurs clubs qui n’ont pas su les encadrer et les protéger contre les mauvaises fréquentations. Il faut avouer qu’il n’y a plus d’éducateurs comme par le passé qui ont formé des générations de footballeurs dans tous les domaines. Aujourd’hui, l’on se contente de venir à l’entraînement, ensuite chacun vaque à ses préoccupations. Il n’y a plus cette complicité entre le coach et ses joueurs pour former une deuxième famille. Dans un monde froid et acéré, les dérapages sont devenues monnaies courantes.Le dopage chez nous n’est fort heureusement pas institutionnalisé comme dans d’autres pays, mais ça concerne des cas isolés victimes de leur ignorance. Sont-ils à plaindre ou à incriminer ?
Ali Nezlioui