Le recul de la société ?

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Il y a quelques jours l’écrivain prolifique Amine Zaoui disait dans une des chroniques «les partis islamistes ont reculé, mais l’islamisme a énormément avancé». Comme pour appuyer cette affirmation, une scène digne des temps lointains de la djahilia s’est déroulée à Sétif où un illuminé d’un âge certain, barbe et kamis immaculé, s’en est pris violemment à la fameuse statue représentant une ondine toute en pierre. A coups de gros marteau, il s’est évertué à en détruire le moindre contour suggestif afin sans doute de noyer des frustrations profondément enfouies et qui ont donc soudain émergé à la surface de cet individu convaincu qu’il accomplit là un acte salutaire pour la morale. Il a donc fallu que la fameuse statue soit rescapée des années noires pour finir sous les coups de marteau d’un prétendu dépositaire de la foi. Voilà qui donne une idée sur la conception rétrograde de l’art sous toutes ses formes, viscéralement combattu par ces sectes qui croient détenir la vérité infuse. Mais le plus grave, c’est la passivité des nombreux badauds amassés autour de l’objet du délit et qui s’évertuèrent tous à photographier la scène sans que personne intervienne. C’est que la vox populi est convaincue que ces gens-là sont des saints et qu’ils prêchent la vérité infuse. Alors s’est instaurée une permissivité vis-à-vis de ces gens qui se permettent de régir la vie des autres selon leur idéologie. D’ailleurs, ils ne savent que cela, interdire et encore interdire, sévir, punir, sanctionner selon les préceptes de leur propre islam. « Nous nous trouvons dans une nouvelle société, une société totalement islamisée ou presque ! Notre société a perdu l’islam en adoptant l’islamisme», écrit Amine Zaoui. Là le rôle joué par les institutions éducatives, de l’école à l’université a été déterminant dans cet immense recul de la société. Aux dernières nouvelles l’auteur du saccage n’aurait pas tous ses esprits. Il fallait donc juste maîtriser le forcené. La société ne l’a pas fait.