La direction de la culture de la wilaya a organisé au niveau de la Bibliothèque principale de lecture publique du chef-lieu de Tizi Ouzou, la 20e édition des rencontres littéraires, avec un auteur, artiste-peintre, chanteur, compositeur, Mokrane Aït Lounès.
Cette rencontre a permis de faire découvrir à un public de femmes et d’hommes cet auteur, âgé aujourd’hui de 70 ans, un autodidacte qui ne connaissait pas «un seul mot en français» lorsqu’il émigra en France en 1963, âgé alors de 14 ans, quittant, avec ses parents, à trois heures, son village natal, Tanedlest, chef-lieu de la commune des Aït Khelili (Mekla -Tizi Ouzou). Mokrane Aït Lounès, de son vrai nom Nazef Mokrane, vivant toujours en France avec sa famille, dira à cette occasion qu’il avait toujours à l’esprit «l’espoir de pouvoir écrire un jour tout ce qu’il avait en tête, y compris lorsqu’il était enfant et en rapport avec la vie, la société, l’amour, la haine».L’artiste-auteur dira : «Je sentais en moi une force qui me poussait à aller de l’avant.» Au départ, ajoute-t-il, «j’écrivais des poèmes et des réflexions ayant pour thème des départs en retraite, des naissances ou des mariages, puis j’ai commencé à écrire mon premier livre sous l’intitulé L’amour, la haine et la souffrance (1998). Chaque midi, avec Mme Le Bon, une collègue, nous mangions vite afin d’avoir un peu de temps pour écrire une page ou deux. Elle ne comprenait tellement pas ce que j’écrivais que j’ai fini par lui dicter. Cela nous a pris plus de deux ans pour écrire l’ouvrage».En 1992, notera le conférencier, «un directeur d’une des sociétés où je travaillais m’a payé l’édition de mon premier livre, intitulé L’Homme et la sagesse. Après l’édition de L’amour, la haine et la souffrance». M. Nazef rédigera quatre autres manuscrits. Néanmoins, Mme Le Bon, sa bienfaitrice, partira en retraite, avec le déménagement de leur société. Se trouvant dans les nouveaux locaux de cette entreprise, et grâce à ses écrits, Mokrane Aït Lounès sera «récompensé» par ses responsables, qui l’ont doté d’un bureau et d’un ordinateur. Là, il trouvera encore un autre ami bienfaiteur vietnamien, qui l’aidera dans la correction de ses écrits et de ses comptes-rendus de travail. Ecrivant des poèmes à l’occasion de départs en retraite, de mariages, de moments difficiles et autres événements se produisant dans le cours de la vie, Mokrane Aït Lounès est à plus de 50 planches de dessin, dont certaines sur toile.Il a édité six manuscrits. Son septième livre est La légende berbère ou la lame du peuple (tome 2), dont il a ramené une petite quantité en les dédicaçant lors de cette rencontre à la Bibliothèque principale de Tizi Ouzou où il a été honoré par la directrice de la culture, Mme Goumeziane. Ses ouvrages étant tous édités en France, certains narrant des faits réels et d’autres de fiction, l’auteur nous dira qu’il a fait des annonces à travers plusieurs médias nationaux (audio et visuels) pour publier, «avec un grand honneur des livres dans mon pays, l’Algérie» mais, avoue-t-il, il n’a reçu aucun retour d’écho. Etant de modeste condition sociale, qui ne lui permet pas de financer entièrement la publication de ses ouvrages, il est disposé à participer au paiement partiel de ses œuvres pour peu que quelques maisons d’édition en Algérie le saisissent à ce propos. Ses livres sont notamment, L’homme et la sagesse du XXe siècle, L’amour, la haine, la souffrance (tomes I et II), Le mauvais fruit, La légende berbère, La renaissance et La lame du peuple, en plus de peintures artistiques, de poèmes et même de chansons en kabyle.