Parution: L’ouvrage « Ouacifs face au 7ème bataillon de chasseurs alpins » où les témoignages poignants sur la résistance

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Azwaw Ikhlef met à la disposition du lecteur et des chercheurs notamment, un document historique,fruit d’un travail de recherche et de collecte de témoignages qui a duré trois ans Un ouvrage « Ouacifs face au 7ème bataillon de chasseurs alpins » (éd. ENAG 2017), présenté à la  bibliothèque principale de lecture publique de Tizi-Ouzou par son auteur Ikhlef Azwaw, est un recueil de témoignages poignants sur la résistance de toute une région, et particulièrement des habitants du village de Timeghras (daïra des Ouacifs (Tizi-Ouzou), aux atrocités du colonialisme français.

Consacré aux événements ayant marqué la région des Ouacifs (à une quarantaine de kilomètres de Tizi Ouzou) durant la Guerre de libération nationale, le livre, de 538 pages, est illustré par une vue panoramique du village Timeghras prise à partir du mont Talletat (Main du juif) et est  préfacé par le sociologue et historien Abdelmadjid Merdaci. Il comporte également des données géographiques sur le village Timeghras, sa population, les martyrs par tranche d’âge, leurs origines et celles des principales tribus, son organisation sociale et autant d’autres donné socio-anthropologiques, mais aussi l’économie et les ressources de ce petit village. Azwaw Ikhlef, né le 20 décembre 1949 au village Timeghras, met à la disposition du lecteur et des chercheurs notamment, un document historique, fruit d’un travail de recherche et de collecte de témoignages qui a duré trois ans, riche en documents officiels historiques, lettres et autres correspondances, mais aussi de portraits de martyrs et moudjahidine. La liste des 145 martyrs de Timeghras illustré par 94 photos, dont 64 femmes  et six enfants est annexée à l’ouvrage, ainsi que la liste des témoins (des moudjahidine et des citoyens ayant vécu les événements rapportés). Au fil des 538 pages, l’auteur sort de l’ombre des événements et des noms de Chouhada et de maquisards connus sommairement comme c’est le cas du chahid Mansri Amer, exécuté le 8 avril 1957 par le supplice de la guillotine, et son compagnon d’armes le chahid Kacha Akli, surnommé « le tigre noir du Djurdjura » pour son courage et condamné à mort par contumace dans la même affaire que Mansri. Azwaw Ikhlef comble ce vide en donnant des détails sur leurs parcours et à travers leurs portraits et sur d’autres moudjahidine de cette région. Utilisant des mots simples et une langue fluide, l’auteur de l’ouvrage rapporte qu’un atelier de fabrication d’explosifs et de bombes artisanales a été installé en août 1954 en prévision du déclenchement de la guerre de libération nationale (le 1er novembre 1954), dans la maison d’Ait Mokhtar Ahmed dans le village d’Ait Abbes. Les essais étaient effectués à Ifri  Smedhen (la grotte fraîche).L’installation du 7ème bataillon de chasseurs alpins (BCA) qui rentrait d’Indochine vers le mois de mai 1956 dans la ville d’Ouadhias dont une des compagnies s’est installée à Ait Boumahdi sous le commandement du sinistre capitaine Cyrille Brochet (1956/1961) et où ont été commis « les assassinats les plus abjectes », est un autre événement important rapporté dans cet ouvrage. L’auteur parle de la première opération militaire contre les troupes du BCA à Ighzer l Hanout, le 4 janvier 1957, près du village Tiroual. Durant cette bataille un hélicoptère de combat a été touché par Houacine Mokrane (du village Zaknoun) et tomba sur les hauteurs du village Ait Abdellali au lieu-dit Imerwen. Il aborde aussi l’opération jumelle dans la région d’Ouacifs en évoquant le premier accrochage qui a eu lieu le 14 juillet 1959, entre un commando de l’ALN de 11 moudjahidine dirigé par le commandant Almas Slimane, dit Si Slimane. Un hommage particulier a été rendu, dans ce livre, aux femmes, pour leur rôle pendant la Guerre de libération nationale et qui « ne doit pas être occulté par l’Histoire ». Elles s’occupaient de l’organisation des réseaux de soutien, d’information, de la collecte de fonds et de denrée alimentaires et construisaient ou aménageaient des abris. Il rapporte comment une embuscade pour capturer le moudjahid Menacer Arezki a été déjouée grâce à la vigilance de femmes dont les épouses de Lamari Kaci et Benzahi Hadjhila. On y découvre aussi le portrait de Ouassel Yamina qui a aménagé un abri en face d’une caserne militaire française et de Razi Djedjiga, qui a organisé, avec d’autres membres de sa famille et de sa belle famille à Timeghras, un réseau de soutien qu’elle étendra vers son village natal Ait Boumahdi où elle aménagea un refuge au domicile des Ait Oumzil, et un deuxième chez la famille Mezdour, en plus de celui de Timeghras dans sa propre maison. Des femmes froidement exécutées par l’armée coloniale. Azwaw Ihklef raconte aussi l’histoire du miraculé de la forêt de Berrekmouche, le moudjahid Si Ouakli de Timeghras blessé et laissé pour mort pendant deux jours et deux nuits dans une cache dans cette même forêt  qui fut soumise à d’intenses bombardements. Il sera découvert en vie au 3ème jour par un jeune fellah. M. Ikhlef Azwaw qui a présenté son livre mercredi soir à la bibliothèque principale de lecture publique de Tizi-Ouzou, a indiqué qu’un CD comportant des témoignages devait accompagner son ouvrage, mais la personne qui a filmé a refusé de les lui remettre. Il a annoncé qu’il préparait un autre ouvrage sur le chahid Belgrine Saïd, dit Saïd Amechtoh, chef de front dont il a assisté à l’exécution par pendaison alors qu’il n’avait que 8 ans. L’auteur du livre « Ouacifs face au 7ème bataillon de chasseurs alpins » a appelé à écrire l’histoire de la guerre d’Algérie, par régions, pour « fixer des éventements et les noms de ceux qui les ont faits ». « Il ne s’agit pas d’écrire en espérant tirer profit, mais de le faire par devoir de mémoire », a-t-il dit.