De Constantine à Alger, en passant par Tizi Ouzou ou Béjaïa, les services de sécurité, les établissements éducatifs et les institutions publiques ont mené depuis janvier une série d’actions de sensibilisation contre la drogue. En quelques mois, plusieurs centaines d’interventions ont été recensées dans le pays, traduisant une réponse croissante à un fléau qui inquiète autant qu’il mobilise.
Face à la montée de la consommation de drogues et de psychotropes, particulièrement chez les jeunes, l’Algérie multiplie les efforts de prévention depuis le début de l’année 2025. Des campagnes ont été menées dans plusieurs wilayas, souvent à l’initiative des Sûretés de wilaya, en coordination avec les secteurs de la santé, de l’éducation et de la jeunesse. À Constantine, l’une des campagnes les plus structurées a touché 138 établissements éducatifs et professionnels, auxquels se sont ajoutées 104 sorties de terrain dans les espaces publics. L’action a été assurée par une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, psychologues et agents de police spécialisés.
Des chiffres préoccupants
Les résultats judiciaires dans cette même wilaya témoignent de l’ampleur du phénomène : 6,779 kg de kif traité, 70 grammes de cocaïne, 32 609 comprimés psychotropes et 62 flacons de drogues liquides ont été saisis par la police judiciaire durant les cinq premiers mois de l’année. Bien qu’aucun bilan chiffré global n’ait encore été publié à l’échelle nationale, des campagnes similaires ont été observées dans d’autres wilayas comme Alger (notamment à El-Harrach), Tizi Ouzou, Béjaïa et Annaba, ce qui laisse penser à une mobilisation généralisée.
Prévenir, informer, accompagner
Ces campagnes s’appuient sur des formats variés : conférences, ateliers interactifs, affichage public, discussions en milieu scolaire et universitaire, et rencontres avec les familles. Des psychologues, professionnels de santé, enseignants, animateurs religieux et agents de sûreté interviennent souvent ensemble, dans une logique d’approche globale et inclusive. À Alger, certaines actions impliquent aussi des influenceurs et des associations de quartier, dans l’espoir de toucher un public plus large.
Une orientation politique claire
En mars dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’élaboration d’un projet de loi renforçant la lutte contre les psychotropes, avec un volet préventif important. Ce texte viendra renforcer les dispositifs mis en place dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la drogue (2020–2024), portée par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT). L’ensemble de ces actions traduit une volonté partagée d’agir avant que le phénomène ne s’enracine plus profondément dans la société. Si les chiffres globaux restent à consolider, le maillage territorial des campagnes et la diversité des acteurs mobilisés montrent qu’un tournant est amorcé dans la lutte contre la toxicomanie. Malia Sahli
