Le partage de la route

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Rien que durant les deux jours de l’Aïd, on a comptabilisé trente victimes des accidents de la circulation, des morts qui ont endeuillé autant de familles en ces jours de fête vite transformés en cauchemars. Laissons aux forces de sécurité le soin de déterminer les causes de ces drames, très certainement imputables à l’excès de vitesse, le refus de priorité, les défaillances mécaniques… Il y a cependant un facteur psychologique dont on ne parle pas et qui peut si la route leur appartient à eux tout seuls. L’autre n’existe pas et c’est alors qu’on peut se permettre tous les dépassements possibles dans les tous les sens du terme, celui de doubler ou de se permettre les plus folles fantaisies comme s’arrêter brusquement sans clignotant et sans crier gare pour acheter des figues de barbarie, feignant d’ignorer que celui qui est derrière et doit dangereusement manœuvrer pour ne pas nous rentrer dedans. Et si jamais celui-ci a le malheur de rouspéter, il se voit traiter de tous les noms, le bras d’honneur en sus. Car le contrevenant qui a failli provoquer un drame, est convaincu qu’il n’est pas en faute, que la route lui appartient en exclusivité et qu’il fait ce qu’il veut. Aussi devant ces accidents qu’on n’arrive pas à circonscrire, des experts sollicités parlent de plus en plus d’un nouveau concept «le partage de la route», comme une forme du vivre ensemble en société. Comprendre enfin qu’il y a d’autres usagers qui rencontrent les mêmes contraintes, encourent les mêmes dangers, sont soumis aux mêmes chauffards qui sévissent sur les routes. Si ce postulat est admis et reconnu, il y aurait beaucoup moins d’accidents, mais nous en sommes bien loin et c’est toute une éducation à parfaire afin de combattre cet égoïsme qui consiste à tout ramener à soi, sans penser à l’autre. L’autre n’existe pas.