Le mois de la boulimie

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A l’approche du mois de Ramadhan, on assiste à une floraison de déclarations de différents responsables assurant tous que toutes les dispositions ont été prises pour que le citoyen ne manque de rien et ne soit pas confronté à des pénuries. On a même songé à instaurer des «marchés spécifiques» disséminés à travers le territoire national, dans le but de proposer des produits à des prix compétitifs. Cela va des fruits et légumes aux vêtements en passant par les fruits secs très demandés durant le mois de jeûne. En relation étroite avec l’UGTA, le ministère du Commerce initiateur de ces marchés, va mettre sur pied des brigades de contrôle qui veilleront quotidiennement à l’hygiène et aux prix. On ne peut donc que se féliciter de ce genre d’initiatives sauf qu’il convient de se poser la question de savoir pourquoi elles ne sont pas prises le reste de l’année ? Certes, l’Algérien consomme moins durant les onze mois qui restent et parler de la boulimie qui s’empare du commun des citoyens durant ce mois dévolu aux ripailles, est un lieu commun. Mais les ménages sont constamment confrontés à un marché qui flambe et sur lequel les autorités publiques n’ont que peu d’influence, impuissantes devant les spéculateurs de tout acabit. L’exemple de la pomme de terre dont le prix a atteint des pics vertigineux, en dit long sur la liberté d’un marché où règnent les spéculateurs de tout bord. Nous sommes l’un des pays où le kilo de viande est parmi le plus cher et à ce jour, on n’est pas arrivé à réguler un marché où les maquignons font la loi devant des autorités qui se résignent à importer de la viande pour répondre aux besoins de la population. Mais toute cette agitation qu’on retrouve chaque année à la veille du Ramadhan confère à ce mois un caractère de festin et en évacue toute la spiritualité et la sacralité qui recommandent pourtant de la mesure dans la consommation. Mais là aussi, on va assister à une surenchère de comportements ostentatoires où la foi est étalée publiquement. Comme pour les fruits et légumes, le reste de l’année, on est moins croyant ?