Selon une étude publiée jeudi dans le New England journal of Medicine, avoir développé une forme grave du Covid-19 ou un Covid long affecterait le cerveau. Les chercheurs ont ainsi observé sur une cohorte de personnes ayant contracté le virus que ceux ayant un Covid long ou qui avait eu une forme grave de la maladie perdaient plusieurs points de QI.
Ces atteintes cérébrales sont heureusement moins fréquentes depuis l’apparition du variant Omicron et le lancement des campagnes de vaccination. Et si contracter le Covid-19 rendait plus bête ? Quatre ans après le début de la pandémie, c’est ce qu’avance une étude publiée jeudi dans le New England journal of Medicine, selon laquelle une infection par le coronavirus affecterait nos capacités cognitives et notre quotient intellectuel (QI). Pour mesurer l’impact du virus sur le cerveau, les chercheurs de l’Imperial College de Londres ont étudié une cohorte de près de 113.000 Britanniques majeurs. Les participants, précédemment infectés par le Covid-19, se sont livrés à différents exercices. Et les résultats observés varient selon la sévérité et la persistance des symptômes.
L’impact des symptômes persistants et des formes graves
Les scientifiques ont fait passer un ensemble de tests aux membres de la cohorte, portant sur leur mémoire immédiate, leur capacité à donner des définitions de mots ou encore à se repérer dans l’espace. Un moyen d’évaluer leur mémoire et leurs facultés d’attention et de concentration. Et selon leurs observations, plus les symptômes associés au Covid-19 ont été sévères ou persistants, et plus le déclin cognitif constaté s’est révélé important. Ainsi, les participants rétablis en moins d’un mois de leur contamination par le Covid-19 ont en moyenne perdu 3 points de QI par rapport au groupe jamais touché par le virus. Plus frappant encore, la baisse de QI est d’environ 6 points chez les participants souffrant de Covid long, celles et ceux présentant encore des symptômes de la maladie plus de trois mois après l’avoir contractée. La baisse observée atteint même 9 points chez les participants qui ont développé une forme grave de Covid-19 ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs. Or, quand on sait que le QI moyen d’une personne adulte se situe aux environs de 100, une telle baisse n’est pas anecdotique.
Les atteintes cérébrales causées par le Covid-19
Dès le début de la pandémie, médecins et scientifiques ont constaté les atteintes cérébrales causées par le Covid-19, et insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas que d’un virus causant des atteintes respiratoires. « J’ai des patients qui ont été contaminés au début de la pandémie et qui décrivent encore des symptômes persistants tels que fatigue, essoufflement, brouillard cérébral et autres douleurs », confiait le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Et « plusieurs études scientifiques ont ainsi documenté « la présence de séquelles neurologiques – notamment des problèmes de cognition et de mémoire – dans la phase post-aiguë de l’infection par le SARS-CoV-2, commente le Pr Ziyad Al-Aly, directeur du centre d’épidémiologie clinique à l’Université de Saint-Louis aux Etats-Unis, dans un article publié jeudi, également dans le New England journal of Medicine. Selon une analyse récente menée aux Etats-Unis, après le début de la pandémie de Covid-19, un million de résidents américains en âge de travailler ont déclaré avoir « de sérieuses difficultés » à se souvenir, à se concentrer ou à prendre des décisions » par rapport à n’importe quel moment au cours des quinze années précédentes ». Selon l’épidémiologiste, « les mécanismes du dysfonctionnement cognitif après une infection par le SARS-CoV-2 doivent encore être élucidés », mais « des études menées sur l’homme et des souris ont montré que l’infection induisait une fusion de neurones, ce qui compromet l’activité neuronale. Des études qui ont montré des réponses neuro-inflammatoires prolongées, des anomalies structurelles et un vieillissement accéléré dans le cerveau de personnes atteintes d’une infection légère à modérée » par le Covid-19. Mais les scientifiques pointent tout de même un élément réjouissant : les personnes ayant souffert d’un Covid long mais qui en ont guéri n’ont en moyenne perdu que 3 points de QI par rapport à celles n’ayant jamais eu le Covid.
Des effets lissés par Omicron et la vaccination
Mais ça, c’était surtout avant Omicron. Les auteurs de l’étude soulignent un point positif dans leurs résultats : les patients contaminés par le variant Omicron et qui ont guéri de leurs symptômes en moins d’un mois n’ont souffert d’aucune baisse de QI. « Probablement parce qu’Omicron génère au départ des formes souvent moins symptomatiques, voire asymptomatiques, donc c’est assez logique », relevait le Dr Davido. Dans la même veine, ils constatent également que les personnes vaccinées contre le virus ont perdu moins de points de QI que les non-vaccinées. Des résultats qui confirment de précédentes études, menées au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, selon lesquelles la vaccination anti-Covid réduirait les risques de développer un Covid long et pourrait atténuer les symptômes persistants du virus. Toutefois, concèdent les auteurs de l’étude, leurs travaux « ne permettent pas de dire si les fonctions cognitives des personnes qui se sont rétablies du Covid-19 finiront par s’améliorer », indiquant que « des travaux complémentaires doivent être menés ».