Passé l’Aïd, la rue retrouve toute sa hideur dans les amoncellements de détritus et de restes que les familles jettent par incivisme, convaincues que c’est à l’Etat qu’incombe la lourde tâche de nettoyage. Sauf que dans les faits, ce sont de pauvres bougres payés au filet social qui s’échinent à ramasser les montagnes d’immondices qui débordent des poubelles. Nous avons pêle-mêle de peaux de mouton, des ossements, des tripes, du foin et le tout dégage une odeur pestilentielle. Ainsi chaque année, chaque festivité, on a droit aux mêmes désagréments et comme dit l’adage, qui n’avance pas recule. Nous avons donc énormément reculé question civisme et, paradoxalement, nous nous targuons d’observer strictement une religion qui fait justement de la propreté un de ses postulats de base. A voir ces nuées de prieurs rangés dans une blancheur immaculée derrière l’imam, on a peine à croire qu’ils vont se transformer en pollueurs attitrés de leur propre environnement, maculant de sang l’espace public qui croule sous les ordures de toutes sortes. Dans l’inconscient collectif, l’espace public commence au palier de son logement et, à peine franchi le seuil de son appartement, on peut tout jeter par terre, puisque « le beylik » se charge de tout nettoyer. Cette mentalité d’assisté est depuis longtemps solidement ancrée chez le commun des Algériens qu’on a habitué à prendre en charge dans beaucoup de domaines, faisant de lui un éternel assisté comptant sur l’Etat-providence. Pour que les mentalités changent, autrement dit pour que l’homme de la rue devienne citoyen respectueux des règles les plus élémentaires du vivre-ensemble, c’est tout un travail d’éducation qui doit être entrepris, accompagné de mesures répressives comme cette police de l’environnement qu’on attend toujours. Taxer celui qui jette une ordure par terre, est un moyen très sûr de l’empêcher de récidiver. Il n’y a qu’à voir le comportement de nos concitoyens à l’étranger. Ils deviennent des citoyens.