Il y a 58 ans, les essais nucléaires de Reggane: Une preuve de l’atrocité des crimes coloniaux

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Photo Conception L'Echo d'Algérie@

Il y a 58 ans, la France a réalisé son premier essai nucléaire sur le sol algérien. Appelée «Gerboise bleue», cette explosion menée dans une discrétion totale par l’armée française depuis l’année 1957, a été exécutée sur le sol algérien le 13 février 1960 et dans le ciel de Reggane, en plein Sahara algérien, engendrant le plus grand dangereux essai nucléaire dont les habitants subissent les affres à ce jour.

Plus grave, ce n’était pas l’unique, puisque la France a procédé à d’autres essais durant les années aprés, comme ce fut le cas le 1er avril 1960, le 13 septembre de la même année et le 18 mars 1963 à In Eker, dans la région de Tamanrasset. Selon des spécialistes en la matière, cette première bombe atomique était d’une puissance de feu nucléaire dépassant les 450 kilotonnes, l’équivalent de trois bombes d’Hiroshima. Pour minimiser la tension et diminuer la gravité de ces essais dans la région, les autorités coloniales affirmaient à l’époque que Reggane était une région inhabitée et désertique.

Plus grave encore, et selon les témoignages, au lendemain de la première explosion, le commandement militaire du centre a organisé une fête pour célébrer le succès de l’explosion, alors que quelques mois plus tard, les gens commençaient déjà à subir les premières conséquences néfastes, telles la perte de vue et l’apparition de nouvelles maladies jamais enregistrées dans la région, en plus de la chute de la production agricole, principale activité économique de la région. Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour demander à la France de reconnaître ses essais comme des crimes de guerre et exigent également des excuses officielles, mais aussi des indemnisations au profit de ces populations qui, 58 ans après, continuent de subir les effets de cette explosion.

Selon les rapports établis par les services de santé algériens et les associations locales, il y a une multiplication effrayante des maladies cancéreuses au sein de cette population, en plus de malformations, de maladies respiratoires et de troubles oculaires dont souffrent en particulier les enfants. Depuis leur expérimentation, il y a plus d’un demi-siècle, l’ampleur des ravages engendrés par ces violentes explosions a été décriée et attestée par des témoignages directs de victimes ou de leurs proches, par des études et recherches spécialisées ou encore par des comptes rendus médiatiques. L’horreur est également relatée par les populations, témoins des fortes secousses ayant ébranlé la région de Reggane et les zones environnantes, mais surtout de la tragédie humaine et environnementale qui en a découlé.

Le porte parole des victimes de ces essais en a appelé, à ce propos, aux responsabilités de la France coloniale, censée répondre de ses crimes devant le droit international et devant le peuple algérien, en même temps qu’il a rappelé son obligation d’indemniser les populations affectées par l’onde de dommages qui s’en est suivie. Les retombées des essais nucléaires dans le Sud s’étaient avérées, au fil du temps, plus tragiques qu’il ne pouvait, au départ, paraître. Le plus important préjudice a été celui impactant la santé des habitants de la région : apparition de maladies diverses et inconnues, caractérisées par des malformations de tous types ainsi que des cas conséquents de cancer et de cécité, comparativement au reste du pays. Une vingtaine de maladies cancéreuses a été répertoriée comme étant une résultante directe de la radioactivité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont certaines de contamination immédiate par la radioactivité et d’autres pouvant être développées à long terme. Plus de 50 ans après ces explosions, leurs effets néfastes pèsent toujours sur la population et l’environnement sahariens, tel que démontré par des tests effectués ces dernières années et révélant l’existence d’un taux élevé de radioactivité dans la région. Ceci, d’autant plus que des déchets nucléaires demeurent sur le site des expérimentations, constituant un péril certain pour les habitants et l’environnement des localités affectées, non encore assainies de la nocivité de la radioactivité.

Une responsabilité qui continue, par ailleurs, d’interpeller la France, auteur des essais de Reggane mais aussi d’In Ecker (Tamanrasset) et des essais chimiques de Oued Namous (Béchar). Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait indiqué que ces essais nucléaires constituent une preuve de l’atrocité des crimes commis par la France coloniale et dont les retombées néfastes sur la santé des populations locales persistent à ce jour. Ces évènements douloureux vécus par la région de Reggane et In Eker et dont le peuple algérien commémore le 58e anniversaire, font partie des innombrables crimes perpétrés par le colonialisme contre le peuple algérien. Zitouni a appelé à la préservation de la mémoire historique et collective du peuple algérien, en mettant en exergue et en glorifiant les sacrifices des aînés et en les léguant aux générations dans toute leur grandeur et avec une grande fierté. S’agissant de la question des indemnisations des victimes de ses essais nucléaires, le ministre a indiqué qu’elle figure parmi les dossiers en suspens entre les deux parties (Algérie et France), dans son aspect lié à la prise en charge des séquelles de l’ère coloniale et à la mémoire collective du peuple algérien, nécessitant ainsi une méthodologie d’action judicieuse et son étude par le canal diplomatique.