Hamza Belaïdi, journaliste de «Dzertic24» décortique l’écosystème  des start-up : «‘‘Les start-up’’ un potentiel à accompagner pour une économie émergente»

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Entretien recueilli par Mohamed Wali Benchabane

Afin d’encourager les jeunes porteurs d’idées innovantes, le gouvernement compte entreprendre plusieurs mesures pour accompagner et encourager la création de nouvelles start-up, dans le but de relancer l’économie nationale hors le secteur des hydrocarbures. Dans cette interview accordée exclusivement au quotidien L’Echo d’Algérie, Hamza Belaïdi, journaliste et responsable de site d’information «Dzertic24», observateur attentif du domaine des start-up, nous a fait le tour d’horizon pour expliquer la nécessité de l’accompagnement de ces petites et moyennes entreprises qui peuvent assurer un processus de reconstruction et de développement d’une économie convenable. Cet observateur très attentif des  «Start-up»  assure que des jeunes Algériens pétris de qualité, et très talentueux possèdent des idées innovantes extraordinaires, peuvent faire des miracles, seulement si on leur assure un accompagnement et encadrement adéquat.

L’Echo d’Algérie : Qui est Hamza Belaïdi ?

Hamza Belaïdi : Je suis journaliste spécialisé en économie, ayant déjà fait un peu le turn-over au sein de plusieurs rédactions nationale, et aujourd’hui je suis responsable du site d’information «Dzertic24», un site qui lutte face aux «fakenews». Je profite à l’occasion pour vous signifie le sigle «Dzertic24» qui est juxtaposé ; la «dz» fait référence au pays, «Dzer» c’est pour mettre en évidence l’immensité de notre désert algérien et «TIC» c’est bien évidement, le domaine de la Technologies de l’information et de la communication. «24» c’est par rapport les 24 heures.

Vous êtes observateur très attentif dans le secteur de l’économie, et les «start-up» en particulier, d’après vous qu’est-ce qu’il manque dans la chaîne de l’écosystème start-up en Algérie ?

J’ai constaté au fil des années que des projets, innovants sont développés partout en Algérie mais pas connus du grand public, il y avait alors un grand besoin de médiatiser ces projets, vulgariser et faire de la pédagogie autour des start-up. L’aventure a commencé pour moi lorsque j’ai été étudiant, où je faisais des reportages pour médiatiser les idées les plus innovantes des jeunes porteurs des projets. D’ailleurs, ce type d’initiative était une façon pour accompagner ces jeunes voulant s’introduire dans le domaine entrepreneurial. Etre journaliste, c’est un peu la voix des autres, et c’est à partir de là que j’ai commencé de m’intéresser aux «start-up» et depuis cette idée ne m’a jamais quitté. Mettez nous un peu dans l’image, «Dzertic24» accorde une importance particulière aux «start-up», y-a-t-il des difficultés qui vous entravent le pas ? Pour les difficultés, elles font partie du métier et de la vie de manière générale mais pour nous, ces difficultés ne nous freinent pas ; c’est toujours un challenge et un défi à relever avec toute l’équipe de «dzertic 24». On essaye de ne jamais tomber dans la facilité, on va chez les gens, on cherche l’information, on suit les événements parfois on les organise. On essaye de rester à jour pour continuer à proposer le meilleur aux gens qui nous suivent. En parlant d’actualité, depuis la nomination du nouveau gouvernement et la création d’un ministère des «strat-up», on sent que les micro-entreprises ne seront pas seul en Algérie, vu que l’Etat compte les encadrer…

Que pensez-vous des jeunes que vous avez rencontrés jusqu’à présent ?

Tous les jeunes que j’ai rencontrés sont pétris de qualité et de talents, il y a des profils singuliers qui se démarquent par leur génie et leurs innovations, pas uniquement dans les grandes villes, mais dans les quatre coins du pays, notamment dans le Grand-Sud. Ces jeunes ont beaucoup d’espoir dans la création du ministère de la Microentreprise, des Start-up et de l’Economie de la connaissance, parce que pour une fois il y a un interlocuteur direct qui peut comprendre et répondre (je l’espère) à leurs préoccupations. Mais il faudrait que les choses aillent plus vite pour permettre à ces jeunes de tester leurs idées innovantes sur le terrain. Ces «startupeurs» attendent avec impatience également la création de l’Agence nationale du numérique qui devrait résoudre une série de problèmes à commercer par l’allégement des procédures administratives pour créer une «start-up».

Quel regard avez-vous sur les start-up et quel commentaire faites-vous sur la création du ministère délégué des Start-up ?

A partir du moment où on fait confiance à nos jeunes et qu’on leur donne les outils de travail nécessaires entre les mains, on peut s’attendre au meilleur. Pour ce qui est de ministère délégué des Start-up, je le considère d’abord comme un catalyseur de toutes les demandes des «startupeurs», pour la première fois on comprend l’importance de l’écosystème start-up comme levier potentiel de l’économie d’un pays. Dans la politique économique d’un pays, les signaux envoyés par un gouvernement en période de crise sont très importants, quand vous avez un pays qui traverse une crise économique et que son gouvernement réagit immédiatement en injectant des milliards pour soutenir les entreprises ceci est un message fort pour protéger la stabilité de l’économie nationale et rassurer par la même les marchés. En Algérie, le message est le même depuis des années : sortir de la dépendance des hydrocarbures sauf que rien n’a été fait pour !

L’Algérie vit aujourd’hui une période charnière de son histoire, le hirak a changé le visage du pays, un nouveau président de la République a été élu, le gouvernement qu’il a installé a mis les start-up et l’innovation et la numérisation au cœur de sa politique. Cette politique est un message fort pour donner de l’espoir aux Algériens et rassurer les investisseurs étrangers c’est un virage qu’il a ne faut pas rater parce que c’est le présent et l’avenir du pays. Maintenant  faudrait passer de la théorie à la pratique.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a promis de créer un fonds destiné spécialement au soutien des start-up, est-ce que l’on peut dire que ceci est un signe pour que ces petites et moyenne entreprises… ?

Merci pour cette question, parce que le financement est un maillon fort de l’écosystème start-up, c’est un nerf de la guerre comme on dit. Lorsqu’on est porteur d’une idée innovante on cherche des financements pour la concrétiser, on doit donc passer par le stade de l’incubation, autrement dit transformer cette idée en projet économiquement viable : apprendre comment faire un business plan, un business model, un diagnostic du marché, etc… Après toutes ces étapes et bien d’autres, il faut aller vers le marché pour tester la solidité de cette start-up, pour cela, il faut de l’argent, dans la plupart des pays, les «startupeurs» font appel à des capitaux risques, en Algérie ce concept n’est pas assez développé, le fait que l’Etat fasse le premier pas et propose directement de financer ces idées est une excellente chose, pourquoi ? Et bien tout simplement parce que ça pourrait pousser des investisseurs, des «bussiness angel» à s’intéresser à ces projets innovants et à jouer leurs rôle dans le développement de l’écosystème start-up en Algérie.

Pensez-vous que les jeunes porteurs d’idées innovantes sont motivés pour construire leurs start-up ?

Avant de répondre à cette question, j’aimerai bien évoquer les quatre critères pour définir une start-up, donc le premier critère : c’est que la petite entreprise doit avoir une croissance rapide, deuxièmement : ça doit faire appel aux capitaux risques, troisièmement : elle doit intégrer une technologie innovante et quatrièmement : elle doit évoluer dans un environnement où le risque est difficile à évaluer. Pour vous répondre, les Algériens sont extrêmement motivés pour créer leurs propres entreprises car c’est à partir d’un besoin qu’on essaye de trouver des solutions, et à partir du moment qu’on a une solution, on essaye de la transformer en start-up. On est en train d’évoluer au même rythme avec les autres pays, la grande différence avec ces pays c’est que leurs administrations sont plus structurées et leur écosystème est plus efficace.

Le nouveau fonds qui sera créé ne sera pas similaire aux programmes ANSEJ, ANGEM et CNAC ?

Je n’ai pas d’informations précises sur cette question, mais je peux vous dire ce que je pense…on a changé de monde depuis l’élection du nouveau président, les réflexes ne doivent pas être les mêmes. Si le président a décidé de mettre en place une banque pour les start-up, cela veut dire qu’il y a une politique derrière, on sait très bien que les start-up sont un univers qui évolue vite il obéit au principe de scalabilité, je pense et j’espère que de nouveaux mécanismes de sélection et de financement seront introduits par le ministère de Monsieur Yassine Djeridane pour permettre à nos jeunes de lancer leurs start-up et contribuer à la création de richesses en Algérie.