Financement non conventionnel: Les assurances de la Banque d’Algérie

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Le financement non conventionnel ne devrait pas se répercuter par une explosion de l’inflation, comme le redoutent certains experts, du fait que le plan d’action du gouvernement prévoit des réformes économiques et budgétaires garantissant une croissance du PIB hors hydrocarbures à moyen terme, a assuré, avant-hier, à Saïd Maherzi, vice-gouverneur de la Banque d’Algérie (BA).

«Les risques inflationnistes de ce financement sont maîtrisables, très maîtrisables», a-t-il dit devant la Commission des finances et du budget de l’APN. Selon le vice-gouverneur, une explosion de l’inflation est généralement le fruit d’une création monétaire qui n’est pas associée à une croissance réelle du PIB, or, poursuit-il, le plan d’action du gouvernement prévoit une série de mesures, entre entres budgétaires, qui garantissent un plafonnement des dépenses publiques, une rationalisation des subventions, une croissance soutenue de la fiscalité ordinaire, mais avec le maintien du financement des investissements grâce au recours à ce financement non conventionnel. Cette politique devrait conduire, d’une part, à accroître le PIB hors hydrocarbures, et donc absorber la demande qui sera induite par l’accroissement de la masse monétaire et d’autre part, à réduire graduellement le recours, par le Trésor public, aux prêts directs de la BA du fait de la rationalisation budgétaires qui sera traduite par une baisse des dépenses à terme, a-t-il expliqué. «Ce qui serait inquiétant n’est pas le principe de recourir à ce financement, mais le fait d’y recourir de manière abusive et démesurée. Pour ça, il ne faut pas s’alarmer car le gouvernement est plus que jamais conscient de la nécessité de rationaliser les dépenses publiques», a-t-il soutenu. Maherzi a assuré que la BA continuera à jouer son rôle en matière de stabilisation financière et de stabilisation des prix. A l’autre question récurrente relative à la forte baisse de la valeur du dinar sur le marché parallèle de la devise, notamment par rapport à l’Euro, juste après l’annonce du projet portant sur le financement non conventionnel, le responsable a souligné que la BA «n’avait aucune influence sur le marché parallèle dont la maîtrise est étroitement liée à la maîtrise de l’économie parallèle».

Création des bureaux de changes : les raisons de l’absence

S’agissant de la création des bureaux de change, suggérée par certains intervenants comme solution pour contenir «la Bourse du Square d’Alger» et contenir par la même, la dépréciation du dinar, le représentant de la BA a d’abord fait remarquer que la création de ces bureaux de change était autorisée par la loi, mais que leur absence sur le marché est due au manque d’attractivité de cette activité du fait, notamment du faible nombre de touristes en Algérie et de l’ampleur du marché informel. Ainsi, la question des bureaux de change «n’est pas une priorité pour la BA», a-t-il affirmé en expliquant qu’une convertibilité totale du dinar algérien «est complètement écartée». Certains députés ont par ailleurs interpellé le représentant de la BA sur les «garanties» obtenues auprès du Trésor public quand au remboursement des bons qu’il va vendre à la Banque centrale et sur les taux d’intérêt qui y seront pratiqués, surtout qu’une «forte dépréciation de la monnaie nationale est redoutée dans le future», selon eux. Maherzi a alors souligné que les bons du Trésor public étaient des bons à risque nul et que l’Etat est, partout dans le monde, un emprunteur sûr. Pour ce qui est du taux d’intérêt qui sera appliqué sur ces prêts, il «importe peu du moment que les bénéfices engrangés par la Banque centrale sont versés au Trésor public en fin de compte, comme le stipule la loi». En dépit de leurs préoccupations, la majorité des députés intervenus préfèrent tout de même le choix du gouvernement à recourir à l’endettement interne à un éventuel recours à l’endettement externe qui serait, selon eux, beaucoup plus coûteux. Un plafonnement du montant des prêts de la BA en direction du Trésor public avec une limitation rigoureuse des dépenses éligibles à ce financement ont été proposés par l’un des intervenants. Cependant, beaucoup d’entre eux ont plaidé pour un autre amendement de la loi sur la monnaie et le crédit pour instaurer l’encrage juridique relatif à la finance islamique qui demeure, selon ces députés, la meilleure solution à la crise financière que traverse le pays.