Environnement: Une enquête d’évaluation des déchets hospitaliers

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L’Agence nationale des déchets (AND) a lancé récemment une enquête nationale d’évaluation des déchets hospitaliers en vue d’adopter une gestion permettant de réduire au maximum leur impact écologique, a indiqué son directeur général, Karim Ouamane.

« L’enquête que nous sommes en train de réaliser pour le compte du ministère de l’Environnement et des énergies renouvelables s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de gestion des déchets à l’horizon 2035 qui englobe, outre les déchets ménagers et industriels, les déchets d’activité de soins (DAS) », explique M. Ouamane. L’étude en cours est menée auprès des établissements sanitaires, des cabinets dentaires et médicaux ainsi que des laboratoires d’analyses afin de récolter des données quantifiées sur les DAS et leur mode de gestion. « Nous avons déjà travaillé sur un certain nombre de wilayas. Je citerai, à titre d’exemple, Chlef qui compte 882 structures sanitaires publiques et privées », fait-il savoir, en précisant que le travail mené a permis d’estimer la production des DAS dans cette ville à 281 tonnes/an, dont 20,61 tonnes de déchets anatomiques, 75 tonnes de déchets à risque infectieux et 29,61 tonnes de déchets toxiques, alors que le reste, le plus grand en quantité et en volume, constitue la fraction assimilable aux déchets ménagers. Par ailleurs, l’enquête dans cette wilaya a permis de constater que les prestataires de collecte des DAS couvrent plus de 80% des flux générés par les structures sanitaires des secteurs diffus et non diffus de la wilaya. « Il s’agit d’un indicateur de taille qui a permis à l’AND de confirmer que ces déchets, du moins au niveau des wilaya jusque-là enquêtées, ne sont en aucun cas évacués vers les décharges brutes », selon lui. Quant à l’intérêt d’une telle enquête, le même responsable relève que l’activité sanitaire génère des déchets porteurs d’une contamination bactériologique, virale et chimique avérée et qu’une gestion pérenne de ces déchets suppose une quantification des données pour permettre une planification, et ce, pour une meilleure gestion et une mobilisation des différents acteurs concernés. « Les chiffres émanant d’institutions fiables permettront, en effet, de faire une évaluation sur la gestion des déchets hospitaliers en comparant les quantités générées par rapport aux capacités de collecte et de traitement existantes. D’où l’intérêt de cette enquête », argue-t-il. Sur le plan juridique, le directeur général de l’AND rappelle l’existence, depuis 2001, d’une loi sur la gestion des déchets prohibant la pratique de déversement de déchets d’activités de soins dans des décharges. Il considère qu’une gestion réglementée suppose une collecte et un traitement spécifiques dans des conditions adaptées permettant d’éviter tout contact de ces déchets avec les êtres vivants et l’environnement. « Ces mêmes dispositions réglementaires ont instauré des mécanismes de contrôle et de suivi des activités liées à la gestion des déchets sanitaires », selon lui, en considérant que leur transport et leur traitement doivent se faire par des collecteurs et des installations agréées au cas où le générateur de ces déchets ne dispose pas d’outil de traitement au niveau de sa structure.

Urgence d’un plan de gestion des déchets sanitaires

La loi de 2011 classe les déchets générés par les activités médicales et paramédicales, appelés déchets d’activités de soins (DAS), dans la catégorie des déchets spéciaux dangereux. Par ailleurs, il existe un décret exécutif de 2003 qui classe les DAS en trois catégories: Les déchets anatomiques issus des blocs opératoires et des salles d’accouchement, les déchets infectieux susceptibles d’affecter la santé humaine (appelés déchets d’activités de soins à haut risque infectieux), les déchets toxiques constitués par les résidus et produits périmés des produits pharmaceutiques, chimiques et de laboratoire, et les déchets contenant de fortes concentrations en métaux lourds tels les radios, les acides, les huiles usagées et les solvants. Quant à une possibilité de recycler ces déchets, le DG de l’AND affirme que cela n’est nullement recommandé vu leur composition « hautement toxique ». Pour lui, la seule voie de valorisation possible reste la récupération de l’énergie au cas où ces déchets sont incinérés. Concernant les déchets d’origine humaine (pièces anatomiques de l’activité chirurgicale, sang, urine), leur prise en charge est fixée par un arrêté interministériel (ministères chargés de l’Environnement, de la Santé et des Affaires Religieuses) datant de 2011 en vertu duquel le mode de traitement préconisé est l’enterrement après désinfection. « Ces déchets sont collectés et stockés, avant traitement, dans des contenants de couleur verte », explique  M. Ouamane, en précisant, toutefois, que pour le placenta, le mode de traitement par incinération est préconisé. En somme, le premier responsable de l’Agence de gestion des déchets insiste sur l’urgence d’un plan de gestion des déchets sanitaires. « Un plan de gestion en interne constitue la première démarche à faire », recommande-t-il, soulignant que cela doit passer par une phase de diagnostic pour constater les quantités et les qualités produites. En deuxième phase, la structure sanitaire devrait faire un choix stratégique pour opter soit pour une gestion en interne ou par délégation de service à un professionnel, préconise le même responsable.   Mais quelle que soit la forme de gestion, les règles de base sont le tri des déchets, le stockage, la collecte, le transport et l’évacuation vers une filière de traitement adaptée à chaque typologie. L’évacuation de ces déchets doit se faire par un opérateur de collecte et de transport agréé par le ministère de l’Environnement. Cette gestion réglementée et transparente permet, selon lui, de disposer de la traçabilité nécessaire afin d’identifier les éventuelles pratiques douteuses et illicites dans la gestion des déchets d’activités de soins. Par ailleurs, il insiste sur la formation des ressources humaines en la matière: « La dangerosité et la complexité des déchets d’activités de soins fait que leur prise en charge requiert un personnel qualifié et formé en conséquence ».

N.I