Diagnostiquer l’autisme grâce aux selles: Une nouvelle perspective ?

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Des chercheurs ont récemment observé des différences significatives dans la composition du microbiote intestinal entre les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) et les enfants neurotypiques.

Sur la base de ces observations, ils ont entrepris de tester des échantillons de selles pour identifier l’autisme dès le plus jeune âge. Le microbiote, composé de milliers de micro-organismes tels que des bactéries, des champignons, des virus et des archées, fournit une mine d’informations sur la santé humaine. Des recherches ont déjà montré son implication dans diverses maladies comme l’Alzheimer, la dépression et certains cancers. Dans une étude récente publiée dans *Nature Microbiology*, des chercheurs ont examiné en détail la composition des selles de 1 627 enfants âgés de 1 à 13 ans, atteints ou non de TSA. Les résultats ont révélé des altérations spécifiques chez les enfants autistes, comprenant 51 bactéries, 7 champignons, 18 virus, 14 archées, 27 gènes microbiens et 12 voies métaboliques. Ces altérations ne signifient pas nécessairement qu’un microbiote déséquilibré favorise le développement des troubles autistiques. Entre 60 et 90 % des cas d’autisme sont attribués à des facteurs génétiques, comme le montrent des études antérieures. D’autres facteurs, tels que l’âge des parents, les complications à la naissance, et l’exposition à la pollution de l’air ou à certains pesticides pendant la grossesse, peuvent également jouer un rôle, rappelle *The Guardian*. Bien que l’on sache que les personnes autistes présentent souvent une dysbiose (une altération de la flore intestinale), il est actuellement impossible de déterminer si cette dysbiose est une conséquence de l’autisme ou si elle y contribue. “Bien que les facteurs génétiques jouent un rôle important dans l’autisme, le microbiome pourrait agir comme un facteur contributif en modulant les réponses immunitaires, la production de neurotransmetteurs et les voies métaboliques”, explique le professeur Qi Su de l’Université chinoise de Hong Kong. “Cela n’implique pas nécessairement un lien de cause à effet, mais suggère que le microbiome pourrait influencer la gravité ou l’expression des symptômes du spectre autistique.” Pour leur étude, le professeur Su et ses collègues ont utilisé l’apprentissage automatique, une forme d’intelligence artificielle, afin d’identifier les enfants autistes avec une précision pouvant atteindre 82 %, en se basant sur 31 microbes et fonctions biologiques du système digestif. “En fin de compte, cette vaste portée augmente le potentiel de développement d’outils de diagnostic et de stratégies thérapeutiques plus efficaces et non invasifs pour l’autisme”, a déclaré Su. Les chercheurs mènent actuellement un essai clinique pour tester si la composition des selles peut permettre d’identifier les enfants autistes dès l’âge d’un an. “Il faut généralement trois à quatre ans pour établir un diagnostic confirmé d’autisme suspecté, la plupart des enfants étant diagnostiqués à l’âge de six ans”, déplore Su. “Notre panel de biomarqueurs du microbiome est très performant chez les enfants de moins de quatre ans, ce qui pourrait faciliter un diagnostic précoce.”

Neila M

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