Démence: Un facteur de vie pourrait prévenir jusqu’à un cas sur cinq, selon des scientifiques

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La démence est une maladie dans laquelle sont atteintes les fonctions cognitives (les aptitudes de réflexion) et mentales (fonctions sentimentales et comportementales).

Cette condition touche aussi graduellement la mémoire, les aptitudes de réflexion, l’orientation temporelle et dans l’espace, ainsi que la capacité de reconnaître les personnes et les objets. Par conséquent, une baisse progressive est également observée dans la capacité de réalisation d’activités quotidiennes et de communication avec l’entourage. Une partie du processus de la maladie dont souffre le patient se caractérise par des phénomènes de confusion, de colère, de suspicion, voire même des crises de violence. Avec le temps, au-delà de l’atteinte cognitive, une atteinte des capacités physiques se produit également. Actuellement, plus de 55 millions de personnes sont concernées dans le monde, dont plus de 60% dans des pays à revenu faible ou intermédiaire selon l’Organisation Mondiale de la Santé. L’organisme estime par ailleurs qu’il s’agit de « la septième cause de décès et l’une des principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde. » Les spécialistes supposent qu’environ la moitié des cas de démence dans le monde serait liée à des facteurs risques connus liés au mode de vie, en particulier la cigarette, le manque d’activité physique, une alimentation non saine, le surpoids, le diabète, l’hypertension artérielle et la consommation d’alcool. C’est dans ce contexte qu’une récente méta-analyse menée par 27 des plus grands experts mondiaux en matière de démence et publiée dans la revue The Lancet affirme que la prise en compte de pas moins de 14 facteurs de risque modifiables, dès l’enfance et tout au long de la vie, pourrait prévenir ou retarder 45 % des cas de démence. Et pour certains d’entre eux, le lien s’avère surprenant, à l’instar de la pollution de l’air, d’un taux de cholestérol élevé ou encore de l’inacitivé physique. Les auteurs de l’étude citent également une perte auditive, car la défaillance du système auditif pourrait avoir comme origine un processus biologique identique au développement de la maladie d’Alzheimer. Mais également une déficience visuelle chez les adultes et il s’avère que ce facteur serait bien une cause à part entière, comme le révèle une nouvelle étude. Publiée dans la revue JAMA Ophthalmology par une équipe de chercheurs en soins de santé et de spécialistes en gériatrie affiliés à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, à l’Université du Michigan et à la Duke University School of Medicine, celle-ci révèle en effet que jusqu’à un cas de démence sur cinq chez les personnes âgées pourrait être évité si les problèmes de vue étaient prévenus ou traités. Qu’il s’agisse des oreilles ou des yeux, l’hypothèse de cette association avec la démence, notamment la maladie d’Alzheimer, serait la dégradation sensorielle. Selon cette dernière, à mesure que les sens perdent de leur acuité, le cerveau doit travailler davantage pour donner un sens à l’environnement extérieur, tout en subissant son propre processus de vieillissement. Le résultat pourrait être une perte des capacités cognitives et de la mémoire. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont recherché de telles preuves chez des personnes de plus de 71 ans qui ont souffert d’au moins un des trois principaux types de déficience visuelle : l’acuité visuelle de près ou de loin, ou la sensibilité aux contrastes. Pour rappel, on désigne par acuité visuelle la capacité à percevoir et à pouvoir identifier des objets ou des détails de petites dimensions ou des tâches visuelles avec un faible contraste par rapport à l’environnement. L’équipe scientifique a étudié les données de 2 767 personnes âgées de plus de 71 ans en 2021. Pour chaque personne étudiée, il s’agissait de rechercher toute preuve de perte de vision ou de déclin mental (d’après les résultats de tests cognitifs). Il a alors été constaté qu’environ 5 % des cas de démence étaient liés à une déficience visuelle liée à l’acuité visuelle de loin, près de 10 % à l’acuité visuelle de près et 15 % à la sensibilité au contraste. « Dans un échantillon représentatif à l’échelle nationale d’adultes américains âgés, jusqu’à 19 % de la prévalence de la démence aurait pu être évitée grâce à la prévention et au traitement des déficiences visuelles qui sont en grande partie corrigibles. », écrivent ainsi les chercheurs. Et ce sachant, comme ces derniers ont tenu à la rappeler, que « des études antérieures ont démontré que 90 % des problèmes de vision chez les personnes âgées peuvent être corrigés par des lunettes ou une intervention chirurgicale. »

« Une visite chez votre ophtalmologiste pourrait être un outil de dépistage efficace »

Les chercheurs estiment que ces résultats ne prouvent pas une relation de cause à effet directe, mais soulignent toutefois qu’ils justifient des recherches plus approfondies, susceptibles de conduire à de nouvelles stratégies de prévention de la démence. « Cette conclusion est basée sur des associations plutôt que sur des preuves, car il n’existe aucun moyen de prouver une cause unique de la démence. Mais nous suggérons également que les associations trouvées plaident fortement en faveur de cette hypothèse. », attestent-ils en guise de conclusion. Selon les précisions du journal The Guardian, la méta-analyse publiée par la revue The Lancet avait quant à elle révélé qu’environ 2 % des cas de démence étaient attribuables à une perte de vision non traitée à un âge avancé. Ce dernier a tenu a interrogé la professeure Eef Hogervorst, membre de l’Université de Loughborough, quant à l’importance de cette découverte, cette dernière ayant publié un article en avril dernier dans la revue The Conversation affirmant qu’une faible sensibilité visuelle pouvait prédire un risque de démence 12 ans avant qu’elle ne soit diagnostiquée. Selon l’experte il existe une possibilité, celle d’un mécanisme commun qui pourrait être à l’origine des problèmes oculaires et de la démence. Une autre supposition serait que les problèmes de vision pourraient signifier que les personnes concernées soient moins susceptibles de s’engager dans des activités qui protègent contre la démence, comme la socialisation. Une troisième éventualité serait que les personnes qui utilisent moins leurs yeux souffrent de dégénérescence et d’un flux sanguin moindre vers le cerveau. « Enfin, dans de nombreux pays, la pauvreté et le dénuement social rendent difficile l’accès à l’aide médicale, aux rendez-vous et aux traitements, et ce sont des facteurs de risque majeurs pour la démence. », fait-elle remarquer. Le Pr Anthony Khawaja de l’University College de Londres considère quant à lui que l’étude s’ajoute aux preuves croissantes selon lesquelles le traitement ou la prévention de la déficience visuelle peut réduire le risque de démence. « À l’avenir, une visite chez votre ophtalmologiste pourrait être un outil de dépistage efficace non seulement pour les maladies oculaires, mais aussi pour d’autres maladies comme la démence et les maladies cardiovasculaires. », conclut-il.

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