Arthrose du genou: les injections de corticostéroïdes aggraveraient la maladie au lieu de la ralentir

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Contre l’arthrose du genou, des injections de corticoïdes sont parfois pratiquées, dans le but de soulager le patient et de retarder la pose d’une prothèse. Hélas, cette approche thérapeutique pourrait en fait faire plus de mal que de bien. Lorsque les anti-inflammatoires et analgésiques classiques ne suffisent plus, il est d’usage d’avoir recours à des infiltrations, en l’occurrence des injections de corticoïdes ou d’acide hyaluronique, pour soulager l’arthrose du genou. Du fait d’une efficacité contestée, les injections d’acide hyaluronique ne sont plus remboursées par l’Assurance maladie. Hélas, les injections de corticoïdes ne seraient pas pour autant préférables, car elles feraient progresser la maladie au lieu de la ralentir. C’est en tout cas ce qu’affirment des chercheurs américains, qui ont présenté deux études à ce propos lors du congrès annuel de la  Radiological Society of North America. Les deux études ont été menées à partir de cohortes de l’Osteoarthritis Initiative, une étude observationnelle de près de 5000 participants souffrant d’arthrose du genou, actuellement dans sa 14e année de suivi. Dans la première étude où 210 participants ont été inclus, 70 ont reçu des injections intra-articulaires (44 des injections de corticostéroïdes, et 26 des injections d’acide hyaluronique) et 140 faisaient partie du groupe témoin, sans aucune injection pendant deux ans. Des IRM ont été réalisées au moment de l’injection, mais aussi deux ans avant et deux ans après.  En comparant les images obtenues, les scientifiques ont constaté que les injections de corticostéroïdes dans le genou étaient significativement associées à une progression globale de l’arthrose du genou, en particulier dans le ménisque latéral, le cartilage latéral et le cartilage médial. Les injections d’acide hyaluronique n’étaient pas associées à une aggravation de l’arthrose, mais plutôt à un ralentissement de la progression de la maladie comparé au groupe témoin n’ayant pas eu d’injections. La seconde étude, qui a comparé la progression radiographique de l’arthrose du genou, a abouti aux mêmes conclusions. Pour celle-ci, 150 patients ont été recrutés : 50 ayant eu des injections de corticostéroïdes, 50 ayant eu des injections d’acide hyaluronique, et 50 n’ayant pas reçu d’injection sur une période de 3 ans. Des radiographies classiques ont été effectuées, permettant d’observer une progression significativement plus importante de la gonarthrose chez les personnes ayant eu des injections de corticostéroïdes. Invitant à administrer les corticoïdes «avec prudence» au vu de ces résultats, les chercheurs appellent en revanche à considérer les injections d’acide hyaluronique comme une approche thérapeutique valable, intéressante et efficace pour ralentir la progression de la maladie.