Professeur des universités, expert international docteur d’Etat 1974 Abderrahmane Mebtoul
L’entrave principale au développement provient de l’entropie qu’il s’agit de dépasser impliquant une bonne gouvernance Les changements géostratégiques et économiques survenus depuis quelques années dans le monde, ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d’ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui-même en devenir, le monde devant connaître entre 2026/2030/2040 un profond bouleversement du pouvoir économique.
Une femme ou un homme politique qui n’insère pas ses actions au sein d’un cadre théorique cohérent aboutit par ses actions à des effets pervers qui peuvent se chiffrer en pertes pour la Nation en dizaines de milliards de dollars. Un théoricien qui élabore des schémas en dehors de la réalité aboutit aux mêmes effets négatifs, d’où l’importance de synchroniser la théorie et la pratique. C’est faute de comprendre l’essence du fonctionnement de la société comme le poids de la bureaucratie, de la sphère informelle, l’inflation et la cotation des monnaies, le faible taux de croissance, le chômage, les surcouts et les mauvais choix des projets que l’on s’appesantit sur des mesures conjoncturelles. Ce qui explique qu’après plusieurs décennies d’indépendance politique nous avons à l’orée de l’année 2026, toujours une économie rentière (97/98% des recettes en devises provenant des hydrocarbures avec les dérivés), influant sur le taux de croissance, de l’emploi, des réserves de change et de la cotation du dinar. La justice sociale à laquelle je suis profondément attachée, ne signifiant pas égalitarisme, source de démotivation, n’est pas l’antinomie de l’efficacité économique, mais toute Nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit, si elle veut éviter la dérive sociale. Il s’agira de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, en intégrant la sphère informelle représentant, plus de 40% du PIB que l’on ne combat pas par des mesures administratives qui ont pour effet son extension. Sans être exhaustif, je recense trois actions principales qui doivent être menées dans un cadre cohérent tenant compte des aspirations de la société et du nouveau monde en pleine mutation
Premièrement, la nature de la gestion des institutions centrales et locales doit changer, supposant une refonte progressive de l’État par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant non un État gestionnaire mais un Etat régulateur étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures. Cela favorise des actions coordonnées et synchronisées dans le temps, non des plâtrages conjoncturels, avec de profondes réformes structurelles à tous les niveaux, devant réhabiliter la planification et le management stratégique. L’Algérie peut y parvenir dans un délai raisonnable. Elle en a les moyens. Pour cela, elle doit réapprendre à envisager son avenir avec confiance, libérer l’initiative, la concurrence et l’innovation, car le principal défi du XXIe sera la maîtrise du temps. Le monde ne nous attend pas et toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l’appauvrissement, une perte de confiance en l’avenir, puisque, avec l’épuisement de la rente des hydrocarbures, l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Cette croissance exige l’engagement de tous, et pas seulement celui de l’État, en organisant les solidarités devant concilier efficacité économique et équité par une participation citoyenne et un dialogue productif permanent. Cette nouvelle démarche doit tenir compte des nouvelles mutations tant géostratégiques qu’économiques mondiales, des engagements internationaux de l’Algérie ne pouvant pénétrer les marchés mondiaux où règne une concurrence acerbe qu’avec des entreprises publiques et privées innovantes.
Deuxièmement, la forte croissance peut revenir en Algérie, mais elle suppose la conjugaison de différents facteurs : une population active dynamique, un savoir, le goût du risque et des innovations technologiques sans cesse actualisées, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d’attirer du capital et une ouverture à l’étranger. Ces réformes passent fondamentalement par une démocratie vivante, une stabilité des règles juridiques et l’équité, les politiques parleront de justice sociale. La conduite d’ensemble de ces réformes ne peut ni être déléguée à tel ou tel ministre ni mise dans les mains de telle ou telle administration. Elle ne pourra être conduite que si, au plus haut niveau de l’État, une volonté politique forte les conduit et convainc les Algériens de leur importance, d’où, avec l’ère d’internet, une communication active transparente. Ensuite, chaque ministre devra recevoir une «feuille de route» complétant sa lettre de mission et reprenant l’ensemble des décisions qui relèvent de sa compétence. Au regard de l’importance des mesures à lancer et de l’urgence de la situation, le gouvernement devra choisir le mode de mise en œuvre le plus adapté à chaque décision avec l’accélération des décrets d’application nécessaires à sa mise en œuvre et, pour les urgences seulement, des décisions par ordonnance pourront être utilisées.
Troisièmement, l’Algérie a vécu longtemps sur l’illusion de la rente éternelle. La majorité des Algériens dont le revenu est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doit savoir que l’avenir de l’emploi et du pouvoir d’achat n’est plus dans la Fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. L’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de travailler plus et mieux, de créer, de partager, d’oser. Pour s’ adapter aux nouvelles mutations, et asseoir une économie productive , l’Algérie doit d’abord mettre en place une véritable économie de la connaissance, en développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français, du chinois à l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche à la recherche. Elle doit ensuite faciliter la concurrence, la création et la croissance des entreprises par la mise en place de moyens modernes de financement, la réduction du coût du travail et la simplification des règles de l’emploi. Elle doit favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs-clés, dont : le numérique, la santé, la biotechnologie, les industries de l’environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population.
En conclusion , face aux bouleversements géostratégiques mondiaux et aux nombreux défis socio économiques , le développement économique harmonieux conciliant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale par une bonne gouvernance, est le ciment de l’unité nationale Aussi ceux qui veulent la partition de l’Algérie , sont une infime minorité animés par des objectifs de déstabilisation du pays, n’ayant n’ont ni l’adhésion de l’immense majorité des Kabyles , bon nombre d’ kabyles vivant harmonieusement dans d’autres régions au Sud, à l’Est- au Centre et à l’Ouest , ni de la population algérienne et encore moins des grandes puissances et de la communauté internationale car la stabilité de l’Algérie est un facteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine . Soyons réaliste, loin des discours populistes, en ce mois du fin décembre 2025, nous avons une économie de nature publique rentière : Sonatrach, c’est l’Algérie, et l’Algérie, c’est toujours Sonatrach. Pour des raisons de sécurité nationale, l’Algérie n’a pas d’autre choix que de réussir les réformes devant éviter la vision bureaucratique, de croire que la gestion administrative autoritaire et l’élaboration de lois sont la seule solution, alors qu’ il s’agit de s’attaquer au fonctionnement de la société. La confiance est le fondement tant de l’adhésion de la population que de la dynamisation de l’investissement productif , renvoyant à la moralité de ceux qui sont chargés de gérer la Cité. A l’orée de la nouvelle année 2026, souhaitons un monde meilleur paix et prospérité , avec une vision positive de l’avenir de l’Algérie et plus globalement de notre continent l’Afrique
A.M






