Il faut le reconnaitre la transition d’une économie administrée, bureaucratisée à l’extrême, depuis plusieurs décennies à une économie de marché, liée à un Etat de droit suppose ne se règle pas du jour au lendemain ; beaucoup de réalisations depuis l’indépendance politique ( ou vivez nos familles, et combien avons-nous eu d’étudiant en 1962) mais des stratégies d’adaptation sont rendus nécessaires épaulées par de nouvelles forces sociales réformistes qui se heurteront à la résistance des conservateurs assis sur la rente des hydrocarbures sont . rendus nécessaires face à la transformation du monde en perpétuelle évolution, n’existant pas de situation statique, toute Nation qui n’avance pas recule forcément.
Cette présente contribution, d’une brûlante actualité est la fois la réactualisation d’un chapitre consacré à la communication en faveur des réformes, de l’ouvrage collectif sous ma direction ayant réuni anthropologues, politologues, sociologues et économistes, paru en 2005 à Casbah Edition (deux ouvrages 560 pages) sous le titre, réformes et Démocratie et d’autres audits sous ma direction ( voir annexe )
1.- En ce mois d’aout 2025, et cela date depuis plusieurs décennies , force est de reconnaître et l’expérience quotidienne le montre la faiblesse d’une visions stratégique, tâtonnant au jour le jour par manque d’anticipation, essayant de résoudre les problèmes, après coup. Certains responsables découvrent la situation de leurs secteurs, en lisant la presse ou en regardant la télévision. Pour mobiliser la population, s’imposent un discours de vérité et le renouveau du système de communication, loin de la propagande qui a un effet démobilisateur, devant distinguer le marketing économique, social, culturel politique et sécuritaire. Le constat dans certaines wilayas est une urbanisation anarchique ,des travaux mal faits, faute d’une véritable politique d’aménagement du territoire, le problème du logement souvent livré sans VRD, résoudre l’épineux problème du foncier urbain et agricole, -assistant à des infrastructures routières défectueuses, des points noirs de circulations surtout dans les grandes agglomérations , un parc de transport vieillissant une gestion défectueuse de certains hôpitaux ; la baisse de niveau de l’éducation ; la pénurie d’eau encore que l’Etat il faut le reconnaitre en a fait sa priorité et existent des améliorations, des coupures d’électricité et un système financier à réformer qui se complait en simple guichets administratif (douane, fiscalité, domaine, banques publiques qui accaparent plus de 85% des crédits octroyés) avec un dérapage du dinar officiel depuis avec un écart de plus de 7O% avec celui du marché officiel, une des sources étant la faiblesse de la productivité de l’inflation. Mais le nerf des réformes concerne Le système financier qui se complait en simple guichets administratif (douane, fiscalité, domaine, banques publiques qui accaparent plus de 85% des crédits octroyés) – ,On ne devra pas oublier de négocier les facilités d’obtention des visas dans les conditions qui garantissent la dignité des Algériens , la défense de notre diaspora partie prenante du développement national,, impliquant un renouveau de la gestion des ambassades bureaucratisées, qui doivent donner une autre image positive de l’Algérie. Et c’est dans ce cadre que rentre rôle du journaliste, de l’intellectuel ou de tout cadre de la nation crédible qui n’est pas de faire des louanges en contrepartie d’une rente, contre productif pour le pouvoir lui-même mais d’émettre des propositions opérationnelles privilégiant les intérêts supérieurs de la Nation. Si la priorité est d’ intégrer les communautés marginalisées dans le pays profond, l’égalité ne saurait signifier populisme, rendant urgent de revoir la politique des subventions généralisées, source d’injustice sociale, devant être ciblées, intenables dans le temps avec les tensions budgétaires et la baisse des réserves de change qui s ‘annoncent , rendant urgent des mesures attractives pour attirer les IDE créateur de valeur ajoutée, une mutation de l’Etat providence s’impose . L’universalité de la justice n’existant pas, dépendant du moment daté et du mouvement historique, une société dynamique en forte croissance offrant des espoirs individuels plus grands en tolérant certaines inégalités qu’une société dont l’économie est en stagnation, où l’avenir est incertain. Ainsi, la justice sociale qui ne recoupe pas l’égalitarisme est une condition de l’efficacité globale de l’économie, mais devant identifier les inégalités qui doivent être combattues (inefficaces et injustes) et trouver le niveau acceptable d’inégalités nécessaire pour assurer le dynamisme de l’économie, favoriser le couple : flexibilité du marché du travail et la nécessaire cohésion sociale à travers l’action ciblée de l’État régulateur. L’action principale consistera à introduire l’initiative économique de tout le monde et les capacités entrepreneuriales, caractérisées par les prises de risques économiques afin d’accroître la valeur ajoutée et donc la croissance économique, la solution la plus sûre étant de s’appuyer sur la qualification des salariés qui va de pair avec la spécialisation de l’économie. L’avenir est dans les gisements importants d’emplois dans les nouvelles technologies ce qui implique le développement important dans les années à venir des services marchands avec l’élévation du niveau de qualification.
2.- De grands bouleversements géostratégiques et une recomposition du pouvoir mondial, avec une nouvelle division internationale du Travail s’annoncent entre 2025/2030. Les contextes mondiaux font qu’aucun état aussi puissant soit-il n’est maître à 100% de son développement, les choix stratégiques dépassant les jeux purement nationaux. Le défi 2025/2030 pour l’Algérie est la refondation de l’Etat passant renvoyant à un nouveau mode de gouvernance dont le fondement est la liberté au sens large pour une société participative et citoyenne. L’action économique de la nouvelle organisation doit définir clairement les objectifs stratégiques et les actions opérationnelles datées auxquelles doit s’atteler le gouvernement afin d’établir un bilan des réalisations et des insuffisances de chaque département ministériel qui s’articulent autour de cinq axes : premièrement, comment se pose le problème ; deuxièmement quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie); troisièmement , quels sont les contraintes sociales, financières et techniques internes; quatrièmement, quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ; cinquièmement, quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? L’on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets tenant compte de la période entre l’idée du projet et son lancement, avec toutes les tracasseries , et au moment du démarrage les projets faiblement capitalistiques , les PMI/PME dont le seuil de rentabilité est entre 2/3 ans des projets capitalistiques dont le seuil de rentabilité, ne sera rentables qu’ entre 5/7 ans . C’est dans ce cadre qu’il s ‘agit d’encourager les industries de l’avenir d’avenir: la santé, l’alimentation, l’écologie, l’hygiène, l’éducation, la recherche, l’innovation, la sécurité, le commerce, l’information, la culture; et bien d’autres, ces segments étant capables d’augmenter leur productivité, et d’améliorer leur capacité de satisfaire la demande sociale nouvelle, devant éviter ces assainissements à répétition des entreprises publiques revenues à plus de 80% à la case de départ, un véritable gouffre financier.
3. -Mais le plus important est le retour à la confiance, impliquant une visibilité dans la gouvernance, un système de communication officiel transparent, tant en direction des citoyens , des investisseurs nationaux et internationaux et des stratégies d’adaptation au nouveau monde, en perpétuel changement. Au vu des expériences récentes, les impacts du réchauffement climatique, les innovations technologiques, en perpétuelles évolutions, dont la transition numérique( intelligence artificielle) et énergétique( bio- gaz – énergies renouvelables, hydrogène vert, bleu et blanc) , auront une influence sur la gestion des institutions tant civiles que militaires que sur nos comportements, sur la nouvelle structure des taux de croissance et la structure de l’emploi, les générations futures étant appelées à changer plusieurs fois d’activités, nécessitant à la fois, une haute qualification adaptée et une formation permanente. Le concept de crise auquel tous les pays sont confrontés sans expression doit être appréhendé dans sa véritable dimension historique et en dynamique. L’Algérie, doit se hisser au niveau de la crise du monde et ne pas rester une crise de société bloquée faute de perspectives pour l’avenir d’une population et surtout d’une jeunesse angoissée et même très angoissée par les assauts de la nature, par la violence humaine et les déchéances sociales et économiques. La communication rénovée doit trouver des réponses réelles qui répondent en priorité à ces angoisses, le monde entier étant aujourd’hui, traversé par une crise des pouvoirs, d’identité avec des traumatismes sociaux, comme le montre le désintérêt vis-à-vis des partis et des sociétés civiles traditionnelles, lors de différentes élections, conséquence de la marginalisation croissante de larges pans de la société . Dans ce contexte avec le nouveau système de communication où tout est enregistré, un politique doit être réservé, ne jamais s’aventurer à faire des promesses qu’il ne pourra pas tenir, s’il veut conserver sa crédibilité auprès de la population qui a en mémoire ses promesses. A une question comment reconnaissez-vous un bon personnage politique, Churchill avait répondu : « même s’il reste en conversation avec moi, plus d’une heure, je ne saurai pas s’il a dit oui ou non ». Il faut que les responsables politiques, à tous les niveaux, se présentent avec la modestie qu’exigent l’imaginaire et le mental algérien, sans tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contre productif. Car l’opinion publique nationale se ligue normalement autour de la femme ou l’homme rassembleur, capable de lui réaliser un certain accomplissement, pouvant féconder la matrice qui forge la mobilisation populaire, car les Algériens et en dépit des apparences, sont attachés à leur passé et aux défis de leur présent. Il faut redonner l’espoir en l’avenir afin que les Algériens s’impliquent car, les réalisations futures sont à leur portée. Aussi, sous réserve d’une nouvelle gouvernance, par la libération de toutes les énergies créatrices, l’exploitation de la crise économique peut être salutaire, si elle est perçue comme un demi-mal, et si elle permet une dynamique qui impliquerait les citoyens, afin de faire face aux grands défis, les expériences historiques montrant que les populations fondent leur adhésion sur un projet de société fondé sur la tolérance, la diversité sociale et culturelle. Cela renvoie au concept de la citoyenneté qui ne doit pas rester, aux yeux de la population, comme un modèle importable, existant un lien dialectique entre la tradition et la modernité, ne devant jamais renier notre riche patrimoine historique et culturel (voir expérience des pays de l’Asie comme le Japon, la Malaisie ; ou la Chine) mais adapter nos politiques économiques, sociales, culturelles, sécuritaires et militaires au mouvement du nouveau monde. La rationalité comme l’ont montré deux grands philosophes allemands : Hegel et Kant étant relative et historiquement datée et pour reprendre les propos du prix Nobel, l’économiste indien, A.K Sen, toute action démocratique doit tenir compte des anthropologies culturelles spécifiques à chaque société.
En résumé, le grand défi pour l’Algérie , devant éviter de vivre sur l’illusion de la rente éternelle des hydrocarbures, existant un lien entre sécurité et développement est la relance économique fondée sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. Une bonne éducation , un système de santé performant , le logement et résoudre le dilemme inflation- chômage implique un taux de croissance minimum entre 7/8% par an afin d’absorber le flux additionnel de demande d’emplois annuel qui s’ajoute au taux de chômage actuel devant pas confondre régulation avec autorisations administratives qui paralysent les initiatives créatrices tant des opérateurs publics que privés , l’Etat régulateur tout en ne se substituant pas au marché, édicte les règles de jeux et les fait respecter par l’ensemble des acteurs économiques et sociaux grâce au dialogue social. L’objectif est :d’améliorer la gestion par une plus grande rigueur budgétaire , ‘l’Etat devant donne l’exemple, par une lutte contre la bureaucratisation et la corruption facteur de démobilisation en impliquant les citoyens à travers une réelle décentralisation que les bureaucrates confondes avec déconcentration en créant de nouvelles entités administratives. Nous avons une population merveilleuse, y compris la diaspora, qui a fait preuve de patriotisme , aux moments où la Nation est en danger, tant par le passé que par le présent. Evitons toute sinistrose, mais toute autosatisfaction loin de la réalité que vive quotidiennement les Algériens , les étrangers notamment les grandes puissances et les institutions internationales connaissant parfaitement la situation socio-économique du pays et engageons tous ensemble, en tolérant nos différences, chacun aile l’Algérie à sa manière, un seul but les intérêts stratégiques du pays, un renouveau de la gouvernance tant centrale que locale, l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, ayant toutes les potentialités pour devenir un pays pivot.
Professeur des universités -Expert international-Dr d’Etat 1974- Abderrahmane MEBTOUL






